La maison de Wessex représente l'une des dynasties les plus marquantes de l’histoire médiévale anglaise. Ses rois ont façonné l'Angleterre en répondant à des défis tant internes qu'externes. À travers une série de règnes entre 924 et 1066, la famille a consolidé un royaume hétérogène, marqué par l'héritage des invasions vikings, des alliances dynastiques complexes et une constante lutte pour l'unification du territoire. Les règnes de ces rois, tout en étant rythmés par des conflits de succession et des invasions étrangères, ont permis la construction de l’Angleterre en tant qu’entité politique.
Cet article s’intéresse à l’évolution du royaume sous les rois de Wessex entre 924 et 1016, avant de se concentrer sur la période cruciale de 1042-1066, qui voit la montée d’Edouard le Confesseur et le déclin des Anglo-Saxons avec l’arrivée des Normands.
I. Æthelstan (925-939) : Le Premier Roi d'Angleterre Unifiée
Æthelstan, fils d'Édouard l'Ancien, accède au trône en 925 après une période marquée par des luttes de succession internes. Son demi-frère Ælfweard, issu du mariage d’Édward avec sa deuxième épouse Ælfflæd, semble avoir été initialement pressenti pour prendre la tête du royaume. Cependant, Ælfweard meurt prématurément, laissant la voie libre à Æthelstan, bien que sa légitimité soit contestée par une partie de l’aristocratie du Wessex, qui préférait voir Ælfweard succéder à leur père. Ce n’est qu’après une certaine résistance que le sacre d’Æthelstan est officiellement reconnu en 925. Il se trouve alors confronté à des tensions internes, notamment avec certains des barons du Wessex qui étaient fidèles à Ælfweard, mais qui finissent par se rallier à lui grâce à sa détermination.
Dès ses premières années de règne, Æthelstan se distingue par sa vision ambitieuse de l’Angleterre unifiée. En 927, il réalise une grande prouesse en annexant le royaume de York, un territoire anciennement sous contrôle viking, et devient ainsi le premier roi d’Angleterre à régner sur l’ensemble du pays. Cette victoire marque un tournant décisif dans l’histoire de l’Angleterre, consolidant l’autorité d’Æthelstan sur un royaume qui, jusqu’alors, était fragmenté et dominé par des forces étrangères et locales.
L’une des grandes réussites d’Æthelstan est sa victoire décisive à la bataille de Brunanburh en 937. À cette époque, il fait face à une coalition formée par les Vikings de Dublin, le roi d’Écosse Constantin II et les forces du royaume de Strathclyde. Cette bataille, qui se déroule dans le nord de l'Angleterre, est un véritable tournant militaire : bien que les forces d’Æthelstan subissent des pertes importantes, sa victoire permet de repousser les menaces extérieures et d’assurer définitivement son contrôle sur le royaume. Le triomphe à Brunanburh permet de renforcer son autorité et d'affirmer la souveraineté d'Æthelstan sur l’Angleterre, consolidant ainsi l'unification de l'île sous un même souverain.
Le règne d’Æthelstan est également marqué par une réforme politique et une centralisation du pouvoir. Il s’inspire largement des réformes de son grand-père, Alfred le Grand, pour mettre en place un système législatif plus cohérent et une administration plus centralisée. Æthelstan convoque fréquemment des conseils (witenagemot) où il réunit des personnalités influentes non seulement du Wessex, mais aussi des autres régions de l'Angleterre, y compris des rois étrangers. Ces conseils sont des instances où les nobles locaux, mais aussi des souverains comme le roi de Galles ou d’Écosse, rendent hommage à son autorité, ce qui marque l’établissement d’une souveraineté qui dépasse les frontières du royaume traditionnel du Wessex. Cette politique de diplomatie active témoigne de la place qu'Æthelstan entend donner à l’Angleterre sur la scène européenne.
Malgré son célibat et l'absence d'héritier direct, Æthelstan laisse un héritage politique important. À sa mort en 939, il est succédé par son demi-frère Edmond, mais la stabilité du royaume est assurée par les bases solides qu'il a posées. Il est l’un des premiers rois à avoir vu au-delà des défis immédiats de son temps pour mettre en place une Angleterre unifiée et centrée autour d’un pouvoir royal fort et respecté. Les réformes qu’il entreprend, les victoires qu’il remporte, et la centralisation qu’il met en œuvre auront un impact durable sur les générations suivantes, qui devront faire face à des défis similaires.
