Le Royaume de Pampelune, connu aujourd’hui comme une étape majeure dans l’évolution historique de la Navarre, est un exemple fascinant de la formation d’États médiévaux dans la péninsule ibérique. Cette entité politique a été au carrefour des influences franques, musulmanes et basques, marquant profondément l'histoire de la région et jouant un rôle stratégique dans la Reconquista.
Les premières traces du royaume de Pampelune remontent à la fin du VIIIe siècle, une époque de tensions multiples dans la péninsule ibérique. Le territoire, situé entre les Pyrénées et l’Ebre, était un lieu de confrontation entre les Carolingiens et les Émirats de Córdoue. Au centre de ces luttes, les populations locales, majoritairement basques, cherchaient à affirmer leur autonomie face aux grandes puissances. C'est dans ce contexte que les élites locales ont établi une structure politique permettant de résister aux influences extérieures
.Le rôle de la ville de Pampelune était central dans cette période. Fortifiée par les Basques, elle devint un bastion contre les incursions franques et musulmanes. Sous l’impulsion de chefs locaux tels qu’Éneko Arista, la ville se transforma progressivement en un royaume unifié. Éneko Arista, considéré comme le premier roi de Pampelune, fonda une dynastie qui réussit à consolider son autorité dans la région malgré les divisions internes et les pressions extérieures.
Au IXe et Xe siècles, le royaume de Pampelune connut une phase d’expansion territoriale et de consolidation. Cette période est marquée par l’alliance avec d’autres entités chrétiennes dans le cadre de la Reconquista. Les monarques de Pampelune s’impliquèrent dans des alliances matrimoniales stratégiques, liant leur destin à d’autres royaumes ibériques comme celui de Léon ou de Castille.
Le règne de Sanche III, surnommé "le Grand", représente l'apogée du royaume. Sous son autorité (1004-1035), Pampelune devint un centre politique et culturel influent. Sanche III fut capable d'unifier plusieurs territoires voisins et d’imposer une autorité temporaire sur l’ensemble des royaumes chrétiens de la péninsule. Sa mort provoqua cependant le morcellement du royaume, donnant naissance à de nouvelles entités politiques comme le royaume d’Aragon.
Le Royaume de Pampelune, bien qu’exposé à des influences extérieures, resta fermement attaché à son identité basque. La langue et les coutumes locales jouèrent un rôle central dans la vie quotidienne et l’administration. Cette résistance culturelle permit au royaume de préserver une certaine autonomie culturelle face aux empires plus centralisés de l’époque.
Les institutions du royaume, bien que rudimentaires comparées à celles des grands royaumes européens, étaient adaptées aux besoins de ses habitants. Elles reflétaient un système féodal naissant où les relations entre les seigneurs et les paysans étaient souvent d’ordre coutumier.
À partir du XIe siècle, le royaume de Pampelune perdit progressivement de son importance. La fragmentation politique due à la succession de Sanche III et les pressions exercées par les royaumes voisins érodèrent l’unité du royaume. Pampelune fut absorbée par le royaume de Navarre, une entité qui joua un rôle moins central dans les événements ibériques ultérieurs.
Cependant, l’héritage de Pampelune survécut à travers les siècles. En tant que berceau d’une identité basque distincte et d’un modèle politique particulier, il constitue un chapitre essentiel de l’histoire médiévale européenne.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, mars 2015.