Le 2 septembre 31 av. J.-C., la bataille d’Actium marque un tournant décisif dans l’histoire romaine, opposant Octave, futur empereur Auguste, à Marc Antoine, allié à Cléopâtre VII d’Égypte. Cette bataille navale, qui se déroule dans le golfe Ambracique près de la côte occidentale de la Grèce, est le point culminant des tensions grandissantes entre les deux anciens triumvirs. Le contrôle de Rome et de ses provinces, ainsi que l'avenir du monde méditerranéen, sont en jeu dans ce conflit épique, où ambitions politiques et passions personnelles se mêlent.
La flotte d’Octave, sous le commandement stratégique d’Agrippa, comprend environ 350 navires légers, conçus pour la vitesse et la manœuvrabilité. Ces navires sont parfaitement adaptés aux tactiques d’encerclement et de harcèlement, qui privilégient la mobilité sur la puissance brute. Agrippa, maître tacticien, a également renforcé ses forces avec des marins entraînés et bien équipés, assurant une coordination efficace entre les vaisseaux.
La flotte coalisée de Marc Antoine et Cléopâtre aligne entre 170 et 300 navires, selon les sources antiques, constituant une force plus imposante mais moins agile. Ces vaisseaux, certains pesant entre 500 et 1 000 tonnes métriques, sont armés de catapultes et équipés pour le combat rapproché. Leur taille les rend cependant plus lents et moins adaptés aux manœuvres rapides. La flotte égyptienne, quant à elle, apporte une touche de mobilité, mais ses navires ne suffisent pas à compenser la lourdeur de l’ensemble des forces coalisées.
La flotte de Marc Antoine et Cléopâtre, assiégée dans le golfe ambracique, est à bout de forces. Les troupes souffrent de maladies comme la malaria et sont en proie à des pénuries de ravitaillement. Cette situation critique pousse Marc Antoine à tenter une sortie désespérée pour briser le blocus d’Octave. Cependant, les conditions météorologiques ne jouent pas en leur faveur : des vents contraires entravent leur capacité à manœuvrer efficacement.
Octave et son commandant Agrippa disposent d’une flotte parfaitement entraînée et positionnée pour exploiter les faiblesses de l’ennemi. Leurs navires, plus légers et rapides, se préparent à encercler les vaisseaux coalisés, concentrant leurs efforts sur la désorganisation des lignes ennemies. La discipline et la coordination entre les équipages d'Octave confèrent un net avantage tactique.
Lorsque Marc Antoine lance son offensive, les vents défavorables dispersent sa flotte. Incapables de se regrouper efficacement, les vaisseaux lourds deviennent des cibles faciles pour les navires légers d’Agrippa. Les forces coalisées tentent de riposter en utilisant leurs catapultes et en engageant des combats rapprochés, mais leur lenteur les rend vulnérables aux attaques agiles des navires d’Octave.
Agrippa utilise les grappins pour immobiliser les navires ennemis, les rendant incapables de manœuvrer. Plusieurs vaisseaux coalisés sont incendiés, tandis que d’autres, voyant l’issue défavorable, choisissent de se rendre. Une partie de la flotte, notamment des chefs comme Caius Sosius, est soupçonnée de trahison, accélérant l’effondrement des forces d’Antoine.
Cléopâtre, voyant la bataille perdue, quitte les lieux avec une petite escadre de navires égyptiens. Marc Antoine, désespéré, parvient à rejoindre Cléopâtre, mais leur fuite scelle le sort de leur armée. L’abandon de leurs troupes achève de briser le moral des soldats coalisés.
La défaite à Actium marque le début de la fin pour Marc Antoine et Cléopâtre. En retraite vers Alexandrie, ils tentent de reconstituer leurs forces, mais leur soutien politique et militaire s’effondre rapidement. En 30 av. J.-C., Octave lance une campagne décisive en Égypte. Acculés, Marc Antoine se suicide après une dernière bataille infructueuse, et Cléopâtre met fin à ses jours peu après, refusant d’être exhibée comme trophée dans un triomphe romain. La mort de Cléopâtre scelle la fin de l’ère ptolémaïque et marque l’intégration définitive de l’Égypte dans l’Empire romain.
La victoire d’Actium consacre Octave comme le maître incontesté du monde romain. Cette bataille clôt les décennies de guerres civiles qui ont fragilisé la République. En éliminant Marc Antoine et ses soutiens, Octave unifie le pouvoir sous sa direction, stabilisant le régime et rétablissant l’ordre dans les provinces romaines.
Avec la disparition de ses principaux rivaux, Octave entreprend une transformation politique. En 27 av. J.-C., il reçoit le titre honorifique d’Auguste du Sénat, établissant le principat. Cette réforme marque la transition de la République à l’Empire romain, où l’autorité centrale repose sur un seul homme. Actium, ainsi, devient le symbole fondateur de cette nouvelle ère politique, marquant le début de la Pax Romana qui durera plus de deux siècles.