II. La Maison de Wessex et l’Unification Progressive de l’Angleterre
Avant que la maison de Wessex n'émerge comme force dominante en Angleterre, le territoire anglo-saxon était constitué de plusieurs royaumes relativement indépendants. Au début du IXe siècle, ces royaumes étaient organisés autour de grands centres de pouvoir comme le Wessex, la Mercie, la Northumbrie, et l'Est-Anglie, qui rivalisaient souvent entre eux. Le Wessex, sous l'influence de rois comme Ecgberht, réussit à prendre peu à peu l'ascendant sur ses voisins. Le règne d'Ecgberht (802-839) marque ainsi un tournant crucial dans l'histoire anglaise, car il établit le Wessex comme la principale puissance du sud de l'Angleterre, bien qu'il n'ait pas réussi à unifier l'ensemble du territoire.
Cependant, l'unification de l'Angleterre sous une seule autorité est sérieusement mise à l'épreuve au IXe siècle par l'arrivée des Vikings. À partir des années 860, ces invasions vikings commencent à déstabiliser la région, menaçant non seulement les royaumes anglo-saxons du nord et de l'est, mais aussi les bases mêmes de l'Angleterre anglo-saxonne. Les Vikings, venus du Danemark et de Norvège, lancent des raids destructeurs, puis des invasions plus organisées, capturant et dévastant de nombreuses régions du royaume. En 865, une vaste armée viking connue sous le nom de la "Grande Armée Païenne" envahit l'Angleterre, mettant en déroute la Northumbrie et la Mercie et menant à l’effondrement de l’Est-Anglie. Seul le Wessex réussit à repousser cette avancée viking, notamment grâce à la résistance du roi Alfred le Grand.
C'est sous Alfred le Grand (871-899) que les fondations de l'unification de l'Angleterre sont réellement posées. Confronté à l'invasion continue des Vikings, Alfred met en place une série de réformes cruciales. Il remporte une victoire décisive contre les Danois à la bataille d'Æthandun en 878, qui marque le début de la reconquête. À partir de cette victoire, Alfred œuvre à la reconstruction d'un royaume stable et centralisé, en introduisant des réformes militaires et administratives. Il crée un réseau de fortifications défensives connues sous le nom de burhs, des citadelles stratégiquement placées pour protéger les régions vulnérables des attaques. Ces fortifications sont accompagnées de réformes dans l'organisation de l'armée et de l'administration, établissant un système de défense nationale capable de résister aux invasions.
L'héritage d'Alfred est décisif pour la maison de Wessex et pour l'unification de l'Angleterre. Après sa mort en 899, son fils Édouard l'Ancien poursuit son œuvre de consolidation et d'expansion du royaume. En 910, il remporte une victoire majeure à la bataille de Tettenhall contre les Danois de Mercie, et sous son règne, les Danois sont progressivement repoussés. Toutefois, la tâche reste ardue, car l'Angleterre reste toujours partagée entre les régions sous domination viking et celles contrôlées par les Anglo-Saxons. Les luttes internes au sein des dynasties anglo-saxonnes compliquent également la situation. Le royaume reste ainsi vulnérable aux divisions et à la pression constante des invasions vikings.
L'ascension d'Æthelstan, le fils d'Édward, est donc une étape décisive dans ce processus d'unification. À travers ses victoires, notamment en 927 lorsqu'il conquiert York et annexe le Danelaw, Æthelstan parvient à unifier l'ensemble de l'Angleterre sous une seule autorité. Cependant, les menaces vikings ne disparaissent pas avec la victoire d'Æthelstan, et la paix sera de courte durée. Le règne d’Æthelstan, bien que marquant une étape cruciale, fait face à des défis continus, notamment les incursions vikings qui ne cesseront d'être une menace tout au long du Xème siècle.
