L’Âge d’Or des Macédoniens (950–1056)
Contexte et Origine de la Dynastie Macédonienne
La dynastie macédonienne, inaugurée par Basile Ier en 867, marque une ère de prospérité durable et de puissance accrue pour l’Empire byzantin. Basile Ier, un ancien paysan devenu empereur, rétablit l’ordre intérieur et consolide les frontières. Ce socle permet à ses successeurs de poursuivre une politique expansionniste et réformatrice.
Au début du Xe siècle, Byzance est un empire respecté, mêlant traditions romaines et chrétiennes, jouissant d’une position stratégique entre l’Europe, l’Asie, et le monde islamique.
Politique Extérieure : Une Expansion Militaire Stratégiquement Conduite
Les Campagnes de Basile II contre les Bulgares
L’un des points culminants de cette période est la victoire écrasante de Basile II, surnommé "le Bulgaroctone" (le tueur de Bulgares). La guerre contre le Premier Empire bulgare est longue et difficile, mais Basile II finit par triompher lors de la bataille de Kleidion en 1014.
- Contexte du conflit : Les Bulgares, sous la direction du tsar Samuel, menacent les frontières nord-ouest de l’Empire.
- La bataille de Kleidion (1014) : Basile II utilise une stratégie implacable pour défaire l’armée bulgare, capturant 15 000 soldats. Selon les récits, il ordonne d’aveugler la majorité des prisonniers, ne laissant qu’un homme sur cent avec un œil pour guider les autres jusqu’à leur tsar. Cette démonstration de force provoque l’effondrement de la résistance bulgare, intégrant la Bulgarie à l’Empire en 1018.
Diplomatie avec le Califat Fatimide
Si les campagnes militaires dominent cette période, la diplomatie joue également un rôle clé. Les empereurs macédoniens, notamment Basile II, concluent des traités favorables avec les Fatimides pour préserver la paix en Syrie et concentrer leurs efforts ailleurs. Ces accords témoignent de la flexibilité politique des Byzantins face aux puissances islamiques.
Maîtrise des Frontières Orientales
En parallèle, les empereurs poursuivent des campagnes contre les Arabes en Anatolie et en Crète, consolidant le contrôle impérial sur des territoires stratégiques. Le renforcement de la flotte byzantine sous les Macédoniens contribue à la sécurisation des routes maritimes, essentielles pour le commerce et l’approvisionnement de l’Empire.
Administration et Réformes : Une Organisation Rénovée pour la Prospérité
Réformes Agraires et Système des Thèmes
La dynastie macédonienne poursuit les réformes agraires initiées sous ses prédécesseurs, garantissant une redistribution équitable des terres. Ce système renforce l’armée en recrutant des paysans-soldats, établis sur des lots de terres appelés stratiotika ktemata.
- Le système des thèmes : L’administration régionale repose sur des thèmes, unités militaires et administratives. Ces provinces, dirigées par des stratèges, permettent une défense efficace contre les invasions et une collecte optimisée des impôts.
Réformes fiscales et financières
Les Macédoniens renforcent le Trésor impérial grâce à une gestion rigoureuse des taxes et des tributs. L’administration centralisée de l’économie favorise une prospérité durable, assurant la stabilité nécessaire pour financer les campagnes militaires et les projets culturels.
Renaissance Culturelle et Intellectuelle : L'Éclat de Byzance
L’essor des écoles de Constantinople
Sous les Macédoniens, Constantinople devient un centre intellectuel de premier plan. Les écoles patriarcales et laïque attirent des érudits de tout l’Empire. Les textes classiques grecs et romains sont copiés et étudiés, préservant un savoir précieux pour les générations futures.
Art et architecture
La période macédonienne est marquée par une renaissance artistique. Les églises, telles que la célèbre Église de la Théotokos à Constantinople, sont ornées de mosaïques raffinées. L’art iconographique connaît un renouveau après les controverses de l’iconoclasme.
Les lettres et la littérature
Les historiens comme Léon le Diacre et les encyclopédistes comme les auteurs de la Souda prospèrent sous le mécénat impérial. Cette période voit également la rédaction de manuels administratifs et militaires, tels que le Taktika de Léon VI, pour codifier le savoir impérial.
