La bataille du Sabis s’inscrit dans la campagne de César visant à pacifier la Gaule belgique, après ses victoires sur les Suessions, les Bellovaques et leurs alliés. Malgré ces succès, une résistance farouche subsiste dans le nord de la Gaule, menée par les Nerviens. Ces derniers, alliés aux Atrebates, Viromanduens et Atuatuques, forment une nouvelle coalition pour repousser l’avancée romaine.
Les Nerviens, connus pour leur discipline et leur bravoure, sont déterminés à résister à César. Leur chef, Boduognatos, rassemble une armée de 60 000 hommes. Contrairement aux Bellovaques ou Suessions, les Nerviens refusent toute reddition et préparent un piège pour surprendre les forces romaines. Le proconsul, apprenant la présence de cette coalition, se met en marche avec ses légions pour affronter cette nouvelle menace.
Après la soumission des Bellovaques et des Ambiens, César dirige ses forces vers la région contrôlée par les Nerviens. Il traverse la Gaule belgique en sécurisant ses lignes de ravitaillement et en maintenant ses troupes en état de marche. L'armée romaine, forte de huit légions, atteint les rives de la Sabis (probablement la Selle ou la Sambre). César, prudent, établit son camp sur une colline dominant la rivière.
Les Nerviens, dissimulés dans les bois environnants, planifient une attaque surprise. Bien que César envoie des éclaireurs et engage des combats préliminaires avec sa cavalerie et ses troupes légères, il ne détecte pas l’ampleur des forces adverses. La situation devient critique lorsque les Nerviens déclenchent leur assaut.
Alors que les Romains s’affairent à fortifier leur camp, l’armée de Boduognatos surgit des bois et traverse la rivière à une vitesse impressionnante. L’effet de surprise est total : la cavalerie romaine et les troupes légères, déjà engagées, sont mises en déroute. Les Nerviens poursuivent leur élan, traversent la rivière et attaquent directement les légionnaires en plein travail.
Malgré le chaos, César et ses lieutenants réagissent rapidement. Les légions romaines forment des lignes de combat improvisées, bien que certains soldats n’aient pas encore eu le temps de s’équiper correctement. Sur l’aile gauche, les IXe et Xe légions repoussent les Atrebates, les forçant à se replier à travers la rivière. Au centre, les VIIIe et XIe légions affrontent les Viromanduens, qu’elles repoussent également après un combat acharné.
Sur l’aile droite, la situation est critique. Les Nerviens concentrent leurs forces principales sur cette zone, envahissent le camp romain et mettent en fuite les troupes auxiliaires et les unités de soutien. La pression est telle que deux légions romaines risquent l’anéantissement.
César, en dernier recours, appelle les deux légions protégeant les bagages (XIIIe et XIVe) à renforcer le front. Titus Labienus, commandant l’aile gauche, capture le camp ennemi et envoie la Xe légion pour prendre les Nerviens à revers. Ce mouvement décisif piège les forces de Boduognatos, qui continuent à combattre jusqu’à la mort. Le massacre est total : selon César, seuls 500 guerriers nerviens survivent.
La bataille du Sabis marque la fin de la résistance organisée en Gaule belgique. Les Atuatuques, apprenant la défaite de leurs alliés, battent en retraite vers leur oppidum fortifié. César les poursuit, assiège leur position et, après une ultime tentative désespérée des guerriers belges, soumet le dernier bastion de résistance.
Les pertes sont catastrophiques pour les tribus belges. Les Nerviens, autrefois une puissance majeure, sont presque annihilés. Les populations survivantes sont autorisées à retourner sur leurs terres, mais elles sont désormais sous contrôle romain. La soumission des Atuatuques, suivie de l’esclavage de 53 000 personnes, montre la détermination de César à briser toute résistance.
À Rome, César utilise cette victoire pour renforcer son image de conquérant. Il publie ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, relatant ses campagnes en Gaule et justifiant son intervention. La bataille du Sabis est mise en avant comme un exemple de la discipline et de la résilience romaine face à une adversité écrasante.
La bataille du Sabis illustre à la fois la témérité des Nerviens et le génie tactique de César. L’effet de surprise initial aurait pu anéantir l’armée romaine, mais la capacité de César à réorganiser ses troupes et la discipline de ses légions permettent de renverser la situation. Cependant, cette victoire met également en lumière les dangers d’une expansion rapide et les défis logistiques liés à la conquête de la Gaule.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Mars 2011