Ainsi, l’unification de l’Angleterre est un processus long et complexe, initié sous les premiers rois de Wessex, mais qui ne sera véritablement consolidé qu’à la fin du Xe siècle, après les victoires d'Æthelstan et la stabilité instaurée sous ses successeurs. Les bases posées par Alfred le Grand et Édouard l'Ancien, soutenues par les réformes législatives et administratives, permettent à Æthelstan de mettre en place un royaume plus unifié, même si les guerres et les invasions scandinaves continueront à marquer l’histoire du pays.
III. La Guerre Contre les Vikings et la Reconquête du Danelaw
La période qui suit le règne d’Æthelstan est marquée par des luttes incessantes contre les Vikings, qui continuent de représenter une menace sérieuse pour l’unité du royaume d’Angleterre. À la mort d’Æthelstan en 939, son frère Edmond Ier monte sur le trône d’un royaume encore en proie aux invasions vikings. Le Danelaw, une région au nord et à l'est de l'Angleterre qui était tombée sous le contrôle des Danois depuis les invasions précédentes, demeure un territoire contesté et hostile. Bien que le Danelaw ait été en grande partie sous domination viking, les rois de Wessex, héritiers de la vision d’Alfred le Grand, s’efforcent de récupérer ces territoires perdus.
Sous le règne d’Edmond Ier (939-946), la situation se dégrade lorsque Olaf Gothfrithson, le roi de Dublin, reprend la ville stratégique de York en 944. Cette prise de York est un coup dur pour les forces anglo-saxonnes, car elle permet aux Vikings de réaffirmer leur domination sur le nord de l'Angleterre. Cependant, Edmond ne tarde pas à réagir. En 945, il mène une série de campagnes victorieuses pour récupérer les territoires perdus, et York tombe de nouveau aux mains des Anglo-Saxons. Le roi réussit à repousser les forces vikings et à restaurer le contrôle de la Northumbrie, en stabilisant ainsi la frontière du royaume d'Angleterre face aux incursions scandinaves.
Malheureusement, Edmond meurt dans des circonstances tragiques en 946, probablement assassiné par un déserteur, mettant fin à son règne relativement court. La reconquête des terres occupées par les Vikings semble toutefois avoir progressé sous son commandement. À la suite de sa mort, c’est son frère cadet Eadred qui hérite du trône et qui poursuit la reconquête du Danelaw.
Le règne d’Eadred (946-955) est marqué par des événements décisifs qui mettront un terme à la menace viking en Angleterre. Dès son accession au pouvoir, Eadred se concentre sur la soumission de la Northumbrie, dont la population viking avait été une épine dans le pied des rois de Wessex. Après avoir consolidé sa position dans le sud, Eadred se lance dans une série de campagnes militaires pour étendre son autorité sur les terres vikingues du nord. En 952, après une série de batailles, la Northumbrie se soumet à Eadred, marquant la fin de l’indépendance viking dans la région et la reconquête totale du Danelaw.
La reconquête du Danelaw est une victoire stratégique majeure pour Eadred et pour la maison de Wessex. Elle permet de remettre sous contrôle royal l’ensemble de l'Angleterre du sud au nord, stabilisant ainsi le royaume face aux incursions étrangères et aux luttes internes. Cette reconquête prépare le terrain pour l’unification complète de l’Angleterre sous les successeurs d’Æthelstan, notamment sous le règne d’Édgar le Pacifique.
Malgré cette victoire décisive, la menace viking ne disparaît pas complètement. Les Vikings, bien qu’affaiblis, continuent de représenter une force potentielle en Grande-Bretagne, notamment au nord, et les rois de Wessex devront rester vigilants face aux incursions danoises qui resurgiront dans les décennies suivantes. Cependant, la victoire d’Eadred sur les Vikings est un moment crucial de l’histoire anglo-saxonne, marquant la fin de l’ère des invasions et la consolidation du royaume sous une seule autorité.
IV. La Diplomatie Européenne d’Æthelstan : Une Cour Cosmopolite
Æthelstan, roi d'Angleterre de 925 à 939, se distingue par son rôle exceptionnel sur la scène diplomatique européenne. Loin de se limiter à la gestion de son propre royaume, Æthelstan cherche à renforcer la position de l’Angleterre à travers des alliances stratégiques et des relations diplomatiques avec d'autres puissances européennes. Sa cour devient un véritable centre de culture et d’échanges, où se mêlent influences politiques, religieuses et culturelles. Ces efforts visent non seulement à consolider son pouvoir à l’intérieur du royaume, mais aussi à établir l’Angleterre comme un acteur majeur dans la politique européenne de son époque.