La dynastie macédonienne offre à Byzance une ère de gloire, grâce à des campagnes militaires décisives et des réformes administratives éclairées. Sous des dirigeants tels que Basile II, l’Empire atteint un apogée culturel et territorial, assurant une influence durable sur le monde méditerranéen. Toutefois, les succès militaires et administratifs de cette époque ne peuvent complètement masquer les défis qui émergeront au cours des siècles suivants.
Empire byzantin (1025), sous Basile II
Liste des rois de la période :
- Constantin VII Porphyrogénète (913–959) : Surnommé "Porphyrogénète" ("né dans la pourpre"), Constantin VII est plus connu comme érudit que comme homme d’action. Son règne est marqué par une forte influence des régents et de sa mère, Zoé Carbonopsina, dans sa jeunesse. Une fois adulte, il se consacre à la rédaction d’ouvrages historiques et administratifs, comme le célèbre De Administrando Imperio, qui fournit des conseils sur la gouvernance et les relations internationales. Bien qu’il n’ait pas été un grand conquérant, son règne contribue à la stabilité interne et à l’épanouissement culturel de Byzance.
- Romain II (959–963) : Romain II succède à son père Constantin VII, mais son règne est bref et marqué par un mélange de prospérité et d’imprudence. Il se distingue par son mariage avec Théophano, une femme ambitieuse qui joue un rôle déterminant à la cour. Militairement, son règne voit la conquête de la Crète sous la direction de Nicéphore II Phocas, un exploit majeur qui renforce le contrôle byzantin sur la Méditerranée. Cependant, Romain II meurt prématurément en 963, laissant un empire stable mais vulnérable à des luttes de pouvoir.
- Nicéphore II Phocas (963–969) : Général renommé, Nicéphore II Phocas monte sur le trône après avoir épousé l’impératrice Théophano. Son règne est principalement consacré aux campagnes militaires. Il reprend des territoires en Syrie et en Anatolie, notamment Antioche, consolidant la position de Byzance face au califat abbasside. Cependant, son règne est terni par des réformes fiscales impopulaires et son ascétisme rigide, qui lui aliènent l’aristocratie et l’armée. En 969, il est assassiné dans une conspiration orchestrée par son épouse Théophano et son neveu Jean Tzimiskès.
- Jean Ier Tzimiskès (969–976) : Jean Tzimiskès, habile politicien et général, succède à Nicéphore II après l’avoir fait assassiner. Sous son règne, Byzance continue son expansion territoriale : il remporte des victoires contre les Arabes en Syrie, atteignant les portes de Jérusalem, et contre les Rus' de Kiev en Bulgarie. Il renforce aussi les frontières orientales en concluant des alliances avec les Arméniens. Jean meurt en 976, probablement empoisonné, laissant un empire renforcé mais confronté à de nouvelles menaces.
- Basile II (976–1025) : Basile II, surnommé le "Bulgaroctone" ("tueur de Bulgares"), est l’un des plus grands empereurs byzantins. Son règne est marqué par une consolidation du pouvoir impérial, notamment contre l’aristocratie terrienne, et par des campagnes militaires spectaculaires. Il écrase les Bulgares lors de la bataille de Kleidion en 1014, intégrant la Bulgarie à l’Empire. Basile réorganise l’administration fiscale et militaire, consolidant les thèmes. À sa mort, Byzance atteint son apogée territorial et économique, mais il laisse un vide politique en ne préparant pas de successeur fort.
- Constantin VIII (1025–1028) : Frère de Basile II, Constantin VIII monte sur le trône à la mort de celui-ci. Contrairement à son frère, il est indifférent aux affaires de l’État et préfère les plaisirs de la cour. Son règne, bien que court, est marqué par une gestion négligente et une corruption croissante. Il meurt en 1028, laissant la succession à ses filles, entraînant une instabilité dynastique.
- Zoé et ses maris (1028–1056) : L’impératrice Zoé, fille de Constantin VIII, domine cette période, marquée par des intrigues de palais et une instabilité politique. Elle règne conjointement avec trois maris successifs :
- Romain III Argyre (1028–1034), qui tente des réformes mais échoue à rétablir l’ordre.
- Michel IV le Paphlagonien (1034–1041), qui rétablit temporairement l’ordre avant de succomber à la maladie.
- Constantin IX Monomaque (1042–1055), dont le règne est marqué par des dépenses somptuaires et des pertes territoriales.
- Zoé règne également brièvement avec sa sœur Théodora avant sa mort en 1050. Cette période est marquée par une faiblesse croissante de l’autorité impériale, qui pave la voie aux crises du XIe siècle.
