Sous la domination romaine, la Bosnie et l'Herzégovine faisaient partie de la province de Pannonie, connue également sous le nom d'Illyricum. Les vestiges de cette domination romaine sont encore visibles dans la région aujourd'hui, notamment à travers les ruines d'anciennes villes et structures. Cependant, au IVe siècle, la région fut envahie par les Goths, ce qui marqua le début de périodes de changements dynamiques et de migrations de peuples dans la région.
Au VIe siècle, les Slaves, dont les Croates et les Serbes, commencèrent à s'établir dans la région, posant les bases des futures entités politiques. C'est sous le règne de l’empereur byzantin Héraclius (610) que les tribus croates et serbes s'installèrent définitivement dans cette région. Au départ, la Bosnie fit partie du royaume de Croatie, mais elle fut rapidement disputée entre les Serbes et les Croates.
Vers le Xe siècle, la Bosnie se structura en un banat, une région autonome vassale de la couronne croate. Bien que sous suzeraineté croate, les bans de Bosnie, les chefs locaux, cherchaient à maintenir leur indépendance. Le premier ban de Bosnie connu est Boris, fils illégitime du roi de Hongrie Koloman, qui régna au début du XIIe siècle. La Bosnie resta un territoire instable pendant cette période, tantôt sous la domination de la Croatie, tantôt sous celle de la Serbie, ce qui rendait l'histoire de la région particulièrement complexe.
C'est sous le règne du ban Kulin (1180-1240) que la Bosnie entra véritablement dans l’histoire. Kulin, dont le règne fut marqué par une relative stabilité, eut une influence décisive dans l’expansion de l’hérésie des Bogomiles, une secte religieuse dissidente. Cette hérésie, prônant une vision dualiste du monde, se répandit dans toute la Bosnie, et Kulin lui-même s'y convertit, affirmant ainsi son opposition à l’autorité de l’Église romaine. Ce soutien à l’hérésie des Bogomiles fut l’un des facteurs qui provoqua l'hostilité du pape Honorius IV, qui appela à une croisade contre les Bosniaques.
Sous le successeur de Kulin, Étienne (1204-1232), la propagation de l’hérésie des Bogomiles se poursuivit, et les tensions religieuses avec Rome s’intensifièrent. Le pape prêcha activement contre le royaume bosniaque, mais celui-ci réussit à maintenir son indépendance face aux pressions extérieures. La situation se compliqua encore avec l’arrivée de Ninoslav (1232-1250), sous le règne duquel la Bosnie fut envahie par le roi de Hongrie. Néanmoins, grâce à l’intervention des Mongols, qui détournèrent l’attention des Hongrois, Ninoslav parvint à récupérer son indépendance.
À la mort de Ninoslav, la Bosnie tomba dans une période d’anarchie et de troubles internes. Elle fut ensuite annexée par le roi Béla IV de Hongrie, qui démembra le territoire en plusieurs provinces. À la fin du XIIIe siècle, le roi Ladislas le Cuman donna à sa mère, Élisabeth, le titre de duchesse de Bosnie en 1280, consolidant ainsi une nouvelle forme de domination hongroise sur la région. En 1282, Ladislas conféra le titre de duc à son beau-frère, le prince serbe Étienne Dragoutin, qui se convertit au catholicisme après avoir été orthodoxe. Parallèlement, une autre partie de la Bosnie se trouvait sous le contrôle d'Étienne Kostrman, dont les descendants continuèrent à porter le titre de bans pendant un certain temps.
L’histoire médiévale de la Bosnie est marquée par une succession de luttes pour l'indépendance, des influences religieuses multiples et des intrigues politiques. La propagation de l’hérésie des Bogomiles dans la région et la tentative d’autonomie face aux grandes puissances voisines comme la Hongrie et la Serbie montrent l’aspiration de la Bosnie à préserver son identité propre. Toutefois, les rivalités internes et les invasions extérieures conduisirent finalement à la division du royaume et à son intégration dans les systèmes politiques voisins, préfigurant les transformations ultérieures du pays.
Auteur : Stéphane Jeanneteau - Septembre 2013