L’un des moments les plus emblématiques de la diplomatie d’Æthelstan se produit en 927, lors de la réunion à Eamont, près de Penrith, dans le nord de l’Angleterre. À cette occasion, Æthelstan convoque une réunion de rois étrangers, y compris des souverains gallois et écossais. Ce rassemblement est un événement significatif, car il montre l’influence croissante d’Æthelstan et la reconnaissance de son autorité par les autres royaumes. Ces rois viennent lui rendre hommage et lui prêter allégeance, ce qui marque une étape importante dans l’unification de l’Angleterre sous une seule couronne. À travers ce geste symbolique, Æthelstan affirme son rôle de souverain suprême des îles britanniques, mais aussi la prééminence de l’Angleterre dans les affaires européennes.
Au-delà des relations avec les royaumes voisins, Æthelstan s’engage également dans des alliances matrimoniales stratégiques qui renforcent la position de l’Angleterre en Europe. Il utilise les mariages de ses sœurs pour établir des liens solides avec des dynasties puissantes, notamment celle de la Francie. L’une de ses sœurs se marie avec Charles le Simple, roi de Francie occidentale, tandis qu’une autre épouse le duc de Flandre, Arnulf I. Ces mariages permettent à Æthelstan de tisser un réseau d’alliances qui consolide son pouvoir et étend l’influence de l’Angleterre à travers le continent. Ils témoignent de la réputation croissante du royaume anglo-saxon, désormais reconnu par les puissances continentales comme un acteur incontournable.
En outre, Æthelstan développe également des relations avec d’autres royaumes européens, notamment par le biais de l’Église. Il entretient des liens étroits avec le pape et l’Église romaine, renforçant l’importance religieuse de son règne. Il encourage la diffusion du christianisme en Angleterre et soutient les missions chrétiennes en Europe. Ces alliances religieuses ne font qu’ajouter à la légitimité de son pouvoir, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du royaume. La présence de représentants étrangers à sa cour témoigne aussi de l’attractivité de son royaume en tant que centre d’apprentissage et de culture. La cour d’Æthelstan devient ainsi un lieu d’échanges intellectuels et politiques, où les idées et les traditions européennes se rencontrent.
En somme, la diplomatie d’Æthelstan joue un rôle fondamental dans l'affirmation de l'Angleterre comme puissance reconnue en Europe. Par ses mariages, ses alliances militaires et son rôle de médiateur entre différents royaumes, Æthelstan parvient à inscrire son royaume dans un réseau complexe de relations internationales. Sa cour cosmopolite, ouverte sur l’Europe, fait de l’Angleterre un acteur incontournable dans la politique et les affaires européennes de son époque.
V. Édition Législative et Réformes sous Æthelstan et ses Successeurs
Le règne d’Æthelstan marque une étape décisive dans l’évolution législative de l’Angleterre. Inspiré par les réformes de son grand-père, Alfred le Grand, Æthelstan met en place une série de réformes visant à codifier les lois et à maintenir l’ordre public face aux diverses menaces, tant internes qu’externes. Alors que le royaume traverse des périodes de division et de turbulences dues aux incursions vikings et aux tensions internes, Æthelstan cherche à créer un système législatif solide qui puisse garantir la stabilité et la justice à l’échelle du royaume.
L’un des aspects les plus marquants de son règne est la codification des lois. Æthelstan, suivant l’exemple d’Alfred, cherche à simplifier et unifier les lois régissant les différents royaumes anglo-saxons. Cela inclut des lois sur les terres, le vol, les crimes, et la propriété, mais aussi des réformes visant à protéger les plus vulnérables, comme les orphelins et les veuves. Un des textes les plus connus d’Æthelstan est la Doomsday Book, une sorte de recueil législatif dans lequel il regroupe des lois destinées à assurer la paix et la sécurité du royaume. Ce code législatif contribue à renforcer l’autorité du roi, tout en créant un cadre juridique plus cohérent et unifié à travers l’ensemble de l’Angleterre.
