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La bataille de Vérone (403 Ap. J.C.)

la révolte des Wisigoths et l’invasion de l’Italie

En 401, les Wisigoths, sous la direction de leur roi Alaric, se révoltent contre l’Empire romain d’Occident. Installés en Illyrie après le foedus de 382, qui leur accordait des terres en échange d’une alliance militaire, les Wisigoths se tournent contre l’Empire, mécontents de leurs conditions de vie et en quête de nouvelles opportunités de pillage et de domination.

Leur invasion de l’Italie commence par le pillage d’Aquilée et un siège de Milan, la résidence impériale d’Honorius. L’arrivée rapide du général Stilicon, régent et véritable homme fort de l’Empire, force cependant Alaric à abandonner son siège. Cette intervention souligne la fragilité de l’Empire d’Occident, mais aussi les talents militaires de Stilicon, qui réorganise à la hâte une armée dispersée pour répondre à cette menace.


La bataille de Pollentia : prémices de la confrontation

Le 6 avril 402, Stilicon affronte Alaric lors de la bataille de la plaine de Pollentia, où il remporte une victoire significative. Les Wisigoths subissent des pertes importantes, mais leur force reste suffisante pour qu’Alaric refuse de quitter l’Italie immédiatement. En dépit de cette victoire, l’Empire ne parvient pas à éliminer la menace gothique, et Alaric continue son périple, pillant des villes sur son passage tout en évitant une confrontation directe avec les troupes romaines.


L’été 403 : l’assaut sur Vérone

Après s’être retiré temporairement en direction de la Pannonie, Alaric réapparaît en Vénétie à l’été 403, où il assiège la ville de Vérone. La cité, stratégique pour le contrôle des routes vers le nord de l’Italie, est une cible cruciale pour les Wisigoths. Cependant, Stilicon, fort de son succès à Pollentia, regroupe ses forces et prend Alaric de vitesse.

Les deux armées s’affrontent lors de la bataille de Vérone, une confrontation majeure. Les troupes romaines, renforcées par des contingents levés à la hâte en Gaule et en Bretagne, infligent une nouvelle défaite cuisante aux Wisigoths. Cette fois, Alaric est sur le point d’être capturé, une humiliation qui aurait marqué la fin de sa carrière. Bien qu’il parvienne à s’échapper, cette défaite met un terme à son expédition en Italie. Contraint de se replier, il retourne en Illyrie, abandonnant ses ambitions immédiates contre Rome.


Les conséquences immédiates : victoire romaine et célébrations

La victoire de Stilicon à Vérone est un triomphe stratégique et symbolique pour l’Empire romain d’Occident. Elle empêche non seulement la chute de Vérone, mais également un potentiel siège ou sac de Rome, qui constituait vraisemblablement l’objectif ultime d’Alaric. Cette victoire est célébrée avec faste : Stilicon et l’empereur Honorius organisent un triomphe à Rome, accompagné de festivités somptueuses qui rappellent les grandes heures de la gloire romaine.

Pour Stilicon, cette victoire renforce son prestige en tant que protecteur de l’Empire. Elle constitue également une rare opportunité pour l’Empire romain d’Occident d’affirmer une supériorité militaire face à une menace barbare croissante, bien que cet équilibre reste précaire.


Analyse stratégique et limites de la victoire

Malgré la victoire à Vérone, les problèmes structurels de l’Empire romain d’Occident persistent. L’armée, affaiblie par des décennies de crise économique et politique, dépend de plus en plus des fédérés barbares, ce qui limite sa fiabilité à long terme. Stilicon, bien que talentueux, doit composer avec une administration impériale instable et une succession de crises internes.

Pour Alaric et les Wisigoths, cette défaite n’est qu’un revers temporaire. Ils réapparaîtront en 410 pour le sac de Rome, montrant que, malgré des victoires locales, l’Empire ne parvient pas à résoudre durablement la question des populations barbares sur son territoire.


Sources et références

  1. Edward Gibbon, The Decline and Fall of the Roman Empire.
  2. Ammien Marcellin, Res Gestae.
  3. Peter Heather, The Fall of the Roman Empire: A New History of Rome and the Barbarians.
  4. Claudien, Panégyriques de Stilicon.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Mars 2011