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8 - LE MÉSOLITHIQUE D’EUROPE CENTRALE ET MÉRIDIONALE

Le Mésolithique en Europe centrale et méridionale, se déroulant durant l’Holocène, correspond à une période marquée par d’importants changements climatiques et environnementaux après la fin du Pléistocène. L'Holocène a débuté il y a environ 11 000 ans, avec un climat de plus en plus tempéré favorisant le développement des forêts et la diversification des ressources végétales et animales. Cette période est également appelée "post-Pléistocène" car elle suit l'ère glaciaire qui avait profondément influencé les écosystèmes et modes de vie antérieurs. Dans cette nouvelle époque, les archéologues s’intéressent principalement aux dynamiques des populations de chasseurs-cueilleurs mésolithiques qui ont su adapter leurs modes de subsistance aux transformations de leur environnement.

Les Industries Lithiques et la Stratification Chronologique

L’Holocène précoce se divise en plusieurs phases définies par des industries lithiques spécifiques, qui sont représentatives de l'évolution technologique des chasseurs-cueilleurs en Europe centrale et méridionale. Le passage des industries épipaléolithiques, encore marquées par des caractéristiques glaciaires, vers des industries typiquement mésolithiques, telles que le Sauveterrien et le Castelnovien, illustre cette transition. En voici un aperçu chronologique :

  • Industries épipaléolithiques : vers 13 500 à 11 000 ans avant notre ère, ces industries marquent la fin des outils glaciaires et une lente transition vers des formes plus adaptées aux nouveaux environnements tempérés.
  • Début du Sauveterrien (11 000 à 10 300 ans avant notre ère) : la période inaugurale de cette industrie mésolithique, avec des microlithes aux formes géométriques.
  • Sauveterrien moyen et récent (10 300 à 8 500 ans avant notre ère) : cette phase voit la diversification des outils en pierre en réponse aux variations climatiques, notamment dans la géométrie des microlithes, qui incluent des triangles et des formes plus variées.
  • Castelnovien (8 500 à 7 300 ans avant notre ère) : cette industrie est marquée par l’apparition de microlithes trapézoïdaux, conçus sur des lames plus grandes et adaptées à des outils et des armes plus polyvalents.

L'industrie sauveterrienne est ainsi caractérisée par des microlithes en formes géométriques réalisées sur de petites lames, tandis que l'industrie castelnovienne, présente dans des régions plus méridionales, utilise des lames un peu plus grandes avec des microlithes en forme de trapèze. Ces distinctions, bien qu’essentielles, se déclinent aussi selon des variations régionales, avec parfois des termes différents (comme « Tardenoisien » pour certaines déclinaisons du Castelnovien), mais globalement, les industries sauveterriennes et castelnoviennes constituent les bases de l'outillage mésolithique de cette région.

Transformations Climatiques et Adaptations de Subsistance

La période de l’Holocène est marquée par des phases climatiques distinctes qui influencent les stratégies de subsistance. Le Préboréal et le Boréal, correspondant aux débuts de l'Holocène, sont des périodes plus fraîches et plus sèches, tandis que l’Atlantique est une phase plus chaude et plus humide, propice à l'expansion des forêts denses à feuilles caduques. Ce changement climatique a eu des répercussions significatives sur les écosystèmes : la couverture forestière s’étend, la végétation se diversifie, et les ressources fauniques changent, influençant ainsi les modes de chasse et de cueillette.Ces évolutions climatiques ont entraîné une modification des pratiques des chasseurs-cueilleurs, qui ont diversifié leurs stratégies de subsistance en fonction de la disponibilité des ressources. L'augmentation du couvert forestier et l'humidité accrue des sols offrent une variété d'habitats nouveaux pour le gibier, notamment les cervidés comme le cerf et le chevreuil, ainsi que des petits mammifères et des oiseaux des milieux forestiers. En parallèle, les niveaux des mers et des lacs ont fluctué, entraînant la disparition de certaines côtes et la création de nouveaux estuaires et zones humides, augmentant les ressources disponibles en poissons et mollusques dans les environnements aquatiques.

