La bataille de Zama, survenue en -202, marque l’issue décisive de la Deuxième Guerre punique, opposant les forces romaines dirigées par Scipion l’Africain à l’armée carthaginoise commandée par Hannibal Barca. Cette confrontation scelle la défaite de Carthage et confirme l’hégémonie de Rome sur la Méditerranée occidentale. En numérotant les tactiques et stratégies de ses deux protagonistes légendaires, cette bataille demeure un modèle d’étude dans l’art de la guerre antique.
Après près de deux décennies de guerre, les forces romaines ont pris l’avantage sur Carthage. Les batailles clés d’Ilipa en Hispanie (-206) et des Grandes Plaines (-203) ont affaibli Carthage, forçant le Sénat carthaginois à rappeler Hannibal d’Italie. À son retour, Hannibal trouve une ville vulnérable, disposant de ressources limitées mais encore capable de rassembler une armée pour un ultime affrontement.
Hannibal aligne environ 40 000 hommes, composés de :
Scipion dispose d’environ 35 000 hommes, répartis comme suit :
Hannibal mise sur la puissance de ses éléphants pour désorganiser les lignes romaines. Les mercenaires doivent exploiter cette désorganisation, suivis par les Carthaginois pour renforcer l’attaque, avant que les vétérans n’interviennent pour achever les Romains.
Scipion adopte une stratégie défensive, rompant avec la formation classique romaine. Les passages entre les manipules permettent aux vélites de manœuvrer librement contre les éléphants. La cavalerie, sous Massinissa et les Italiens, est positionnée pour neutraliser les flancs ennemis.
La bataille commence par la charge des éléphants. Cependant, le bruit des clairons et cors romains affole les pachydermes, qui se retournent contre leurs propres lignes. Les vélites, positionnés dans les intervalles, lancent leurs javelots sur les éléphants qui avancent encore, neutralisant leur impact.
Les mercenaires gaulois et ligures, placés en deuxième ligne par Hannibal, avancent contre les manipules romains. Cependant, la discipline des légionnaires permet de contenir l’assaut. Lorsque les mercenaires reculent, les Carthaginois de la troisième ligne refusent de leur ouvrir un passage, créant un chaos interne dans les rangs ennemis.
Scipion ordonne un mouvement inspiré par la tactique d’Hannibal à Cannes. La deuxième et troisième ligne romaine s’étendent sur les flancs pour encercler les Carthaginois. Pendant ce temps, la cavalerie de Massinissa et des Italiens, ayant vaincu leurs homologues carthaginois et numides, revient pour frapper l’arrière de l’armée d’Hannibal.
Pris en tenaille, privés de leurs éléphants, de leur cavalerie et de leurs mercenaires, les Carthaginois s’effondrent. La bataille se solde par environ 20 000 morts dans les rangs carthaginois, 10 000 prisonniers, et 11 éléphants capturés. Les pertes romaines sont limitées à environ 1 500 hommes.
Hannibal, ayant survécu à la bataille, retourne à Carthage. Il reconnaît sa défaite et déclare qu’il a perdu la guerre. Carthage est contrainte de négocier un traité de paix.
Le traité imposé à Carthage est sévère :
Ces termes marquent la fin de Carthage en tant que puissance majeure et assurent la domination de Rome sur la Méditerranée occidentale.
Cette victoire consolide la position de Rome comme puissance hégémonique en Méditerranée. Scipion célèbre un triomphe à Rome et reçoit le titre d’"Africain". Carthage, affaiblie, se recentre sur son développement agricole mais reste sous la menace constante de Rome.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Février 2011