Empire byzantin en 1045, avec découpage administratif
L’Âge des Troubles et la Dynastie des Comnènes (1056–1185)
Un Empire en Crise : Les Défis Internes et Externes
Les Crises Dynastiques et la Faiblesse de l’Administration
Après la mort de l'impératrice Théodora Porphyrogénète en 1056, l'Empire byzantin entre dans une période d'instabilité politique. Les empereurs se succèdent rapidement, souvent élus par des factions militaires ou des élites bureaucratiques, affaiblissant l’autorité centrale.
- Problèmes internes :
- L’aristocratie terrienne s’empare de larges domaines, minant le système des thèmes.
- Corruption et inefficacité dans l'administration impériale.
Menaces Externes : Normands, Seldjoukides, et Croisés
L'affaiblissement interne coïncide avec l'émergence de menaces majeures :
- Normands en Italie du Sud : Les Normands, dirigés par Robert Guiscard, capturent les dernières possessions byzantines en Italie, comme Bari (1071).
- Les Seldjoukides en Anatolie : Ces Turcs venus d’Asie centrale franchissent les frontières orientales et s’imposent comme une force redoutable après leur victoire à Manzikert.
- Les Croisades : Les armées occidentales, bien qu’alliées temporaires, créent des tensions croissantes avec Byzance.
La Bataille de Manzikert (1071) : Un Tournant pour Byzance
Une Défaite Catastrophique
Sous le règne de Romain IV Diogène, l'Empire tente de repousser l'avancée des Seldjoukides. Cependant, l’armée byzantine subit une défaite écrasante lors de la bataille de Manzikert en 1071.
- Contexte : Romain IV mobilise une armée disparate composée de mercenaires et de forces thématiques affaiblies.
- La bataille : Les Seldjoukides, dirigés par Alp Arslan, capturent Romain IV, le contraignant à signer un traité humiliant.
- Conséquences : La défaite ouvre l'Anatolie aux migrations turques et marque la perte durable de cette région essentielle.
Désordres et Fragmentation
Après Manzikert, des bandes turques s’installent dans l’Anatolie byzantine, créant le sultanat de Roum. L’instabilité qui suit cette défaite affaiblit davantage l’autorité impériale, nécessitant une réforme profonde pour restaurer la stabilité.
Empire byzantin (1076), sous Michel VII Doukas
Les Réformes d’Alexis Ier Comnène (1081–1118)
La Montée d’Alexis Ier
Alexis Ier Comnène s’empare du pouvoir en 1081, inaugurant une dynastie qui rétablit la stabilité impériale. Grâce à son habileté politique et militaire, il parvient à consolider l’autorité impériale malgré des défis considérables.
Renforcement des Finances et de l’Administration
Alexis Ier entreprend une série de réformes pour relever l’Empire :
- Réformes fiscales : Introduction d’une nouvelle monnaie, l’hyperpérion, pour stabiliser l’économie.
- Réorganisation de l’administration : Centralisation du pouvoir et lutte contre la corruption.
Stratégie Militaire et Politique Vis-à-Vis des Croisés
Lors de la Première Croisade (1096–1099), Alexis Ier exploite habilement les Croisés pour récupérer des territoires en Anatolie. Il s’efforce toutefois de limiter leur influence sur Byzance, craignant leur appétit territorial.
Jean II et Manuel Ier : La Consolidation et les Défis
Jean II Comnène (1118–1143) : Un Empereur Prudent et Stratège
Jean II, surnommé le "bon empereur", poursuit l’œuvre de son père Alexis Ier.
- Consolidation territoriale : Il reconquiert plusieurs territoires en Anatolie et en Cilicie, stabilisant les frontières orientales.
- Réformes administratives : Jean renforce les thèmes et continue à centraliser le pouvoir impérial.
- Relations avec l’Occident : Une politique prudente lui permet d'éviter les tensions ouvertes avec les Croisés.
Manuel Ier Comnène (1143–1180) : Un Empereur Ambitieux
Sous Manuel Ier, Byzance retrouve temporairement une stature internationale, mais les tensions internes et externes s’intensifient.
- Diplomatie active : Manuel établit des alliances avec l’Occident, notamment avec les royaumes croisés, et mène des campagnes militaires en Italie.
- Croissance économique : Son règne connaît un développement commercial, notamment grâce aux accords avec les marchands italiens.
