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La Destruction de Carthage (-146 av. J.-C.)

La destruction de Carthage en -146 marque l’apogée de la domination romaine dans la Méditerranée occidentale et scelle le sort de la civilisation punique. Résultat de la Troisième Guerre punique, cet événement est à la fois le produit de tensions économiques, politiques et territoriales accumulées depuis un siècle, et d'une stratégie délibérée de Rome pour éradiquer une puissance perçue comme une menace latente. Ce drame, qui s’étend sur trois ans de siège, symbolise la brutalité des conflits antiques et la transition d’un monde multipolaire à une hégémonie romaine incontestée.


Les Séquelles des Guerres Précédentes

La Première Guerre punique (264-241 av. J.-C.)

La Première Guerre punique marque le début de la rivalité directe entre Rome et Carthage. Ce conflit, principalement naval, voit la suprématie maritime de Carthage remise en question. Malgré leur résistance acharnée, les Carthaginois subissent une défaite décisive lors de la bataille des îles Égates en -241. Ce revers conduit à la perte de la Sicile, première province romaine hors de la péninsule italienne, et inaugure une série de retraits successifs pour Carthage.

Le traité qui conclut la guerre impose des conditions humiliantes à Carthage :

  • Abandon de la Sicile et des îles adjacentes.
  • Versement d’une lourde indemnité financière à Rome.
  • Renoncement à toute revendication en Italie et interdiction d'intervenir sur des territoires romains.

Ces concessions affaiblissent considérablement la cité punique, non seulement sur le plan territorial, mais aussi économique et stratégique.


La Deuxième Guerre punique (218-202 av. J.-C.)

Le second conflit est marqué par l’audace militaire d’Hannibal, qui traverse les Alpes pour porter la guerre en Italie. Malgré des victoires spectaculaires comme celles de Trasimène et de Cannes, Carthage échoue à maintenir une offensive prolongée sur le territoire romain. Rome, sous la direction de Scipion l’Africain, riposte en portant la guerre en Afrique, forçant Carthage à rappeler Hannibal. La défaite de Zama (-202) met un terme au conflit.

Les conséquences de la Deuxième Guerre punique sont encore plus sévères pour Carthage :

  1. Perte territoriale : L’Espagne, source majeure de revenus et de mercenaires, passe sous contrôle romain.
  2. Réduction militaire : La flotte est réduite à dix navires, et les éléphants de guerre sont interdits.
  3. Tribut financier : Une indemnité colossale de 10 000 talents doit être payée sur 50 ans.
  4. Limitation des prérogatives politiques : Toute guerre ou expédition militaire nécessite l’approbation préalable de Rome.

L’Érosion de la Souveraineté

Dans les décennies suivant la Deuxième Guerre punique, Carthage reste sous une surveillance constante. Les ambassades romaines interviennent régulièrement pour arbitrer les différends entre Carthage et ses voisins, en particulier le royaume numide de Massinissa, allié de Rome. Chaque arbitrage se conclut systématiquement au détriment de Carthage, favorisant l’expansion territoriale de Massinissa.


La Montée en Puissance de Massinissa

Massinissa, roi numide, joue un rôle crucial dans l’affaiblissement de Carthage. Soutenu par Rome, il mène une politique agressive de grignotage territorial :

  • Il s’empare progressivement des terres carthaginoises les plus fertiles, notamment dans la région de la Medjerda.
  • Il exploite l’interdiction pour Carthage de lever une armée, rendant la cité incapable de réagir efficacement.

Massinissa bénéficie de l’appui stratégique et logistique de Rome, qui le considère comme un rempart contre une éventuelle résurgence carthaginoise. Sa politique affaiblit non seulement Carthage, mais aussi son économie et sa capacité de résistance.


Une Prospérité Mal Perçue

La Renaissance Économique de Carthage

Après les défaites des deux premières Guerres puniques, Carthage parvient, contre toute attente, à retrouver une prospérité économique remarquable. Cette revitalisation repose sur deux piliers principaux :

  1. Agriculture de la chôra :

    • Carthage maximise l’exploitation agricole des terres environnantes. Les techniques agricoles avancées, combinées à l’irrigation efficace, permettent une production abondante de céréales, de fruits, d’huile d’olive et de vin.
    • Les exportations agricoles vers d’autres régions de la Méditerranée contribuent à renforcer les finances de la cité.
  2. Réseau commercial étendu :

    • Bien que limitée par la perte de ses anciennes colonies et d’une flotte de guerre, Carthage conserve un réseau commercial actif. Ses ports, notamment le port circulaire rénové, servent de centres névralgiques pour le commerce maritime.
    • La ville devient un intermédiaire clé entre l’Afrique du Nord, la Méditerranée orientale et l’Italie.

Cette prospérité est soutenue par un intense effort de reconstruction urbaine. La colline de Byrsa, cœur politique et religieux de la ville, est modernisée, et les ports puniques sont agrandis pour répondre aux besoins croissants du commerce.