Les chartes de Æthelstan, qui ont survécu jusqu’à nos jours, illustrent parfaitement son engagement en faveur de la justice. Ces documents officiels, souvent rédigés par des scribes royaux, sont des témoignages directs de la manière dont Æthelstan envisageait l’administration du royaume. Ces chartes, qui traitent de questions aussi variées que la répartition des terres, la gestion des impôts et la sécurité publique, reflètent une gouvernance plus centralisée, où le roi intervient directement dans la gestion des affaires publiques. En nommant des responsables locaux pour faire appliquer ses lois et en s’assurant que les seigneurs et les églises respectent les règles qu’il a établies, Æthelstan montre son désir d’établir une administration plus rationnelle et moins dépendante des pouvoirs locaux.
Cependant, malgré l’efficacité de ses réformes, les tentatives d'Æthelstan pour imposer un système de gouvernance centralisé n'ont pas toujours réussi à éviter la division ou les rébellions. Les tensions entre les différentes régions, notamment entre le Wessex et les territoires du Danelaw, demeurent un défi constant. Ces divisions ne seront pas résolues de manière définitive pendant son règne, et les années suivantes verront encore des luttes de pouvoir et des soulèvements locaux. Cependant, les réformes d'Æthelstan ont posé les bases d’un système de gouvernance plus stable et plus centralisé, qui sera poursuivi par ses successeurs.
Les rois suivants, comme son frère Edmond et son successeur Édred, s'appuieront sur les réformes législatives instaurées par Æthelstan. L'héritage de son système juridique perdurera, et bien que les défis internes et externes continueront de surgir, les structures qu'il a mises en place auront une influence durable sur le développement du royaume anglais. La centralisation du pouvoir, renforcée par des réformes législatives, devient ainsi l'un des piliers de la politique des successeurs d'Æthelstan, qui continueront de renforcer l'autorité royale face aux menaces internes et aux pressions extérieures.
VI. Conclusion : Une Monarchie en Transition et un Royaume Fragile
Les règnes d'Æthelstan, de ses frères, et de ses successeurs directs constituent une période charnière pour la maison de Wessex et l’histoire de l’Angleterre. Sous leur leadership, l’Angleterre connaît une phase de consolidation et d’unification, marquée par des réformes législatives, des victoires militaires et une diplomatie active. Æthelstan, en particulier, réussit à étendre son autorité sur l’ensemble de l’île, consolidant ainsi l’unité du royaume. Ses successeurs, Edmond et Eadred, poursuivent cet effort de reconstruction et de stabilisation du royaume face aux incursions vikings et aux défis internes. Ensemble, ces rois établissent les bases d’un royaume plus centralisé et puissant.
Cependant, cette période de prospérité pour la maison de Wessex se termine rapidement avec l'ascension d’Édouard le Confesseur, dont le règne marque l'apogée de la monarchie anglo-saxonne. Bien qu’Édward ait réussi à maintenir une certaine stabilité, la fin de son règne en 1066 ouvre une période de crise de succession qui débouchera sur l'invasion normande. La rivalité entre Harold Godwinson, le dernier roi anglo-saxon, et Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, précipite la confrontation finale à la bataille d'Hastings. La défaite de Harold et la conquête de l'Angleterre par Guillaume marquent la fin de la dynastie des Wessex, mettant un terme à l'ère anglo-saxonne et ouvrant la voie à l’implantation normande.
En résumé, les rois de la maison de Wessex ont réussi à consolider et à unifier l’Angleterre, jetant les bases d'une monarchie forte qui, malgré les nombreux défis internes et externes, a permis au royaume de prospérer durant une période clé de son histoire. Cependant, la transition vers la conquête normande et la défaite de 1066 mettront fin à cette dynastie, marquant ainsi une rupture dans l'histoire politique de l’Angleterre. Les réalisations des rois de Wessex resteront cependant un modèle pour les générations futures, et leur héritage influencera profondément l’évolution de la monarchie anglaise.
