Vers 11 000 av. J.-C., le faciès culturel Valorguien, autrefois appelé Romanellien provençal, émerge dans le sud-est de la France. Cette culture, définie par l’archéologue Max Escalon de Fonton à partir des découvertes réalisées dans l'abri de Valorgues (Gard), est l’homologue de l'Azilien (reconnaissable par ses lamelles à dos courbe) mais s’en distingue par l’absence de harpon, ce qui en fait un faciès spécifique au Paléolithique supérieur tardif.
Le Valorguien couvre le littoral du Languedoc oriental et de la Provence occidentale, pendant la phase climatique de Bölling-Alleröd (environ 13 000 - 11 500 ans avant le présent), qui est une période de réchauffement. Les outils valorguiens, de petites dimensions, sont majoritairement réalisés sur des lames et des lamelles avec des bordures abattues. Cette culture aurait probablement influencé l'Azilien provençal et marque une transition vers le Mésolithique, avant de céder sa place au faciès Montadien vers 8 500 av. J.-C.
Découvert dans la grotte Romanelli, sur la côte adriatique en Italie, le Romanellien est un faciès de l'Épigravettien et présente des similitudes avec un Azilien archaïque. Contemporain du Magdalénien final, le Romanellien se répand dans les zones méditerranéennes, influençant non seulement l'Italie mais également le sud-ouest de la Roumanie, où il est associé au faciès Romanello-Azilien, retrouvé dans des sites comme Cuina Turcului. Ces groupes, bien que similaires aux cultures continentales, possédaient des spécificités adaptées au climat et au mode de vie méditerranéen, incluant l’utilisation de techniques de taille d'outils typiques de l’Azilien classique.
La culture Créswellienne, ou Magdalénien tardif britannique, prend son nom des sites de Creswell Crags dans le Derbyshire, en Angleterre. Les Créswelliens, qui réoccupent les îles britanniques vers 12 000 av. J.-C. après une période glaciaire, forment une société de chasseurs et de cueilleurs adaptée aux conditions postglaciaires. Les sites créswelliens montrent une évolution technique héritée du Magdalénien, avec des outils en pierre caractéristiques comme les grattoirs et les lames, souvent associés à des pratiques de chasse collective. Le Créswellien marque l'une des dernières phases du Paléolithique supérieur britannique avant l’avènement du Mésolithique.
Dorothy Garrod est à l'origine de la définition du Creswellien. @ Newnham College, Cambridge
La culture de Bromme, datant de la période Alleröd, est principalement représentée au Danemark et dans le nord de l'Allemagne. Les groupes Bromme chassent le renne, l’élan, et le carcajou dans un environnement de taïga et de toundra. Ils fabriquent des outils robustes en silex (poinçons, grattoirs et pointes de flèches en soie), optimisés pour la chasse de gros gibier. Leur technique de chasse à l’arc permet d’approcher les proies à une distance rapprochée pour un tir optimal. La culture de Bromme est souvent associée à la culture d'Ahrensburg, et les similitudes sont telles que la désignation "culture de Lyngby" est parfois employée pour regrouper ces cultures nordiques apparentées.
Pointes de flèches Tanged de la culture de Bromme trouvées sur Ommels Hoved près de Marstal sur l'île de Ærø. Photo Jørgen Holm.
Le Swidérien est un complexe culturel paléolithique et mésolithique centré en Pologne, près de la rivière Swider. Sa présence est liée aux dunes formées par les glaciers régressifs. Il se développe en trois phases principales :
La culture d'Ahrensburg est une culture de chasseurs de renne du Paléolithique supérieur tardif, centrée dans le nord de l'Europe pendant le Dryas récent. Les sites de Stellmoor et Meiendorf montrent que les chasseurs d'Ahrensburg, descendants des groupes Hamburgiens, utilisaient des arcs et des flèches en bois de pin avec des pointes en silex spécifiques, idéales pour la chasse de grands troupeaux de rennes. Les campements incluent des cercles de pierre, probablement pour maintenir des tentes en peau, rappelant les tipis amérindiens. La culture d’Ahrensburg est la dernière du Paléolithique tardif en Europe avant l'ère mésolithique et la rétraction des glaciers.
Perles de dents de chasseur de rennes de la grotte Great Orme - Grotte de Kendricks au Pays de Galles. Ils sont décorés de lignes parallèles - Les perles de dents ont une longue tradition dans l'histoire européenne. Cro Magnon les a utilisées, la culture Maglemose, la culture Kongemose et la culture Ertebolle les ont utilisées - La dent est un matériau très dur, on se demande comment ils pourraient percer de si petits trous sans étau et percer.
Ces cultures tardiglaciaires et postglaciaires montrent une diversification des technologies de chasse et des adaptations environnementales propres à chaque région. Le réchauffement global du Bölling-Alleröd et les épisodes de refroidissement du Dryas récent imposent aux communautés humaines une grande flexibilité. La dispersion de ces cultures de chasseurs, depuis le nord de l'Europe jusqu'aux côtes méditerranéennes, illustre des échanges culturels et techniques qui influencent les techniques de taille et les modes de subsistance.
Les cultures protohistoriques de la fin du Paléolithique et du début du Mésolithique en Europe illustrent des sociétés adaptatives face aux changements climatiques de la dernière période glaciaire. Leur répartition, leurs techniques de survie, et les variations dans les styles d'outils témoignent de la diversité culturelle de l'époque. Les études sur le Valorguien, le Romanellien, et les cultures de Bromme, Swidérien, et Ahrensburg révèlent une riche interaction culturelle, et un mode de vie axé sur une exploitation optimale des ressources naturelles dans des environnements de plus en plus changeants.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Juin 2014