La bataille de Pharsale, en Thessalie, marque un tournant décisif dans la guerre civile romaine entre Jules César et Pompée. Après la retraite de César de Dyrrachium et sa poursuite par Pompée, les deux armées se rencontrent près du fleuve Énipeus. Malgré une infériorité numérique significative — environ 22 000 hommes contre 45 000 soldats pompéiens, dont une forte cavalerie — César est déterminé à affronter son rival dans une bataille décisive pour mettre fin au conflit.
César installe son camp au nord du fleuve Énipeus, tandis que Pompée positionne le sien à quelques kilomètres au nord-ouest. Après plusieurs jours de manœuvres sans engagement majeur, les deux armées se rangent finalement en ligne de bataille. Pompée, confiant en sa supériorité numérique et en sa cavalerie — composée principalement de jeunes mercenaires —, espère déborder et écraser l’aile droite de César, tenue par la Xᵉ légion, la plus expérimentée et fidèle à César.
Pompée mise sur une stratégie défensive. Il ordonne à ses troupes de ne pas charger et de tenir leur position, espérant que les soldats de César, épuisés par une charge prolongée, arriveraient désorganisés. Cette tactique vise à capitaliser sur l'avantage numérique et à laisser la cavalerie effectuer une manœuvre de flanc décisive.
César, anticipant la manœuvre de Pompée, renforce son aile droite en y plaçant huit cohortes en soutien de sa cavalerie. Ces unités d’élite reçoivent un ordre précis : viser directement le visage des cavaliers pompéiens. L’objectif est de semer la panique parmi ces jeunes et souvent inexpérimentés mercenaires, plus préoccupés par leur apparence que par leur honneur militaire.
Lorsque les lignes des deux armées entrent en contact, les soldats de César, avertis de la tactique défensive de Pompée, avancent jusqu’à mi-chemin avant de s’arrêter pour reprendre leur formation. Ce mouvement intelligent neutralise l’effet d’épuisement attendu par Pompée.
Sur l’aile droite, la cavalerie de Pompée engage celle de César, initialement repoussée. Cependant, les huit cohortes de soutien romaines passent à l’action, frappant les cavaliers pompéiens au visage. Cette attaque brutale provoque une débandade de la cavalerie de Pompée, qui s’effondre sous la pression. Les cohortes de César poursuivent leur assaut et contournent le flanc gauche des troupes pompéiennes, attaquant par l’arrière.
Avec son flanc gauche enfoncé et sa cavalerie mise en déroute, l’armée de Pompée est presque encerclée. La Xᵉ légion de César, soutenue par les cohortes de réserve, lance une attaque décisive qui brise les lignes pompéiennes. Les soldats de Pompée, privés de leadership et désorganisés, sont rapidement submergés. L’armée de Pompée est détruite sur place, marquant une victoire totale pour César.
La bataille de Pharsale consacre Jules César comme maître incontesté de Rome. Pompée, ayant fui le champ de bataille, se réfugie en Égypte, où il sera assassiné peu après sur ordre de Ptolémée XIII. La victoire de César met fin à la résistance sénatoriale organisée et ouvre la voie à l’établissement de son pouvoir personnel.
Cependant, cette victoire ne marque pas la fin de la guerre civile. César doit encore affronter des foyers de résistance en Afrique et en Hispanie avant de consolider pleinement son autorité.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Mars 2011