Après avoir chassé les optimates d'Italie, Jules César tourne son attention vers l'Espagne, où les forces pompéiennes d'Afranius et Petreius contrôlent les principales routes stratégiques. L'objectif de César est clair : neutraliser les légions pompéiennes en Hispanie et sécuriser ses arrières avant d'affronter directement Pompée. Cependant, il est temporairement retardé par la résistance de Massilia, une cité stratégiquement importante mais hostile. Confiant le siège à Gaius Trebonius et Decimus Junius Brutus, César reprend sa route vers l'Espagne, où il rejoint ses légions sous le commandement de Fabius près de Lérida (Ilerda).
Arrivé en territoire espagnol, César prend rapidement le contrôle des cols pyrénéens, privant les pompéiens d'une voie d'approvisionnement et facilitant l'entrée de ses troupes dans la péninsule ibérique. Cependant, les légions d'Afranius et Petreius sont solidement positionnées sur une colline surplombant le fleuve Sicoris, près de Lérida, où elles jouissent d’un avantage stratégique.
César établit son camp sur une colline voisine, mais plus basse, ce qui désavantage ses troupes. Peu après, une crue soudaine provoquée par la fonte des neiges pyrénéennes emporte les ponts construits par Fabius sur le Sicoris. Les conséquences sont désastreuses pour l'armée césarienne : coupée de ses lignes d'approvisionnement, elle subit des pénuries alimentaires et des maladies. Les conditions de vie des soldats se détériorent, tandis que les légats pompéiens, Afranius et Petreius, diffusent à Rome des rumeurs d'une défaite imminente de César. Ces nouvelles encouragent même Cicéron, jusqu’alors neutre, à envisager un ralliement à Pompée.
Malgré la gravité de la situation, César maintient la discipline au sein de ses troupes et fait preuve de son habituelle résilience. Lorsque les eaux baissent, il reconstruit un pont, rétablit ses lignes de ravitaillement et stabilise la situation. Cette reprise marque un tournant dans la campagne.
Face à la reprise en main de César, Afranius et Petreius décident de lever leur camp et de tenter une jonction avec la seconde armée pompéienne, commandée par Marcus Terentius Varro. Cependant, César, toujours réactif, ordonne une poursuite immédiate. Grâce à une série de manœuvres rapides et à sa maîtrise du terrain, il parvient à surprendre l'arrière-garde des forces pompéiennes et bloque leur retraite avant qu'elles ne puissent rejoindre Varro. Une nouvelle fois, César installe son camp à proximité des troupes adverses.
Dans une tentative d'affaiblir le moral des troupes pompéiennes, César encourage ses soldats à fraterniser avec l’ennemi. Ce stratagème, visant à éroder la loyauté des soldats envers leurs commandants, rencontre un certain succès, mais Petreius réagit brutalement en ordonnant l’exécution de tout soldat césarien s’aventurant dans son camp. Malgré cette mesure, le moral des troupes pompéiennes reste fragile, en raison de la pression constante exercée par César.
Les forces d’Afranius et Petreius se retirent à nouveau vers Lérida, où elles établissent une nouvelle position. César les suit et les encercle rapidement. À la fin du mois de juillet, ses légions achèvent l’encerclement complet de l'armée pompéienne, composée de cinq légions, qui, à bout de ressources et de moral, capitule sans combattre le 2 août 49 av. J.-C.
La reddition des légions d’Afranius et Petreius représente un triomphe stratégique pour César. En capturant la principale force pompéienne en Espagne, il élimine une menace majeure sur son flanc occidental et consolide sa position en Méditerranée occidentale. Cette victoire est également un coup dur pour Pompée, qui perd une part significative de son soutien militaire et logistique.
Après cette reddition, César tourne immédiatement ses forces contre Marcus Terentius Varro, le dernier commandant pompéien actif en Espagne. En l’espace de quelques mois, César parvient à soumettre entièrement l’Hispanie, transformant cette région stratégique en une base sûre pour ses futures campagnes. La campagne de Lérida démontre une fois de plus la supériorité tactique de César, sa capacité à gérer les crises et à transformer des situations désespérées en victoires décisives.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Mars 2011