Pendant plus de quatre siècles, la Bretagne a été profondément transformée par la romanisation. Toutefois, les zones périphériques, comme l’Écosse, l’Irlande et certaines parties du pays de Galles, restèrent en dehors de l’influence romaine directe. Les incursions barbares des Pictes, Scots, et Saxons fragilisèrent progressivement la province. À partir de 367, les défenses s’effondrèrent partiellement, laissant les Brittons romanisés seuls face à ces menaces.
Le retrait des troupes romaines, amorcé sous Magnus Maximus (383) et achevé en 410 sous le règne d’Honorius, précipita la fin de l’ordre romain. Les chefs romano-brittons, désormais indépendants, prirent en main la défense de l’île. Cependant, les incursions saxonnes et les révoltes internes mirent à rude épreuve l’unité fragile de la Bretagne post-romaine.
Les premières incursions et les alliances instables :
Après le retrait des troupes romaines, les Anglo-Saxons (Jutes, Angles et Saxons) commencèrent à intensifier leurs raids. Le chef Vortigern, confronté à ces invasions et aux attaques des Pictes et Scots, fit appel aux Jutes pour renforcer ses troupes. Cette décision s’avéra désastreuse : les mercenaires jutes se mutinèrent et, s’alliant aux Saxons, dévastèrent de larges parties de l’île.
Une lutte pour la survie :
Les royaumes celtes du sud tentèrent de résister aux invasions saxonnes, mais leur manque de coordination stratégique limita leur efficacité. La résistance culmina au VIIe siècle avec la défaite de Cadwallon, roi de Gwynedd, qui scella le sort des Celtes du sud de l’île. Les Anglo-Saxons consolidèrent leur domination, repoussant les Celtes vers les marges occidentales et septentrionales de l’île.
Après le départ des Romains, la Bretagne se morcela en une multitude de royaumes celtes. Ces territoires, dirigés par des chefs subromains, tentèrent de maintenir leur indépendance face à la pression anglo-saxonne.
Au sud-ouest :
Au pays de Galles :
Au nord :
Le manque d’unité fut le principal obstacle à la survie des royaumes celtes. Après le règne de Vortigern (vers 425-455), les Celtes ne parvinrent plus à se rassembler sous un chef unique. Bien que certains royaumes s’unissent temporairement pour repousser les invasions, ils ne pouvaient rivaliser avec la pression coordonnée des Anglo-Saxons.
La chute de la Bretagne subromaine fut également précipitée par des rivalités internes et l’incapacité à établir des alliances durables. Par exemple, les royaumes du nord furent progressivement absorbés par les Angles de Bernicie et de Deira, tandis que ceux du sud perdirent du terrain face aux Saxons.
Un repli culturel :
Les Celtes furent progressivement confinés dans des régions périphériques, comme le pays de Galles, la Cornouailles, l’Écosse et l’Irlande. Ces territoires devinrent des bastions de la culture celtique, préservant des traditions distinctes dans un contexte de domination anglo-saxonne.
La persistance de l’identité celtique :
Malgré les défaites militaires, l’identité culturelle des Celtes survécut. Leur langue, leur mythologie et leurs structures sociales influencèrent durablement l’histoire des îles Britanniques. Des figures légendaires comme Arthur émergèrent, symbolisant la résistance contre les envahisseurs.
Un rôle dans la chrétienté :
Les Celtes jouèrent un rôle crucial dans la diffusion du christianisme en Europe occidentale. Des missionnaires comme Saint Patrick et Saint Colomban contribuèrent à l’évangélisation de l’Irlande et de l’Écosse, faisant des régions celtes des centres religieux influents.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Juin 2011