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La bataille de Langres (298 apr. J.-C.)

La bataille de Langres, survenue en 298 apr. J.-C., est un affrontement clé entre les forces romaines dirigées par le César Constance Chlore et les envahisseurs alamans. Cet événement met en lumière les défis de la défense des frontières romaines face aux incursions barbares, ainsi que la résilience stratégique des forces romaines malgré des circonstances initialement défavorables.


Contexte historique

Les incursions alamannes

Les Alamans, une confédération de tribus germaniques, intensifient leurs incursions en Gaule romaine au IIIᵉ siècle, profitant des crises internes et des faiblesses de l'Empire. En 298, un raid de grande ampleur traverse les frontières du Rhin, menaçant les villes et la population gallo-romaines.

Constance Chlore et la défense de la Gaule

Constance Chlore, alors César sous le règne de l’empereur Dioclétien, est responsable des provinces de l’Ouest, dont la Gaule. Connu pour ses compétences militaires et administratives, il mobilise rapidement ses forces pour répondre à l'incursion alamane. Cependant, la rapidité de l’invasion le surprend avec une petite force, l’obligeant à agir immédiatement.


La bataille

L’embuscade et le siège

  • Surprise initiale : Constance Chlore, avec une troupe réduite, est attaqué par surprise près de Langres, une ville fortifiée de la Gaule. En infériorité numérique face à l’armée alamane, il se replie vers la ville.
  • Refus d’entrée dans la ville : Les habitants de Langres, craignant pour leur propre sécurité, ferment leurs portes, obligeant Constance, blessé, à être hissé à l’intérieur des murs à l’aide de cordes.
  • Le siège de Langres : Les Alamans encerclent la ville et entreprennent un siège. La situation semble critique pour les Romains, qui manquent de troupes pour tenir une position prolongée.

L’arrivée des renforts et la contre-attaque

  • Secours romain : Une force de secours, alertée de l’attaque, converge rapidement vers Langres. Ces troupes incluent probablement des vexillationes prélevées sur des garnisons locales et des unités mobiles basées à proximité.
  • Renversement de situation : En moins de six heures, la situation bascule. Voyant l’arrivée des renforts, Constance Chlore organise une sortie depuis Langres, prenant les Alamans au dépourvu alors qu’ils fêtaient leur victoire.
  • La victoire romaine : Les Alamans, pris entre la garnison et les renforts extérieurs, subissent une lourde défaite. Les sources romaines rapportent des pertes importantes pour les Alamans, bien que les chiffres de 60 000 morts soient probablement exagérés pour magnifier la victoire.

Conséquences

Pour les Romains

  • Consolidation de la frontière : Cette victoire permet de rétablir temporairement la sécurité dans la région, freinant les incursions alamannes.
  • Prestige de Constance Chlore : Cet exploit renforce la réputation militaire de Constance, qui sera plus tard proclamé Auguste en 305 apr. J.-C.
  • Renforcement de la défense en Gaule : L’Empire continue de renforcer les frontières rhénanes, adoptant des stratégies plus défensives pour prévenir de futures incursions.

Pour les Alamans

  • Affaiblissement temporaire : Les pertes subies à Langres réduisent leur capacité à mener des raids de grande envergure dans l'immédiat. Cependant, ils demeurent une menace persistante pour l’Empire.

Analyse historique

Une victoire éclatante mais précipitée

La bataille de Langres est un exemple classique de la résilience militaire romaine, où une situation désespérée est renversée grâce à une combinaison de discipline, de renforts rapides et d’un commandement stratégique efficace. Toutefois, l’exagération des pertes ennemies par les sources romaines souligne l’importance accordée à cette victoire dans le contexte des défis constants posés par les tribus germaniques.

Un reflet des tensions frontalières

Cet affrontement illustre également les défis posés par les incursions barbares au IIIᵉ siècle, un problème aggravé par la nécessité pour Rome de maintenir des garnisons sur plusieurs fronts et de réagir rapidement à des attaques imprévues.



Sources et références

  1. Eutrope, Abrégé de l’histoire romaine.
  2. Aurélius Victor, De Caesaribus.
  3. Southern, Pat, The Roman Empire from Severus to Constantine, Routledge, 2001.
  4. Heather, Peter, The Fall of the Roman Empire: A New History of Rome and the Barbarians, Oxford University Press, 2006.
  5. Drinkwater, John F., The Alamanni and Rome 213–496 (Caracalla to Clovis), Oxford University Press, 2007.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Mars 2011