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La bataille de Chrysopolis (18 septembre 324 apr. J.-C.)

La bataille de Chrysopolis constitue l’affrontement décisif entre Constantin Ier et Licinius, marquant la fin d’une lutte acharnée pour la domination absolue de l’Empire romain. En remportant cette victoire, Constantin devient l’unique empereur, mettant un terme définitif à la période de la Tétrarchie instaurée par Dioclétien.


Contexte historique

La montée en puissance de Constantin

Depuis la mort de Galère en 311, les relations entre Constantin et Licinius sont marquées par une rivalité croissante. Bien qu’ils aient collaboré temporairement pour vaincre Maximin Daïa, leurs ambitions respectives pour un contrôle total de l’Empire mènent à des affrontements militaires, notamment à Andrinople et dans l’Hellespont, où Licinius subit des défaites importantes.

Prélude à Chrysopolis

Après la défaite navale de Licinius à l’Hellespont, remportée par Crispus, fils de Constantin, Licinius évacue Byzance et regroupe ses forces à Chalcédoine, sur la rive asiatique du Bosphore. Il cherche à renforcer son armée en intégrant les troupes de Martinien, son coempereur récemment nommé, et des auxiliaires wisigoths. Cependant, Constantin, après avoir traversé le Bosphore, prend l’initiative de l’affrontement final.


Déroulement de la bataille

Les forces en présence

  • Constantin Ier : Bien que les effectifs précis de son armée soient inconnus, Constantin dispose d’une force bien entraînée, galvanisée par ses victoires récentes. Le labarum, symbole chrétien, joue un rôle central dans la cohésion et la motivation de ses troupes.
  • Licinius : Malgré les renforts de Martinien et de ses Wisigoths, Licinius dispose d’une armée affaiblie par ses précédentes défaites. Ses troupes, alignées derrière des symboles païens, manquent de l’unité et du moral nécessaires pour affronter Constantin.

Le combat

  1. Positionnement : Les forces de Licinius convergent vers Chrysopolis, mais Constantin, déjà en position avantageuse, décide d’attaquer immédiatement.
  2. Assaut frontal : Contrairement à d'autres batailles où des stratégies complexes sont mises en œuvre, Chrysopolis est marquée par une charge directe et massive de l’armée de Constantin.
  3. Déroute de Licinius : Sous la pression de l’assaut de Constantin, les lignes de Licinius s’effondrent. L’armée subit des pertes considérables, estimées entre 25 000 et 30 000 morts, tandis qu’une partie importante des troupes désertent.

La fuite de Licinius

Licinius, ayant survécu à la bataille, parvient à se replier avec environ 30 000 hommes vers Nicomédie, mais sa position devient de plus en plus précaire face à la pression constante de Constantin.


Conséquences immédiates

La fin de la Tétrarchie

  • Reddition de Licinius : Conscient de l’impossibilité de continuer la lutte, Licinius se rend à Constantin peu après la bataille, espérant sauver sa vie grâce à l’intervention de Constantia, sœur de Constantin et épouse de Licinius.
  • Exécution de Licinius : Bien que sa vie soit initialement épargnée, Constantin le fait exécuter quelques mois plus tard, invoquant des soupçons de complot. Son coempereur Martinien subit le même sort.

Unification de l’Empire

Avec la défaite de Licinius, Constantin devient le maître unique de l’Empire romain, une position qu’aucun empereur n’avait occupée depuis Dioclétien. Cette victoire marque la fin de la division de l’Empire en entités concurrentes.


Conséquences historiques

L’essor du christianisme

  • Confirmation du rôle du labarum : La victoire de Chrysopolis est attribuée par Constantin au soutien divin du Dieu chrétien, symbolisé par le labarum. Cette interprétation renforce l’association de son règne avec le christianisme.
  • Consolidation religieuse : L’élimination de Licinius, qui soutenait encore les cultes païens, permet à Constantin d’accélérer la promotion du christianisme, notamment par le biais du Concile de Nicée en 325.

Fondation de Constantinople

Le choix de Byzance (Constantinople) comme nouvelle capitale impériale, annoncé peu après la bataille, souligne l’importance stratégique et symbolique de l’Orient pour Constantin. Cette décision marque un tournant dans l’histoire de l’Empire, faisant de Constantinople un centre politique, religieux et culturel.

Un modèle d’autocratie

La victoire à Chrysopolis permet à Constantin d’instaurer un pouvoir impérial centralisé et absolu. Cette consolidation marque la fin définitive du système de la Tétrarchie et prépare la transition vers un empire chrétien unifié.


Analyse historique

Une bataille décisive mais brutale

Chrysopolis illustre la détermination de Constantin à consolider son autorité par tous les moyens. Bien que les pertes humaines soient importantes, la bataille est un exemple de l’efficacité des stratégies directes lorsque le moral des troupes est élevé.

Un tournant religieux

L’affrontement revêt également une dimension religieuse, symbolisant le triomphe du christianisme sur les cultes païens traditionnels. Cette interprétation, largement diffusée par Constantin, contribue à légitimer son règne auprès de la population chrétienne croissante de l’Empire.


Sources et références

  1. Zosime, Nouvelle Histoire.
  2. Eutrope, Abrégé de l’histoire romaine.
  3. Lactance, De la mort des persécuteurs.
  4. Odahl, Charles Matson, Constantine and the Christian Empire, Routledge, 2010.
  5. Grant, Michael, Constantine the Great: The Man and His Times, Scribner, 1993.

Aiuteur : Stéphane Jeanneteau

Mars 2011