La bataille des Grandes Plaines, survenue en -203 av. J.-C., constitue une étape cruciale de la Deuxième Guerre punique. Elle oppose les forces romaines, dirigées par Scipion l’Africain, et leurs alliés numides sous Massinissa, à l’armée carthaginoise menée par Hasdrubal et Syphax. Cette bataille marque une défaite stratégique majeure pour Carthage, précipitant le rappel d’Hannibal d’Italie.
En -203, Carthage est sous la menace directe des forces romaines, après une série de revers militaires en Hispanie et en Afrique. Le Sénat carthaginois est divisé quant à la stratégie à adopter. Les propositions varient entre négociations pour une trêve, rappel d’Hannibal d’Italie, et réorganisation militaire pour une dernière confrontation.
Le choix d’une résistance armée conduit à la mobilisation d’une armée composée de Carthaginois, de mercenaires ibériques, et de cavaliers numides, renforcés par l’alliance avec Syphax, roi des Massaesyles. Syphax, par son mariage avec Sophonisbe, fille d’Hasdrubal, scelle un pacte avec Carthage, offrant son appui militaire à une cause commune.
De leur côté, les Romains, dirigés par Scipion l’Africain, bénéficient d’une position stratégique en Afrique. Ils s’appuient sur Massinissa, rival de Syphax et allié de Rome, dont la cavalerie apporte une force mobile et redoutable. Ayant récemment consolidé leurs positions, Scipion et Massinissa décident de prendre l’initiative avant que les forces combinées de Syphax et Hasdrubal ne puissent les surprendre.
L’armée carthaginoise compte environ 30 000 hommes, divisés en trois segments principaux :
Face à eux, l’armée romaine est répartie comme suit :
Scipion et Massinissa engagent d’abord des escarmouches pour tester les défenses ennemies. Ces échanges initiaux n’altèrent pas les positions, mais permettent à Scipion d’observer la disposition des troupes ennemies et d’ajuster son plan de bataille.
Le combat décisif commence par une attaque coordonnée des ailes romaines :
Ces effondrements latéraux exposent le centre carthaginois, où les Celtibères résistent héroïquement. Toutefois, ils sont bientôt submergés par la pression combinée des ailes romaines victorieuses et de l’infanterie lourde qui avance en formation compacte.
La défaite des ailes carthaginoises provoque une panique généralisée dans les rangs. Tandis que certains soldats tentent de fuir vers leurs camps, d’autres se dispersent dans les plaines. Hasdrubal, avec les restes de ses troupes, parvient à se replier vers Carthage, tandis que Syphax retourne sur son territoire.
Massinissa, accompagné de quelques officiers romains, poursuit les forces de Syphax pour neutraliser la menace numide. Cette action affaiblit encore davantage les forces ennemies, réduisant leur capacité à soutenir Carthage dans les batailles à venir.
La bataille des Grandes Plaines est un désastre pour Carthage. Elle révèle la fragilité de l’alliance entre Syphax et Hasdrubal et souligne l’incapacité de Carthage à rivaliser avec Rome sur le plan stratégique et tactique. Cette défaite incite le Sénat carthaginois à rappeler Hannibal d’Italie, une décision tardive mais devenue incontournable.
En réaction, Carthage renforce ses défenses :
La flotte carthaginoise tente une percée audacieuse vers Utique, mais se heurte à la flotte romaine. Bien que les Carthaginois réussissent à capturer plusieurs navires romains, leur succès reste limité face à l’implacable organisation de Scipion.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Février 2011