La Protohistoire, période intermédiaire entre la Préhistoire et l'Histoire, désigne l'époque où des peuples sans écriture sont néanmoins mentionnés dans les écrits d'autres civilisations. En Europe, par exemple, les Celtes et les Germains sont considérés comme protohistoriques dès lors que les auteurs grecs et romains commencent à en parler, avant même que ces peuples n’adoptent l'écriture. La Protohistoire se distingue ainsi de la Préhistoire par l'existence de documents écrits, bien que ceux-ci proviennent de sources extérieures.
Cette période est associée aux âges des métaux, qui marquent des évolutions techniques et sociales majeures dans les sociétés humaines, ainsi que des changements progressifs dans leurs organisations et leurs modes de vie. Les trois grands âges des métaux sont l'âge du cuivre, l'âge du bronze et l'âge du fer.
L'âge du cuivre, aussi appelé Chalcolithique, est une période de transition entre le Néolithique final et l'âge du bronze. Son début varie selon les régions, mais il s'étend approximativement de -3500 à -2500 en Europe occidentale. C'est une phase où les techniques de métallurgie commencent à émerger sans encore dominer les productions lithiques (en pierre). Les premiers métaux exploités sont des minerais facilement accessibles, comme l'or, l'argent, et surtout le cuivre, qui permet la fabrication d’objets modestes sans supplanter totalement les outils en pierre et en os.
En Europe occidentale, l'âge du cuivre couvre une période allant de -2500 à -1800 environ, et se caractérise par une diffusion restreinte de la métallurgie, probablement en provenance de la mer Égée via une voie commerciale danubienne. Dans cette région, la production de cuivre reste limitée par rapport à celle de l'or, qui demeure le métal le plus utilisé le long de la façade atlantique, jusqu'à l'essor du bronze.
Le cuivre étant relativement mou, les objets en métal fabriqués durant le Chalcolithique, comme des poignards et des alènes, ne révolutionnent pas les pratiques culturelles. De plus, l’exploitation du cuivre nécessite des températures de fusion élevées (environ 1000°C), ce qui rend sa production exigeante. Ainsi, cet âge du cuivre coexiste avec les industries lithiques, dont les objets sont souvent plus fins et plus élaborés grâce à des techniques comme la "retouche par pression".
Plusieurs éléments culturels et artisanaux marquent cette époque :
Bien que l'âge du cuivre ne soit pas une période clairement définie, certains repères chronologiques aident à situer son développement selon les régions :
L'âge du bronze, qui succède au Chalcolithique, marque une avancée technologique avec l'alliage de cuivre et d'étain pour produire du bronze, un métal plus dur et résistant. L'invention de cet "âge du bronze" est attribuée au chercheur danois C.J. Thomsen, qui classa les antiquités en trois âges successifs : pierre, bronze, et fer. Le bronze permet de fabriquer des outils et des armes plus efficaces, stimulant des échanges commerciaux entre les communautés pour se procurer les matériaux nécessaires (cuivre et étain).
En Europe, l’âge du bronze s’étend de -2500 à -1000 environ, mais ses limites varient selon les régions. Dans le sud de la France, il commence vers -2000, tandis qu'il apparaît plus tôt en Méditerranée orientale. Le bronze favorise l’émergence de nouvelles pratiques sociales et techniques : les objets produits sont plus diversifiés et les armes permettent l’établissement de hiérarchies et de classes sociales plus marquées. Vers -1200, on observe une montée en puissance de l'aristocratie guerrière, marquée par l’apparition de sépultures somptueuses.
L’artisanat du bronze se développe en parallèle avec une culture matérielle sophistiquée. Outre les armes et les outils, le bronze est utilisé pour la fabrication de parures, d’ustensiles de cuisine et de divers objets rituels. En outre, les techniques de fonderie et de moulage permettent des réalisations de haute qualité, comme les épées, les haches à douille, et des bijoux en bronze, qui témoignent d'une spécialisation artisanale accrue.
Saffré, La Jossaie, vers 1450-1250 av. J.-C.
Nantes, Musée départemental Dobrée, inv. 967.8.1 à 28
Dans un vase de terre, ce dépôt comprenait initialement trente haches dont vingt-huit sont conservées. La plupart sont de type breton, mais deux viennent du Centre-Ouest, une de Normandie et une dernière de l’Est. Une seule présente un anneau, non fonctionnel car non perforé ; elle est donc inachevée. D’autres ont été ébarbées, martelées, polies et affûtées : il s’agit donc sans doute du dépôt d’un bronzier ou d’un marchand du Bronze moyen.
L'âge du fer est la dernière période de la Protohistoire, marquée par l’adoption de la métallurgie du fer, un matériau plus accessible et plus résistant que le bronze. En Europe et au Proche-Orient, il succède à l’âge du bronze et précède l’entrée des civilisations dans l’Histoire. Dans le monde méditerranéen, l’âge du fer commence vers -1100, tandis qu'en Europe du Nord, il débute vers -800 à -700 av. J.-C.
L'âge du fer n'est pas seulement une période chronologique, mais aussi un indicateur de nouvelles techniques qui influencent profondément les sociétés européennes, notamment celles des Celtes, des Achéens en Grèce, et des Germains. En Europe centrale, les sites archéologiques de Hallstatt (Autriche) et de La Tène (Suisse) servent de référence pour établir la chronologie de l'âge du fer, qui se subdivise en deux phases :
La Protohistoire, avec les âges du cuivre, du bronze et du fer, marque une période de transition essentielle dans l’histoire humaine. L’évolution des techniques métallurgiques transforme profondément les sociétés, entraînant de nouveaux modes de vie, des relations commerciales, et des hiérarchies sociales. Les avancées dans la fabrication des outils et des armes permettent aux cultures protohistoriques de s’organiser de manière plus complexe, posant les bases des premières civilisations historiques.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Avril 2008