- Tensions avec les Latins : Les relations se détériorent avec les Croisés, et l'hostilité entre Byzantins et Latins s'aggrave.
Les Limites de la Dynastie Comnène : Une Érosion Latente
Bien que les Comnènes aient réussi à restaurer une stabilité relative, plusieurs fragilités apparaissent :
- Économie sous pression : Les campagnes militaires incessantes et les accords commerciaux déséquilibrés avec les marchands vénitiens affaiblissent l’économie.
- Hostilité avec l’Occident : L’Empire est de plus en plus perçu comme un obstacle par les Croisés, ouvrant la voie à des tensions graves, comme celles qui mèneront au sac de Constantinople en 1204.
La période des Comnènes (1081–1185) est marquée par des efforts soutenus pour restaurer l’autorité impériale après les désastres du XIe siècle. Si Alexis Ier, Jean II, et Manuel Ier réussissent à stabiliser l’Empire et à renforcer ses institutions, les tensions internes, la montée des puissances latines, et les pertes territoriales en Anatolie annoncent les crises du siècle suivant.
L'Empire en 1180, à la fin du long règne de Manuel Comnène
Liste des rois de la période :
- Michel VI (1056–1057) : Michel VI, surnommé "le Vieil", est choisi par l’impératrice Théodora comme successeur avant sa mort. Cependant, son règne est marqué par son incapacité à s’assurer le soutien de l’aristocratie militaire et de la population. Il tente de réconcilier les élites civiles et militaires, mais ses maladresses attisent les révoltes. En 1057, l’aristocratie provinciale se rallie à Isaac Comnène, qui force Michel VI à abdiquer après une défaite militaire.
- Isaac Ier Comnène (1057–1059) : Isaac Ier est le fondateur de la dynastie des Comnènes. Militaire expérimenté, il monte sur le trône après avoir renversé Michel VI. Son règne, bien que court, est marqué par des réformes visant à renforcer les finances impériales et à réduire le pouvoir des grandes familles terriennes. Cependant, ses mesures rigoureuses suscitent des oppositions, et sa santé déclinante l’incite à abdiquer en 1059, laissant le trône à Constantin X Doukas.
- Constantin X Doukas (1059–1067) : Constantin X appartient à une famille aristocratique influente. Son règne est marqué par des politiques qui favorisent les élites civiles aux dépens de l’armée, affaiblissant ainsi la défense de l’Empire. Cette négligence contribue à des pertes territoriales importantes face aux Normands en Italie et aux Seldjoukides en Anatolie. Son incapacité à résoudre ces crises aggrave les divisions internes. À sa mort, il laisse l’Empire dans une position affaiblie.
- Michel VII Doukas (1067–1078) : Fils de Constantin X, Michel VII règne durant une période de déclin accéléré. Surnommé "Parapinakès" ("le quart de blé manquant") en raison de l’effondrement économique sous son règne, il est incapable de répondre aux menaces externes. Les Seldjoukides avancent profondément en Anatolie après la défaite de Manzikert (1071), et les Normands continuent de progresser en Italie. En 1078, face à une révolte dirigée par Nicéphore Botaniatès, Michel abdique et devient moine.
- Alexis Ier Comnène (1081–1118) : Alexis Ier Comnène est l’un des souverains les plus remarquables de l’Empire. Après avoir usurpé le trône en 1081, il restaure la stabilité politique et militaire de Byzance.
- Réformes militaires et fiscales : Alexis renforce l’armée et introduit l’hyperpérion, une nouvelle monnaie, pour stabiliser l’économie.
- Politique vis-à-vis des Croisés : Il exploite la Première Croisade pour reconquérir des territoires en Anatolie, mais les relations avec les Latins restent complexes.
- Consolidation du pouvoir : Son règne marque le début d’une nouvelle ère de prospérité et de stabilité pour Byzance.
- Jean II Comnène (1118–1143) : Jean II, surnommé "le Bon Empereur", succède à son père Alexis Ier. Son règne est caractérisé par une administration exemplaire et des campagnes militaires réussies.
- Consolidation territoriale : Il repousse les Seldjoukides en Anatolie, sécurise les Balkans et établit des alliances avec les Arméniens.
- Réformes internes : Jean renforce l’administration impériale et lutte contre la corruption.