Des Adaptations Régionales et des Stratégies Diversifiées

L’impact des changements climatiques sur les populations mésolithiques d’Europe centrale et méridionale varie d’une région à l’autre, rendant difficile la définition d'un modèle d'adaptation uniforme. L'adaptation aux changements écologiques était souvent progressive et se manifestait sous forme de changements dans la proportion des ressources et des habitats, plutôt que de transformations radicales. Comme le souligne Michael Jochim, cette perception graduelle des changements permet de mieux comprendre l'évolution des stratégies de subsistance : les populations mésolithiques percevaient ces transformations comme des ajustements continus de l'environnement et des ressources.Cette diversité régionale incite à aborder le Mésolithique de manière comparative, en examinant les spécificités des régions géographiques et les facteurs environnementaux propres à chaque territoire. Une approche régionale permet de saisir les différences dans les pratiques de subsistance, les outils utilisés, et même dans les aspects culturels de chaque groupe mésolithique. Par exemple, les populations vivant près des côtes ou des rivières exploitent intensivement les ressources aquatiques, tandis que les groupes installés dans les terres boisées de l’intérieur se concentrent sur la chasse et la cueillette en forêt.

Transition vers des Stratégies de Gestion des Ressources

En plus de leur adaptation aux nouvelles ressources, certaines populations mésolithiques semblent avoir expérimenté des stratégies visant à gérer leur environnement de manière plus proactive. Cette gestion se traduit, par exemple, par des brûlis contrôlés visant à favoriser la croissance de certaines espèces végétales ou attirer des herbivores, pratiques qui préfigurent des formes d'agriculture primitive. Cette manipulation de l’environnement, bien qu’encore limitée et occasionnelle, marque une avancée vers une forme de contrôle des ressources naturelles, permettant aux populations de mieux répondre aux besoins croissants de subsistance et de minimiser les aléas des saisons.En conclusion, le Mésolithique en Europe centrale et méridionale est une période d’adaptations progressives et complexes, marquées par des changements dans les industries lithiques, les stratégies de subsistance et les relations avec l’environnement. Ces populations ont su exploiter les nouvelles ressources offertes par l’Holocène tout en développant des techniques et des stratégies spécifiques à chaque région. L’Holocène, par ses caractéristiques climatiques et environnementales, a donc créé un contexte propice à des évolutions lentes mais durables, posant les bases des changements culturels et économiques qui conduiront progressivement à l’adoption de l’agriculture dans ces régions.


RÉGIONS ALPINES ET PRÉALPINES 

Le Mésolithique des régions alpines et préalpines en Europe centrale et méridionale, notamment dans le nord-est de l'Italie, témoigne d'adaptations humaines remarquables aux variations environnementales et aux changements climatiques de l'Holocène. En particulier, dans la vallée de l'Adige, les périodes préboréale/boréale et atlantique se distinguent par des industries lithiques différentes, avec le Sauveterrien associé aux premières phases froides et sèches et le Castelnovien aux phases plus chaudes et humides. Cette distinction se reflète dans les variations de la répartition des sites de peuplement en fonction de l'altitude et des modifications du paysage forestier et faunique.


Adaptations aux Changements Écologiques dans les Alpes

Pendant la période préboréale/boréale (10 300 à 7 500 ans avant notre ère), les sites mésolithiques se répartissent entre les fonds de vallée et des zones montagneuses atteignant des altitudes de 1 900 à 2 300 mètres. Cependant, durant la période atlantique plus chaude (7 500 à 6 000 ans avant notre ère), les sites de haute altitude deviennent moins courants, tandis que les établissements se concentrent davantage dans les vallées et les plaines préalpines, où les forêts tempérées dominent désormais. Cette évolution est associée à l'expansion des forêts de chênes et de noisetiers, favorisant les populations de cervidés comme le cerf rouge, le chevreuil et le sanglier, tandis que les bouquetins et les chamois, habitués aux habitats plus froids, se retirent vers les altitudes plus élevées.

Stratégies de Chasse et Pratiques de Boucherie

Les pratiques de chasse des groupes mésolithiques se sont également adaptées aux nouveaux contextes environnementaux. Les données fauniques de sites tels que Pradestel, Romagnano III et l’abri sous roche de Soman indiquent que la chasse des caprins (bouquetins et chamois) persistait dans ces régions malgré les distances de plus en plus grandes à parcourir pour atteindre les zones de chasse en altitude. Face aux défis logistiques, les chasseurs mésolithiques ont commencé à pratiquer la boucherie directement sur les lieux de capture, dépeçant et dépeauchant les animaux pour réduire le poids du transport vers les campements de base.

