3 min lu
La bataille de Trèbie -218

Contexte de la Bataille de la Trébie (218 av. J.-C.)

Après sa défaite à la bataille du Tessin, le consul Publius Cornelius Scipio se replie sur les rives de la Trébie pour attendre les renforts de l’autre consul, Tiberius Sempronius Longus. Durant ce laps de temps, les forces d’Hannibal continuent d'attirer les tribus gauloises du nord de l’Italie, renforçant ses rangs avec des guerriers celtes. Cette stratégie affaiblit les positions romaines, car certains alliés gaulois de Rome font défection pour rejoindre Hannibal.

Une escarmouche entre les cavaleries romaines et numides a lieu quelques jours avant la bataille. Les Romains l’emportent légèrement, ce qui redonne confiance aux troupes après leur échec au Tessin. Cependant, cette victoire mineure renforce également l’impatience de Sempronius, qui décide d’affronter Hannibal malgré des conditions défavorables, sans attendre l’organisation d’une meilleure stratégie conjointe avec Scipio.

Hannibal, de son côté, exploite habilement l’environnement et le moral de ses troupes pour tendre une embuscade. En plaçant des troupes sous le commandement de son frère Magon dans un terrain marécageux à proximité, il se prépare à un combat décisif.


Déroulement de la bataille

À l’aube, Hannibal envoie sa cavalerie numide pour provoquer une sortie précipitée des Romains. Sempronius, désireux d’engager rapidement la bataille, ordonne à son armée de traverser la rivière Trébie, en crue et glacée. Les soldats romains, déjà mal préparés pour affronter le froid, arrivent sur le champ de bataille épuisés et frigorifiés. De leur côté, les Carthaginois avaient soigneusement préparé leurs forces en se réchauffant près de feux et en s’enduisant d’huile pour protéger leur corps du froid.

Hannibal dispose son armée avec les frondeurs des Baléares en première ligne, l’infanterie au centre, la cavalerie sur les ailes, et les éléphants de guerre en soutien. Les Romains, comme à leur habitude, placent leur infanterie lourde au centre, soutenue par des alliés sur les flancs. Cependant, leur cavalerie est déjà affaiblie par sa confrontation avec les numides.

La bataille commence par une attaque des frondeurs carthaginois qui harcèlent les Romains. Les frondeurs se replient rapidement pour laisser place à l’infanterie, tandis que les cavaliers numides contournent les ailes romaines, semant la panique dans leurs rangs. Au centre, l’infanterie romaine résiste avec bravoure, mais sa traversée du fleuve l’a considérablement affaiblie. La situation se dégrade pour les Romains lorsque Magon surgit de son embuscade et attaque leurs arrières, les prenant en étau.

Face à cet encerclement, l’armée romaine s’effondre. Les auxiliaires paniquent et s’enfuient, suivis par des groupes de soldats romains cherchant refuge dans les bois ou tentant de retraverser la rivière.



Conséquences immédiates

La défaite romaine à la Trébie est dévastatrice. Une grande partie de l’armée est anéantie, et ceux qui survivent se replient désorganisés vers leurs campements ou vers Plaisance. Bien qu’Hannibal perde plusieurs éléphants à cause du froid et des blessures, ses forces restent en grande partie intactes et renforcées par les Gaulois qui continuent de le rejoindre.

Cette victoire permet à Hannibal de consolider sa position en Italie du Nord et de semer la peur à Rome. Le Sénat romain prend alors conscience de la gravité de la menace représentée par Hannibal. Les pertes romaines et l’humiliation subie à la Trébie marquent le début de la série de désastres que Rome devra endurer pendant la deuxième guerre punique.


Sources :

  1. Polybe, Histoires, Livre III : récit détaillé des stratégies d’Hannibal et de la bataille.
  2. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXI : description de l'engagement et des conséquences pour Rome.
  3. Goldsworthy, Adrian, The Punic Wars: analyse moderne des batailles et des tactiques carthaginoises.
  4. Bagnall, Nigel, The Punic Wars: Rome, Carthage, and the Struggle for the Mediterranean.

Auteur : Stéphane Jeanneteau

Janvier 2011