- Politique extérieure : Il adopte une attitude prudente face aux Croisés, évitant les conflits ouverts. Sa mort prématurée lors d’une campagne laisse l’Empire à son fils Manuel.
- Manuel Ier Comnène (1143–1180) : Manuel Ier est un empereur ambitieux et énergique qui cherche à rétablir la domination byzantine dans le monde méditerranéen.
- Politique extérieure : Il mène des campagnes contre les Normands, les Seldjoukides, et les Hongrois, renforçant temporairement l’influence byzantine en Italie et dans les Balkans.
- Relations avec les Latins : Son règne est marqué par des alliances complexes avec les royaumes croisés et les républiques italiennes, mais aussi par des tensions croissantes avec les Latins.
- Déclin intérieur : Malgré ses succès militaires, ses dépenses somptuaires et son obsession pour la diplomatie affaiblissent les finances impériales, jetant les bases des crises qui suivront.
L’Empire Fragilisé et le Sac de Constantinople (1185–1261)
Les tensions internes et les invasions externes culminent avec la quatrième croisade et le sac de Constantinople en 1204. L’Empire byzantin est alors divisé en plusieurs États rivaux.
- Quatrième croisade et l’Empire latin (1204–1261) :
- Les Croisés établissent un État latin à Constantinople, affaiblissant durablement Byzance.
- La résistance s’organise à Nicée sous Théodore Ier Lascaris.
- Restauration en 1261 :
- Michel VIII Paléologue reprend Constantinople et restaure l’Empire byzantin.
- Efforts pour rétablir l’ordre et consolider l’Empire malgré un contexte politique et économique fragile.
Division de l'Empire byzantin au lendemain de la quatrième croisade
Liste des rois de la période :
- Alexis III Ange (1195–1203) : Alexis III Ange usurpe le trône en renversant son frère, Isaac II. Son règne est marqué par une faiblesse politique et militaire, contribuant à l’effondrement de l’Empire face aux Croisés.
- Corruption et népotisme : Alexis dilapide les ressources impériales et distribue des postes à sa famille et ses partisans, fragilisant davantage l’administration.
- Faiblesse militaire : Son incapacité à organiser une défense efficace permet à la quatrième croisade de progresser sans réelle opposition.
En 1203, Alexis est renversé par les Croisés et son neveu Alexis IV, marquant l’effondrement de l’Empire byzantin de Constantinople.
- Constantin Lascaris (1204–1205, Nicée) : Constantin Lascaris est proclamé empereur après le sac de Constantinople en 1204, mais il ne peut consolider son pouvoir. Il s’installe à Nicée, où il forme une base pour la résistance byzantine.
- Sac de Constantinople (1204) : Après la prise de Constantinople par les Croisés, Constantin devient un symbole de la continuité impériale.
- Un règne éphémère : Sa position est rapidement supplantée par Théodore Ier Lascaris, un dirigeant plus énergique qui devient le véritable fondateur de l’Empire de Nicée.
- Théodore Ier Lascaris (1205–1222, Nicée) : Théodore Ier est le véritable architecte de l’Empire de Nicée, le principal successeur byzantin après la chute de Constantinople.
- Consolidation territoriale : Il renforce les frontières en Asie Mineure contre les Croisés latins et les Seldjoukides, assurant la survie de l’Empire.
- Administration : Théodore établit une administration efficace à Nicée, favorisant la renaissance de la culture byzantine dans l’exil.
- Défense du trône : Il lutte contre les Latins et les Bulgares, maintenant une souveraineté fragile mais stable dans ses territoires. Son règne prépare le terrain pour une reconquête éventuelle de Constantinople.
- Jean III Doukas Vatatzès (1222–1254, Nicée) : Jean III est l’un des souverains les plus remarquables de l’Empire de Nicée, consolidant ses bases et préparant la restauration de Byzance.
- Expansion territoriale : Il récupère des territoires en Thrace et en Macédoine, affaiblissant l’Empire latin de Constantinople.
- Réformes économiques : Jean III favorise l’agriculture et réduit la dépendance aux importations, renforçant l’autonomie économique de l’Empire.
- Relations diplomatiques : Il noue des alliances avec les Bulgares et les papes pour contrer les Latins. Sa politique astucieuse isole progressivement Constantinople et prépare sa future reconquête.
Sous son règne, l’Empire de Nicée devient le principal espoir de la restauration byzantine.