Liste des Rois de la Maison de Wessex avec faits majeurs
Egbert (802-839)
Egbert est souvent considéré comme le premier roi de Wessex à avoir établi une domination sur l'ensemble du sud de l'Angleterre. Il réussit à unifier les royaumes anglo-saxons du sud, en prenant l'ascendant sur la Mercie et l'Est-Anglie. En 825, il inflige une défaite décisive à Beornwulf de Mercie à la bataille de Ellandun, établissant ainsi la prééminence de Wessex sur ses voisins. Son règne marque le début de l'expansion de la puissance de Wessex, bien que des rébellions vikings viennent plus tard troubler la stabilité de son royaume.
Æthelwulf (839-856)
Æthelwulf est le fils d'Egbert et poursuit l'œuvre de consolidation du royaume de Wessex. Il est particulièrement connu pour ses efforts de défense contre les invasions vikings. En 853, il mène une expédition en Francie, et son mariage avec Judith de Flandre, fille de Charles le Chauve, renforce les liens diplomatiques avec le continent. Cependant, son règne est perturbé par des attaques vikings régulières, mais il parvient à maintenir la stabilité du royaume. À sa mort, il divise le royaume entre ses fils, avec son fils aîné Æthelbald prenant le contrôle de Wessex.
Æthelbald (856-860)
Æthelbald, le fils d’Æthelwulf, accède au trône après la mort de son père, mais son règne est relativement court et marqué par des conflits internes. Il s’empare du trône contre la volonté de son père, qui avait divisé son royaume entre ses fils. Son règne est également marqué par les premières invasions vikings sérieuses dans la région, mais Æthelbald ne parvient pas à repousser efficacement cette menace. Il est tué en 860, et son frère Æthelbert lui succède.
Æthelbert (860-865)
Æthelbert, frère d'Æthelbald, succède à son frère sur le trône de Wessex, mais son règne est très court. Il n’a pas la possibilité de mener une politique significative avant de mourir en 865. L'influence des Vikings dans le royaume est grandissante à cette époque, et Æthelbert n'a pas les moyens de faire face à cette nouvelle menace.
Æthelred I (865-871)
Æthelred I, autre fils d’Æthelwulf, monte sur le trône après la mort de son frère Æthelbert. Son règne est marqué par les incursions vikings répétées. En 865, la Grande Armée Païenne viking débarque en Angleterre, et Æthelred mène plusieurs campagnes pour repousser les envahisseurs. Cependant, malgré quelques victoires, les Vikings continuent de menacer Wessex. Æthelred meurt en 871 lors de la bataille de Ashdown, où il lutte contre les forces vikings.
Alfred le Grand (871-899)
Alfred le Grand est l'un des rois les plus célèbres de l'histoire anglaise. Son règne est dominé par les invasions vikings, et il est principalement connu pour sa victoire décisive à la bataille d'Æthandun en 878 contre la Grande Armée Païenne, après avoir survécu à une fuite vers l'ouest de l'Angleterre. Alfred met en place une série de réformes militaires, dont la construction de fortifications, et établit un système de défense basé sur des "burhs" (forts). Il réussit à repousser les Vikings et à instaurer la paix dans une large partie de l'Angleterre. Alfred est également connu pour sa promotion de l'éducation et de la culture, ainsi que pour ses réformes législatives et religieuses. À sa mort, son fils Édouard l'Ancien lui succède.
Édouard l'Ancien (899-924)
Édouard l'Ancien, fils d'Alfred le Grand, poursuit les réformes de son père et mène la guerre contre les Vikings pour étendre l'influence de Wessex sur toute l'Angleterre. Il réussit à annexer le Danelaw (les terres occupées par les Vikings) après avoir vaincu les Danois de Mercie. Son règne est marqué par l'effort de réunification de l'Angleterre et par l'amélioration des infrastructures militaires et administratives. Il meurt en 924, laissant son royaume entre de bonnes mains, mais ses successeurs devront encore lutter contre les Vikings pour conserver le contrôle du territoire.
Æthelstan (924-939)
Æthelstan, fils aîné d'Édouard l'Ancien, est le premier roi à régner sur toute l'Angleterre. En 927, il conquiert York, établissant ainsi la domination anglo-saxonne sur le Danelaw. Æthelstan remporte la célèbre victoire à la bataille de Brunanburh en 937 contre une coalition des Vikings, des Écossais et des Gallois, consolidant ainsi son autorité sur l’ensemble du royaume. Il met en place des réformes législatives et crée une administration centralisée, renforçant la position de la couronne. Son règne marque un âge d'or pour la maison de Wessex, mais il meurt sans héritier direct, et son frère Edmond lui succède.