Sites Mésolithiques Significatifs dans les Alpes

Les sites stratifiés de la vallée de l’Adige, tels que Vatte di Zambana et Riparo Gabon, révèlent des assemblages d'outils lithiques qui illustrent les évolutions technologiques du Mésolithique dans cette région. Parmi les sites de haute altitude, Vaiale, à 830 mètres, et Rondeneto, à 1 780 mètres, sont typiquement sauveterriens et présentent des outils comme des triangles scalènes, des microburins et des noyaux, caractéristiques des techniques de taille mésolithiques.D’autres sites, comme Lago delle Buse à 2 000 mètres et Laghetti del Crestoso dans les Alpes bresciennes, datés de la fin du Boreal et du moyen Atlantique, montrent une occupation de haute altitude associée à des activités de chasse saisonnières, probablement pour le bouquetin. Ces sites fournissent des informations essentielles sur l’exploitation des ressources et l’utilisation des terres au Mésolithique. Par ailleurs, certaines preuves de feux récurrents, observées à Lago delle Buse et dans la haute plaine de la Sette Comuni, soulèvent la question de l’usage du feu pour gérer le couvert végétal, possiblement pour promouvoir la croissance d’espèces porteuses de fruits et de noix.

Les Échanges et Réseaux de Contact au Castelnovien

Les sites comme Laghetti del Crestoso, qui contiennent des matériaux lithiques non locaux, indiquent que des réseaux d’échanges pouvaient exister au Mésolithique, en particulier durant la période castelnovienne. Bien que les preuves de tels échanges restent limitées, la présence de matériaux exogènes suggère des interactions à longue distance, au moins occasionnelles, entre différents groupes mésolithiques. Le site de Monteval de Sora dans les Dolomites est un cas notable, où une sépulture mésolithique rare, datée du Sauveterrien, a été découverte sous un surplomb rocheux à 2 100 mètres. La sépulture contenait des outils et artefacts en os et en bois, notamment des dents de cerf percées, témoignant des pratiques funéraires et de l’importance de certains objets dans le cadre rituel.

Adaptations dans les Apennins du Nord et les Plaines

Dans les Apennins, en particulier en Ligurie orientale et dans les Apennins tusco-émiliens, les découvertes mésolithiques de surface sont abondantes. Les sites comme Gazzaro, Passo della Comunella et Lama Lite en Emilie-Romagne montrent une occupation de haute altitude. En Toscane, Piazzana est un site mésolithique légèrement plus ancien situé à 820 mètres. Ces établissements suggèrent une exploitation intensive des ressources des montagnes, avec des campements établis pour des activités saisonnières de chasse et de cueillette.Dans les plaines du Pô et du Frioul, bien que les fouilles aient été moins intensives que dans les Alpes, plusieurs sites mésolithiques comme Bierzo et San Giorgio di Nogaro ont été identifiés. Dans ces plaines, la répartition des sites semble rester relativement stable entre le Sauveterrien et le Castelnovien, avec une préférence pour les zones proches de ressources en eau, comme les bassins glaciaires et les rivières, où les chasseurs-cueilleurs pouvaient exploiter poissons, tortues aquatiques et oiseaux d’eau.



les régions centre et sud de l'Italie, et les Balkans


La période mésolithique dans le Karst de Trieste, les régions centre et sud de l'Italie, et les Balkans révèle une transition complexe influencée par des changements environnementaux majeurs, des interactions culturelles et des adaptations de subsistance des chasseurs-cueilleurs. L'étude de cette région met en lumière la manière dont les sociétés mésolithiques se sont adaptées aux défis écologiques de l'Holocène, marqués par le réchauffement climatique, la montée du niveau de la mer et l’évolution des écosystèmes forestiers.