- Michel VIII Paléologue (1261–1282, restauration à Constantinople) : Michel VIII Paléologue est le restaurateur de l’Empire byzantin après avoir repris Constantinople en 1261, marquant la fin de l’Empire latin.
- Restauration de Constantinople : En 1261, Michel reprend la ville aux Latins grâce à une campagne astucieuse menée par son général Alexios Strategopoulos. Il rétablit la capitale byzantine, bien que Constantinople soit gravement affaiblie.
- Réformes et centralisation : Michel tente de restaurer l’économie et renforce les fortifications de Constantinople. Cependant, ses politiques fiscales lourdes suscitent des mécontentements.
- Politique religieuse : Il tente de réconcilier les Églises grecque et latine pour obtenir l’aide de l’Occident, mais cette union est largement impopulaire et alimente les tensions internes.
- Menace ottomane et autres ennemis : Michel doit faire face à la montée des Ottomans en Anatolie, aux ambitions vénitiennes, et aux rébellions internes.
Son règne marque une étape cruciale mais difficile dans la survie de l’Empire, désormais un État fragilisé et encerclé.
La Lente Déchéance (1261 – Début du XIVe siècle)
La Restauration de Constantinople (1261) : Une Victoire Illusoire
La Reprise de Constantinople par Michel VIII Paléologue
En 1261, Michel VIII Paléologue réussit à reprendre Constantinople des mains des Latins, mettant fin à l’Empire latin établi après la quatrième croisade en 1204. Cette restauration marque un tournant symbolique, mais les fondations de l’Empire sont désormais affaiblies.
- Un Empire en ruine :
- La ville de Constantinople, autrefois la plus grande cité du monde chrétien, est appauvrie et en partie dépeuplée.
- Les fortifications sont endommagées, et l’économie urbaine est en déclin.
Politique et réformes de Michel VIII
Michel VIII entreprend des efforts pour reconstruire l’État byzantin :
- Réformes économiques : Il tente de restaurer les finances publiques par une taxation accrue, mais cela alourdit le fardeau des populations rurales.
- Politique extérieure : Michel cherche des alliances avec l’Occident pour repousser les menaces ottomanes et latines. Cependant, ces efforts se heurtent aux divisions religieuses entre les Églises grecque et latine.
Empire byzantin (vers 1265)
Les Défis Économiques et Militaires : Une Érosion Continuellement Accélérée
La Perte des Balkans
La reconquête de Constantinople ne s’accompagne pas d’une consolidation durable des territoires. Les Balkans, autrefois un bastion byzantin, deviennent un champ de bataille disputé entre Byzance, les Serbes, et les Bulgares.
- Expansion serbe : Les rois serbes, notamment Étienne Dušan, exploitent la faiblesse byzantine pour annexer de vastes territoires en Macédoine et en Thessalie.
- Soulèvements bulgares : L’État bulgare retrouve son indépendance et menace les provinces byzantines.
La Montée des Ottomans
Pendant ce temps, les Turcs ottomans émergent comme une puissance dominante en Anatolie.
- Conquête progressive : Profitant de la désorganisation byzantine, ils s’installent solidement en Anatolie occidentale.
- Chute des villes clés : Des cités stratégiques comme Nicée et Nicomédie tombent sous contrôle ottoman, privant Byzance de ses dernières ressources militaires et économiques en Asie mineure.
Instabilité politique et guerres civiles
Les luttes internes entre les factions impériales affaiblissent davantage l’Empire.
- Conflits dynastiques : Les querelles entre les branches de la famille Paléologue plongent l’Empire dans des guerres civiles prolongées, paralysant toute réponse face aux menaces externes.
Le Déclin de l’Autorité Centrale : Une Érosion Irrémédiable
Échecs des alliances avec l’Occident
Pour obtenir de l’aide militaire contre les Turcs, les empereurs byzantins cherchent à réconcilier l’Église orthodoxe avec l’Église catholique romaine.
- Tentatives d’union religieuse : Le concile de Lyon (1274) et celui de Ferrare-Florence (1439) cherchent à unir les Églises, mais ces initiatives rencontrent une forte opposition parmi le clergé et la population byzantine, qui perçoivent ces compromis comme une trahison de la foi orthodoxe.
- Aide militaire limitée : L’Occident, préoccupé par ses propres guerres, n’offre qu’une assistance sporadique, souvent conditionnée par des exigences politiques ou religieuses inacceptables pour Byzance.