Edmond Ier (939-946)
Edmond Ier, frère d'Æthelstan, prend le trône après la mort de ce dernier. Son règne est marqué par des luttes incessantes contre les Vikings, qui réussissent à reprendre York en 944. Cependant, Edmond parvient à récupérer les territoires perdus et à restaurer l'autorité de Wessex dans le nord. Son règne est relativement court, car il est assassiné en 946. Après sa mort, c'est son frère Eadred qui lui succède.
Eadred (946-955)
Eadred, frère cadet d'Edmond, hérite d’un royaume toujours menacé par les Vikings. Il mène la dernière phase de la reconquête du Danelaw, réussissant à soumettre définitivement la Northumbrie en 952. Les Vikings qui occupaient le nord de l'Angleterre se soumettent à son autorité, consolidant ainsi l'unité du royaume. Eadred, bien qu’ayant triomphé sur les envahisseurs, souffre de graves problèmes de santé et meurt en 955.
Édgar le Pacifique (959-975)
Édgar le Pacifique, fils d'Edmond Ier, monte sur le trône après la mort de son oncle Eadred. Il est célèbre pour avoir apporté la stabilité et la prospérité à l'Angleterre, consolidant le royaume et favorisant l'unité. Son règne est marqué par la paix, et il réussit à établir des relations diplomatiques solides avec les rois d’Écosse et du pays de Galles, tout en obtenant leur soumission. Edgar soutient également la réforme monastique en Angleterre et renforce l'Église. Son surnom de "Pacifique" reflète la paix relative qu’il réussit à instaurer pendant son règne. Il meurt en 975, laissant le trône à son fils Édward.
Édward le Martyr (975-978)
Édward le Martyr, fils aîné d'Édgar, monte sur le trône à l'âge de 13 ans. Son règne est marqué par des tensions avec la noblesse et les conflits avec sa belle-mère Ælfthryth. Son assassinat à l'âge de 16 ans laisse le royaume en crise de succession. Bien que son règne ait été bref, il est canonisé par l'Église pour sa piété et son martyr.
Æthelred le Malavisé (978-1016)
Æthelred II, surnommé "le Malavisé", est un roi au règne marqué par l’incapacité à résoudre les crises internes et la menace viking persistante. En réponse aux attaques vikings, il adopte la politique du "Danegeld", en payant les Danois pour éviter les invasions. Cependant, cette stratégie échoue et, en 1013, les Danois sous Sven à la Barbe Fourchue envahissent l'Angleterre. Après la mort de Sven, Æthelred revient brièvement sur le trône, mais les invasions vikings continuent. En 1016, après la défaite d’Æthelred face à Knut le Grand, il meurt, laissant la couronne à son fils Edmund.
Edmond Côte-de-Fer (1016)
Edmond II, surnommé "Côte-de-Fer", succède brièvement à Æthelred. Il lutte contre Knut le Grand, roi danois, pour le trône. Après une série de batailles, Edmond est tué en 1016, et Knut devient roi d'Angleterre. Sa mort met fin à l'ère anglo-saxonne et marque le début de la domination danoise.
Édward le Confesseur (1042-1066)
Édward le Confesseur, fils d'Edmond Côte-de-Fer, monte sur le trône après l'extinction de la dynastie danoise. Son règne est marqué par la paix intérieure et une prospérité relative. Cependant, à sa mort en 1066, une crise de succession éclate, donnant lieu à l’invasion normande de Guillaume le Conquérant, qui revendique le trône, marquant la fin de la dynastie des Wessex et le début de la conquête normande.
Harold Godwinson (1066)
Harold II, dernier roi anglo-saxon, monte sur le trône après la mort d'Édward le Confesseur. Sa couronne est contestée par Guillaume le Conquérant et Harald Hardrada. Après avoir vaincu Harald Hardrada à Stamford Bridge, Harold est défait par Guillaume à la bataille d’Hastings le 14 octobre 1066. Il meurt sur le champ de bataille, mettant ainsi fin à l'ère anglo-saxonne.
Sources :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, Mars 2014