Le Karst de Trieste et l'Exploitation des Ressources

Le Karst de Trieste, bordé par le fleuve Isonzo, la mer Adriatique et des formations géologiques comme le synclinal du Vipacco, était autrefois couvert de forêts mixtes de chênes et de frênes. Cependant, le déboisement a progressivement transformé ce paysage dès le XIVe siècle. Les fouilles dans le Karst, en Slovénie et en Istrie, ont révélé des occupations mésolithiques notables dans des grottes et des abris, telles que Grotta dell’Edera près de Trieste, où des foyers, des cheminées superposées et des outils lithiques témoignent de l'occupation intermittente des lieux par des groupes de chasseurs-cueilleurs.Les découvertes archéologiques, comme les restes fauniques à Breg et Pod Črmukljo, suggèrent que les chasseurs mésolithiques exploitaient des ressources terrestres (cerfs, sangliers) et marines (poissons, loutres de mer), ainsi qu’une vaste gamme de matériaux pour l'outillage, comme le montrent les harpons en os et les microlithes trouvés sur ces sites. Les objets personnels, comme les coquillages percés et les canines de cerf, indiquent des pratiques symboliques ou décoratives et peuvent suggérer des liens culturels ou d'échange avec des populations voisines.

Changements Côtiers et Subsistance dans le Nord de l'Adriatique

La montée du niveau de la mer à la fin de l'ère glaciaire a submergé la plaine côtière nord-adriatique, réduisant progressivement la surface habitable et les ressources terrestres disponibles. Cette élévation, qui a englouti environ 20 à 25 kilomètres de plaines côtières, a redessiné les zones d'habitat des chasseurs-cueilleurs, les poussant à s’adapter aux nouvelles conditions côtières et estuariennes. Les sites comme Grotta dell’Edera, les grottes d’Azzura et de Tartaruga révèlent un passage progressif d’une faune terrestre à une faune dominée par les ressources marines, illustrant l’adaptation aux changements environnementaux.

Centre et Sud de l'Italie : Le Romanellien et l'Industrie Mésolithique

Dans le centre et le sud de l'Italie, les chasseurs-cueilleurs ont longtemps utilisé des outils de type épipaléolithique, mais des séquences mésolithiques similaires au modèle sauveterrien-castelnovien du nord sont désormais identifiées. Par exemple, l'industrie romanellienne de la Grotta Romanelli (Pouilles) présente des assemblages de petits grattoirs, de burins et de microlithes géométriques. Des sites comme Grotta della Serratura en Campanie et Grotta delle Mura dans les Pouilles démontrent une évolution dans les stratégies de chasse : au fil du temps, les cerfs rouges et les sangliers remplacent progressivement les bouquetins et chamois, bien que des spécificités régionales, telles que la chasse au cheval dans le Salento, illustrent une variabilité selon les écosystèmes locaux.

Côte Adriatique Orientale : Continuité Épipaléolithique et Premières Interactions avec le Néolithique

Les sites mésolithiques en Dalmatie, au Monténégro et en Albanie montrent une certaine continuité avec l'industrie épigravettienne du Paléolithique supérieur, comme en témoignent les assemblages de Crvena Stijena et Odmut au Monténégro. La découverte de poteries néolithiques et d’outils castelnoviens dans l'ouest du Monténégro suggère que les derniers chasseurs-cueilleurs ont rencontré et peut-être échangé avec des groupes néolithiques producteurs de nourriture. En Albanie, des fouilles dans la grotte de Konispol montrent des caractéristiques comparables à celles de Franchthi en Grèce, soulignant l’existence possible d’un réseau culturel dans le sud de la Méditerranée.

Les Balkans : Diversité des Traditions Lithiques et Modèles d’Occupation

Les Balkans présentent une diversité d’industries lithiques, parmi lesquelles le Castelnovien, qui s’étend à l’est des Alpes et montre des similitudes avec les traditions du sud de l’Europe. Des sites tels que ceux des Portes de Fer sur le Danube (Lepenski Vir, Padina, Vlasac) offrent un cadre unique pour l’étude des chasseurs-cueilleurs mésolithiques dans un environnement fluvial riche. Ces sites fournissent des informations précieuses sur les modes de subsistance basés sur la pêche et la chasse au gros gibier, avec des pratiques funéraires complexes. La Grèce, bien que faiblement peuplée durant le Mésolithique, compte des sites comme Theopetra qui montrent des occupations intermittentes et soulignent l’impact des variations du niveau de la mer, qui ont sans doute submergé de nombreux sites postglaciaires.