Avancée des Ottomans en Europe
Les Ottomans traversent les Dardanelles et commencent leur expansion dans les Balkans au début du XIVe siècle, établissant une base solide en Thrace. Byzance, désormais réduite à Constantinople et ses alentours, n’a plus les moyens de stopper leur progression.
Une Économie à Bout de Souffle
Le Poids des Guerres et de la Fiscalité
Les guerres incessantes et l’instabilité politique ont épuisé les ressources économiques de l’Empire.
- Agriculture déclinante : La perte de terres agricoles en Anatolie réduit drastiquement les revenus fiscaux.
- Commerce sous domination étrangère : Les marchands italiens (Vénitiens et Génois) contrôlent les routes commerciales, privant Byzance de sa position de carrefour économique.
Dépeuplement et appauvrissement
Les famines, les épidémies, et les migrations massives affaiblissent davantage la démographie et les bases économiques de l’Empire, réduisant sa capacité à se relever.
Malgré la restauration de Constantinople en 1261, l’Empire byzantin n’est plus qu’un vestige de sa gloire passée. Ses territoires se fragmentent, ses ressources s’amenuisent, et sa position stratégique entre l’Orient et l’Occident devient une faiblesse plutôt qu’un atout. Alors que les Ottomans s’implantent durablement dans les anciennes provinces impériales, l’effondrement de l’autorité byzantine est désormais inévitable.
Liste des rois de la période :
Andronic II Paléologue (1282–1328)
Le règne d’Andronic II marque le début d’un déclin prolongé pour l’Empire byzantin. Malgré ses efforts pour stabiliser l’Empire, il est dépassé par des défis économiques, militaires, et politiques.
- Réformes économiques et fiscales :
Andronic réduit les dépenses militaires pour soulager les finances impériales, mais cette décision affaiblit gravement la défense de l’Empire. Il dissout la flotte byzantine, confiant la défense maritime à des alliés italiens (Vénitiens et Génois), ce qui fragilise la souveraineté navale. - Perte de territoires :
L’Anatolie est progressivement conquise par les Ottomans, avec la chute de villes stratégiques comme Nicée et Nicomédie. Les Seldjoukides et les nouveaux Ottomans s’établissent fermement en Asie Mineure, réduisant Byzance à quelques enclaves. - Division interne :
Son règne est marqué par des luttes intestines, notamment une guerre civile avec son petit-fils, Andronic III. Ces querelles affaiblissent davantage l’autorité impériale. - Politique religieuse :
Andronic II favorise l’orthodoxie, rompant avec la politique d’union religieuse de son père Michel VIII. Cela lui permet de regagner un certain soutien populaire, mais n’apporte pas d’aide concrète contre les menaces externes.
Finalement, il est déposé par son petit-fils en 1328, après un règne de près de 46 ans marqué par une érosion inexorable du pouvoir impérial.
Andronic III Paléologue (1328–1341)
Petit-fils d’Andronic II, Andronic III monte sur le trône après une guerre civile. Son règne est court mais énergique, marqué par des tentatives de réforme et des efforts pour restaurer le prestige de l’Empire.
- Réformes administratives et militaires :
Andronic III s’efforce de restaurer la flotte byzantine pour regagner le contrôle des mers, mais les ressources limitées de l’Empire rendent ces efforts insuffisants. Il crée également des réformes administratives pour centraliser l’autorité, bien que leur impact soit limité par l’instabilité. - Conflits extérieurs :
Il lutte contre l’expansion des Ottomans en Anatolie, mais les ressources byzantines sont insuffisantes pour inverser la tendance. En Europe, il mène des campagnes contre les Bulgares et les Serbes pour tenter de consolider les Balkans, avec des succès limités. - Alliance avec les Génois :
Andronic III poursuit une politique de rapprochement avec Gênes pour contrer l’influence vénitienne, mais cette dépendance envers les puissances italiennes continue de limiter la souveraineté de l’Empire. - Les prémices de la guerre civile :
Son règne est marqué par des tensions croissantes au sein de la cour, qui éclateront après sa mort en 1341 dans une guerre civile entre sa veuve, Anne de Savoie, et Jean VI Cantacuzène.
Sources et Références :
- John Julius Norwich, Byzantium: The Decline and Fall
- Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society
- Michel Kaplan, Pourquoi Byzance ?
Stéphane Jeanneteau, juin 2016