La bataille du Pont Milvius, survenue le 28 octobre 312 apr. J.-C., oppose Constantin Ier à Maxence, deux rivaux pour le contrôle de la partie occidentale de l’Empire romain. Plus qu’une simple victoire militaire, cet affrontement marque un tournant décisif dans l’histoire politique et religieuse de Rome, favorisant l'ascension de Constantin et la reconnaissance officielle du christianisme.
Les tensions entre les deux hommes s’aggravent après la mort de Maximien en 310 et de Galère en 311. Constantin, cherchant à consolider son pouvoir, scelle une alliance avec Licinius, maître de la partie orientale de l'Empire, tandis que Maxence reste isolé.
En 312, Constantin rassemble une armée d’environ 40 000 hommes et envahit l’Italie. Il remporte plusieurs victoires importantes contre les forces de Maxence, notamment à Turin et Vérone, avant d’avancer vers Rome. Maxence, dont les forces sont estimées à 75 000 hommes, choisit de faire face à Constantin aux portes de la capitale, près du Pont Milvius.
Le Pont Milvius, situé sur le Tibre, au nord de Rome, est une position stratégique clé. Sa possession permet de contrôler l’accès à la ville depuis le nord. Maxence, retranché à Rome, décide de défendre cette position cruciale pour éviter que Constantin n’entre dans la capitale.
Selon la tradition rapportée par Eusèbe de Césarée et Lactance, la veille de la bataille, Constantin aurait eu une vision du chrisme (symbole chrétien formé des lettres grecques Chi et Rho, premières lettres du mot « Christ ») accompagnée des mots In hoc signo vinces (« Par ce signe, tu vaincras »). Inspiré, Constantin fait apposer ce symbole sur les boucliers de ses soldats, marquant un tournant symbolique dans son approche du christianisme.
La défaite de Maxence entraîne la dissolution de la Garde prétorienne, perçue comme un bastion de son pouvoir. Constantin remplace cette force par des troupes loyalistes.
La bataille du Pont Milvius dépasse la simple confrontation militaire. Elle représente la victoire de l’ordre et de la légitimité incarnés par Constantin contre l’usurpation et la division représentées par Maxence.
La conversion de Constantin, bien qu'incomplète à ce stade, marque une rupture majeure dans l’histoire de l’Empire romain. En associant sa victoire à une vision chrétienne, Constantin pose les bases d’une réorientation religieuse qui culminera avec la christianisation officielle de l’Empire sous Théodose Ier en 380.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Mars 2011