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2 - Le Paléolithique

Une Transformation Progressive de l'Homme et de son Environnement

Pendant le Paléolithique, l'humanité passe par des étapes majeures d'évolution. Biologiquement, les premières espèces comme l'Australopithèque et Homo habilis cèdent progressivement leur place à des espèces plus avancées telles qu'Homo erectus, puis Homo sapiens et enfin Homo sapiens sapiens. Chaque stade de cette évolution se caractérise par des changements dans la stature, la capacité crânienne et les compétences manuelles.

Sur le plan technologique, la fabrication d'outils connaît une progression importante. Les premiers outils rudimentaires comme les "choppers" (galets aménagés pour trancher) font place à des objets de plus en plus spécialisés et sophistiqués, culminant avec les microlithes vers la fin du Paléolithique. Cette maîtrise de l’outillage témoigne d'une intelligence croissante et de la transmission des savoir-faire au sein de groupes humains.

Sur le plan social, l'homme du Paléolithique apprend à vivre en groupe et à coopérer pour la survie. L’apparition des premières sépultures au Paléolithique moyen montre également l’émergence de préoccupations spirituelles, suggérant une conception du monde et une prise en compte symbolique des défunts.

Les Trois Grandes Phases du Paléolithique

La division du Paléolithique en trois périodes distinctes—le Paléolithique inférieur, moyen et supérieur—permet de structurer cette évolution de manière chronologique.

  • Le Paléolithique inférieur (jusqu’à environ 300 000 ans avant notre ère) correspond essentiellement aux activités d’Homo erectus. Cette période se caractérise par l’outillage en bifaces, notamment associés à la culture acheuléenne, et par le développement de la technique de débitage Levallois, permettant d’obtenir des éclats prédéterminés.

Campement néandertalien (100 000 ans avant J.C.). 
Les chasseurs durcissent les pointes de leurs épieux à la flamme. 
Paléolithique moyen - Maquette de Michel Proux et Henri Bidault 

  • Le Paléolithique moyen (de 300 000 à environ 35 000 ans) est dominé par les cultures moustériennes, associées principalement à l’Homme de Néandertal. La généralisation des éclats et l’apparition de l’outillage spécialisé marquent cette période, où la distinction entre bifaces et éclats devient moins marquée. Les cultures moustériennes, répandues en Europe et au Proche-Orient, montrent la progression technologique des Néandertaliens, ainsi que leurs contacts avec les premiers Homo sapiens dans certaines régions.

Abri sous roche avec tente en peau moustérienne 
(paléo. moyen -30000 avant J.C.) 1/35e Musée Saint-Rémi Reims 
Habitat sous rouche moustérien Paléolithique moyen. 
On a retrouvé des traces de l’implantation d’une tente sous le porche de certaines grottes. 
La maquette s’inspire de la grotte du Lazaret, près de Nice, d’une période plus ancienne. 

  • Le Paléolithique supérieur (de 35 000 à 10 000 ans avant notre ère) marque l’arrivée de l’Homme moderne (Homo sapiens) en Europe, avec une nette accélération dans la diversification des techniques, l’apparition de l’art figuratif, et des cultures de plus en plus spécialisées. L'Aurignacien, le Gravettien, le Solutréen, et le Magdalénien se succèdent au cours de cette période, témoignant d'une adaptation à des environnements variés et d'une richesse culturelle sans précédent.

Les Différentes Industries Lithiques

Chaque période paléolithique se distingue par des industries lithiques spécifiques qui marquent la manière dont les groupes humains appréhendaient leur environnement et exploitaient les ressources disponibles.

  • Le biface domine le Paléolithique inférieur, symbole de l’industrie acheuléenne.
  • L’industrie à éclats, plus légère et plus diversifiée, se généralise au Paléolithique moyen.
  • L’industrie à lames caractérise le Paléolithique supérieur, et permet une optimisation des ressources en pierre et une spécialisation des outils.

Cette progression illustre une continuité plutôt qu'une rupture, l’homme cherchant constamment à améliorer le rapport entre la masse et la longueur du tranchant pour ses outils. Cela lui permet non seulement de réduire la quantité de silex nécessaire mais aussi de s'étendre sur des territoires plus vastes, éloignés des sources de matière première.




Valeur en centimètres de tranchant pour 1 Kg de silexDébitageFaciès industriel
Paléolithique ancien30Débitage primitifClactonien, industries à choppers et bifaces élémentaires
Paléolithique moyen50Débitage systématique des bifacesAcheuléen
Paléolithique moyen200Débitage systématique des éclatsMoustérien, débitage Levallois
Paléolithique supérieur700 et plusDébitage systématique des lamesIndustries à caractères régionaux.

La France, Berceau de la Préhistoire Européenne

La France occupe une place prépondérante dans l'étude du Paléolithique européen grâce aux travaux de nombreux préhistoriens français, comme Édouard Lartet, Gabriel de Mortillet et Henri Breuil. Plusieurs cultures paléolithiques européennes portent ainsi le nom de sites français (Aurignacien, Solutréen, Magdalénien), reflétant l'importance de la recherche en France dans le domaine.

Aperçu des Cultures du Paléolithique Supérieur

Chaque culture du Paléolithique supérieur présente des caractéristiques propres :

  • Le Châtelperronien (-38 000 ans), à mi-chemin entre le Moustérien et l’Aurignacien, se concentre dans le sud de la France et le nord de l’Espagne.
  • L'Aurignacien (-38 000 à -29 000) est célèbre pour ses lames et ses pointes de sagaies en os, ainsi que pour l’émergence de l’art rupestre, avec des grottes décorées de fresques animalières.
  • Le Gravettien (-29 000 à -22 000) couvre l'Europe de l'Atlantique à l'Oural et introduit des outils plus légers et complexes.
  • Le Solutréen (-22 000 à -17 000) est restreint à la France et l’Espagne, marquant un pic technique dans la taille de la pierre, avec des bifaces extrêmement fins.
  • Le Magdalénien (-17 000 à -10 000) représente la dernière grande culture paléolithique, marquée par la fabrication d’outils avancés et une expansion géographique couvrant une grande partie de l’Europe.

Conclusion et Références

Le Paléolithique, période de conquête terrestre, témoigne de la résilience humaine face à des changements climatiques extrêmes, et des progrès constants dans la maîtrise des ressources naturelles. Les évolutions techniques et culturelles qui se succèdent montrent la capacité de l'homme à transformer ses modes de vie et à s'adapter à de nouveaux défis.

Pour approfondir le sujet, voici quelques références essentielles :

  1. Leroi-Gourhan, A. Préhistoire de l'Art Occidental. Albin Michel, 1965.
  2. Clottes, J. Les chamanes de la préhistoire. La maison des roches, 1996.
  3. Semino, O., et Underhill, P. Études génétiques et migrations préhistoriques, American Journal of Human Genetics, 2000.
  4. Tixier, J. Typologie de l'outillage lithique du Paléolithique supérieur. CNRS Éditions, 1980.
  5. White, R. Prehistoric Art: The Symbolic Journey of Humankind. Harry N. Abrams, 2003.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

décembre 2008

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