3 min lu
La Bataille des Grandes Plaines (-203 av. J.-C.)

La bataille des Grandes Plaines, survenue en -203 av. J.-C., constitue une étape cruciale de la Deuxième Guerre punique. Elle oppose les forces romaines, dirigées par Scipion l’Africain, et leurs alliés numides sous Massinissa, à l’armée carthaginoise menée par Hasdrubal et Syphax. Cette bataille marque une défaite stratégique majeure pour Carthage, précipitant le rappel d’Hannibal d’Italie.


Contexte historique et préparation des forces

La situation politique à Carthage

En -203, Carthage est sous la menace directe des forces romaines, après une série de revers militaires en Hispanie et en Afrique. Le Sénat carthaginois est divisé quant à la stratégie à adopter. Les propositions varient entre négociations pour une trêve, rappel d’Hannibal d’Italie, et réorganisation militaire pour une dernière confrontation.

Le choix d’une résistance armée conduit à la mobilisation d’une armée composée de Carthaginois, de mercenaires ibériques, et de cavaliers numides, renforcés par l’alliance avec Syphax, roi des Massaesyles. Syphax, par son mariage avec Sophonisbe, fille d’Hasdrubal, scelle un pacte avec Carthage, offrant son appui militaire à une cause commune.

La montée en puissance romaine

De leur côté, les Romains, dirigés par Scipion l’Africain, bénéficient d’une position stratégique en Afrique. Ils s’appuient sur Massinissa, rival de Syphax et allié de Rome, dont la cavalerie apporte une force mobile et redoutable. Ayant récemment consolidé leurs positions, Scipion et Massinissa décident de prendre l’initiative avant que les forces combinées de Syphax et Hasdrubal ne puissent les surprendre.


Le déroulement de la bataille

Les forces en présence

L’armée carthaginoise compte environ 30 000 hommes, divisés en trois segments principaux :

  • Centre : Les Celtibères, mercenaires ibériques expérimentés.
  • Aile gauche : La cavalerie numide sous Syphax.
  • Aile droite : Les troupes carthaginoises sous le commandement direct d’Hasdrubal.

Face à eux, l’armée romaine est répartie comme suit :

  • Aile droite : La cavalerie romaine.
  • Aile gauche : Les cavaliers de Massinissa.
  • Centre : L’infanterie lourde romaine, soutenue par des auxiliaires.

Les premières escarmouches

Scipion et Massinissa engagent d’abord des escarmouches pour tester les défenses ennemies. Ces échanges initiaux n’altèrent pas les positions, mais permettent à Scipion d’observer la disposition des troupes ennemies et d’ajuster son plan de bataille.

L’assaut principal

Le combat décisif commence par une attaque coordonnée des ailes romaines :

  1. Aile gauche : Les cavaliers de Massinissa affrontent les forces numides de Syphax. Bien que les deux camps soient d’origine numide, Massinissa surpasse son rival grâce à une meilleure organisation et à la discipline de ses troupes. L’aile gauche carthaginoise cède rapidement.
  2. Aile droite : La cavalerie romaine charge les troupes carthaginoises avec une violence telle que ces dernières sont rapidement mises en déroute.

Ces effondrements latéraux exposent le centre carthaginois, où les Celtibères résistent héroïquement. Toutefois, ils sont bientôt submergés par la pression combinée des ailes romaines victorieuses et de l’infanterie lourde qui avance en formation compacte.


La déroute et ses conséquences immédiates

Une retraite chaotique

La défaite des ailes carthaginoises provoque une panique généralisée dans les rangs. Tandis que certains soldats tentent de fuir vers leurs camps, d’autres se dispersent dans les plaines. Hasdrubal, avec les restes de ses troupes, parvient à se replier vers Carthage, tandis que Syphax retourne sur son territoire.

La poursuite par Massinissa

Massinissa, accompagné de quelques officiers romains, poursuit les forces de Syphax pour neutraliser la menace numide. Cette action affaiblit encore davantage les forces ennemies, réduisant leur capacité à soutenir Carthage dans les batailles à venir.


Les conséquences stratégiques

Le "Désastre des Grandes Plaines"

La bataille des Grandes Plaines est un désastre pour Carthage. Elle révèle la fragilité de l’alliance entre Syphax et Hasdrubal et souligne l’incapacité de Carthage à rivaliser avec Rome sur le plan stratégique et tactique. Cette défaite incite le Sénat carthaginois à rappeler Hannibal d’Italie, une décision tardive mais devenue incontournable.

La riposte de Carthage

En réaction, Carthage renforce ses défenses :

  1. Elle arme une flotte pour couper les lignes d’approvisionnement romaines par mer.
  2. Elle intensifie les fortifications de la ville en préparation d’un siège éventuel.
  3. Elle attend le retour d’Hannibal, espérant que sa présence renversera la situation.

Les affrontements navals

La flotte carthaginoise tente une percée audacieuse vers Utique, mais se heurte à la flotte romaine. Bien que les Carthaginois réussissent à capturer plusieurs navires romains, leur succès reste limité face à l’implacable organisation de Scipion.




Sources et références

  1. Polybe, Histoires – Analyse des campagnes de Scipion en Afrique.
  2. Tite-Live, Histoire romaine – Récit des batailles et des décisions politiques à Carthage.
  3. Goldsworthy, Adrian, The Punic Wars – Étude des enjeux stratégiques de la Deuxième Guerre punique.
  4. Lancel, Serge, Hannibal – Biographie détaillée de Hannibal et de ses campagnes.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Février 2011