EUROPE CENTRALE DU SUD 


La région occidentale de l'Europe centrale du Sud, comprenant le sud de l'Allemagne, des parties adjacentes de l'Autriche et la Suisse, offre un riche enregistrement archéologique du Mésolithique. Bien que les données mésolithiques de l'Autriche restent rares, cette région présente une séparation marquée entre le Mésolithique précoce (Beuronien) et le Mésolithique tardif, la transition se situant autour de 6600 avant notre ère. Le Mésolithique précoce, s'étendant de 10 300 à 7 800 avant notre ère, est caractérisé par des industries lithiques proches des traditions sauveterriennes, incluant des microlithes géométriques (triangles, bladelets adossés et micropoints). Les sites couvrent divers types d'implantations : grottes, abris sous roche, campements en plein air et dispersions lithiques de surface.

Mésolithique Tardif et Évolution Technologique

Dans cette région, les assemblages du Mésolithique tardif comportent des microlithes trapézoïdaux similaires aux types méditerranéens castelnoviens, probablement utilisés comme pointes de flèches transversales. L’usage de lames bien façonnées et le travail extensif du bois caractérisent cette période. Un exemple notable est le site de Henauhof Northwest 2, situé le long de l’ancienne rive du lac Federsee. Ce site comprend un foyer autour duquel sont dispersés des fragments d'os et de bois. Les artefacts incluent des microlithes trapézoïdaux, des foreurs, des burins, des grattoirs, des cœurs et des lames régulières, datant de 7 260 ± 180 b.p. et 6 940 ± 60 b.p. Ces éléments indiquent un campement de courte durée, intégré dans un système de peuplement saisonnier. Les restes fauniques témoignent d’une chasse diversifiée, en lien avec les ressources locales.Comparé au Mésolithique précoce, le nombre de sites mésolithiques tardifs est moindre, ce qui pourrait refléter un déclin de population, des destructions naturelles de sites ou un changement dans les modèles d'occupation, les groupes utilisant alors des espaces moins visibles. Il a été suggéré que les groupes mésolithiques tardifs entretenaient des réseaux d'échange étendus les reliant à d’autres régions européennes, illustrant des interactions potentielles avec des groupes du sud-ouest et du sud-est de l'Europe.

Le Mésolithique Terminal et l’Interaction avec les Premiers Agriculteurs

Le Mésolithique tardif, parfois appelé Mésolithique terminal, présente des indices d’interaction avec les premiers agriculteurs. Cette phase de transition, il y a environ 6 000 ans, pourrait témoigner de contacts entre les derniers chasseurs-cueilleurs et les premiers producteurs alimentaires, annonçant l’arrivée du Néolithique dans la région.

Zone Est : Hongrie et Slovaquie

La période mésolithique de la région orientale, couvrant la Hongrie actuelle et l’ouest de la Slovaquie, est moins documentée. Le site slovaque de Sered a livré un assemblage sauveterrien, tandis qu’un complexe castelnovien semble avoir été découvert en Moravie. Dans le bassin de Zagyva, dans le nord-ouest de la Grande Plaine hongroise, des fouilles stratigraphiques et des relevés de surface ont permis de découvrir plusieurs sites mésolithiques situés aux abords d’anciens lits de rivières. Ces rivières, entourées de forêts galeries durant la phase boréale, constituaient des emplacements attrayants pour les campements temporaires, comparables aux sites près des anciens lacs.Les forêts galeries, riches en ressources, ont vraisemblablement attiré les groupes mésolithiques pour leurs campements saisonniers. Ces sites montrent que les rivières et zones humides étaient des éléments structurants pour les stratégies de subsistance et les choix de localisation des campements.


Les régions occidentale et orientale de l’Europe centrale du Sud montrent des différences dans l’occupation et l’utilisation des ressources durant le Mésolithique, influencées par les variations climatiques et écologiques. La zone ouest, avec ses assemblages beuroniens et castelnoviens bien définis, montre une adaptation progressive des chasseurs-cueilleurs aux ressources locales et une interaction potentielle avec les premiers agriculteurs. Dans la zone est, les rivières et les forêts galeries de la Grande Plaine hongroise jouent un rôle central dans les stratégies de peuplement et la subsistance. Ensemble, ces régions illustrent la diversité des adaptations et des innovations technologiques des populations mésolithiques en réponse aux dynamiques environnementales et sociales de l’Holocène.


Références

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Auteur : Stéphane Jeanneteau

Avril 2011