L’Inquiétude Croissante à Rome

La perception d’une menace

Cette renaissance économique suscite des inquiétudes à Rome, où les milieux politiques et économiques observent Carthage avec méfiance. Plusieurs facteurs alimentent ces craintes :

  • Une rivalité commerciale persistante : Malgré sa perte de puissance militaire, Carthage reste un concurrent économique sérieux dans la Méditerranée occidentale.
  • Une puissance agricole en essor : La capacité de Carthage à fournir des produits agricoles de qualité rivalise avec celle des territoires italiens, ce qui alimente les tensions avec les propriétaires terriens romains.

Le rôle de Caton l’Ancien

La prospérité de Carthage est largement instrumentalisée par Caton l’Ancien, l’une des figures politiques les plus influentes de Rome. Lors d’une visite en -153, Caton est frappé par le dynamisme de la cité punique. De retour au Sénat, il utilise cette observation pour renforcer son plaidoyer en faveur de la destruction de Carthage :

  • À chaque discours, quel qu’en soit le sujet, il conclut par les célèbres mots : Carthago delenda est (« Carthage doit être détruite »).
  • Il dramatise la proximité géographique de Carthage, affirmant qu’un ennemi aussi prospère représente un danger existentiel pour Rome.

Une anecdote célèbre illustre cette campagne de persuasion : Caton aurait présenté une figue fraîche au Sénat, affirmant qu’elle avait été cueillie à Carthage trois jours auparavant, soulignant ainsi la menace imminente posée par la cité.


Le Casus Belli

Les Provocations de Massinissa

Depuis plusieurs décennies, Massinissa, roi numide, grignote méthodiquement les territoires carthaginois. Encouragé par Rome, il profite de l’incapacité de Carthage à répondre efficacement en raison des restrictions militaires imposées après la Deuxième Guerre punique. Ses actions s’intensifient dans les années précédant la Troisième Guerre punique :

  • Annexion des terres fertiles : En -153, Massinissa s’empare des Grandes Plaines (région de la Medjerda), une des zones agricoles les plus productives de Carthage.
  • Provocations militaires : Il déploie régulièrement ses troupes à proximité des frontières carthaginoises, harcelant les populations locales.

Rome, jouant le rôle d’arbitre, rend systématiquement des décisions favorables à Massinissa, aggravant les tensions entre le roi numide et Carthage.


La Riposte de Carthage

En -151, excédée par les empiètements de Massinissa et n’ayant aucune garantie d’un arbitrage équitable de la part de Rome, Carthage décide de prendre les armes :

  • Une armée de 25 000 à 50 000 hommes est mobilisée sous le commandement d’Hasdrubal le Boétharque.
  • Cette initiative constitue une violation directe du traité de paix de -201, qui interdit à Carthage de mener des opérations militaires sans l’autorisation explicite de Rome.

Cette riposte est motivée par une situation désespérée : les terres conquises par Massinissa sont vitales pour l’économie et la survie de Carthage. Le Sénat carthaginois, conscient des risques, n’a toutefois plus d’autre choix que de réagir.


La Défaite Face à Massinissa

L’armée carthaginoise, mal équipée et peu entraînée en raison des restrictions militaires imposées par Rome, subit une défaite écrasante face aux forces de Massinissa :

  • L’affrontement a lieu à Oroscopa, une place stratégique.
  • Les troupes carthaginoises, mal préparées, sont anéanties. La trêve avec Massinissa échoue, et le roi numide renforce sa domination sur les territoires contestés.

En conséquence, Carthage est plus vulnérable que jamais. La défaite provoque un tollé au sein de la population carthaginoise, et les généraux responsables de l’échec sont exécutés pour apaiser la colère populaire.


La Réaction de Rome

Rome, informée de cette mobilisation et de la défaite de Carthage, considère cet acte comme une violation inacceptable du traité de -201. Bien que l’attaque de Massinissa ait été une provocation, Rome exploite la situation pour justifier une intervention militaire directe :

  • Le Sénat romain, influencé par les partisans de Caton l’Ancien, décide de saisir cette occasion pour régler définitivement le "problème carthaginois".
  • Utique, une cité rivale de Carthage, se rallie à Rome, offrant une base stratégique pour l’expédition militaire.

Le Prétexte pour la Guerre

Le recours à la force par Carthage, bien qu’une réponse légitime à une agression, fournit à Rome un prétexte idéal pour déclencher la Troisième Guerre punique. Ce casus belli masque des motivations plus profondes :

  1. Une ambition hégémonique : Rome souhaite éliminer une puissance économique perçue comme un concurrent.
  2. Un message de puissance : La destruction de Carthage servirait d’avertissement à toute autre cité méditerranéenne envisageant de défier l’autorité romaine.

L’Ultimatum et la Mobilisation Romaine

En -149, Rome envoie un ultimatum à Carthage exigeant :

  • La dissolution complète de l’armée carthaginoise.
  • La livraison de 300 otages issus des familles nobles.
  • La destruction de la ville et le déplacement de sa population à l’intérieur des terres, à une distance de 15 kilomètres de la mer.

Face à ces exigences inacceptables, Carthage refuse de céder et prépare une résistance désespérée. Le conflit, officiellement justifié par la rupture du traité, devient inévitable.

Ce casus belli, bien qu’orchestré, marque le début de l’épisode final de l’histoire punique : la Troisième Guerre punique et la destruction de Carthage.




Le siège de Carthage (149-146 av. J.-C.)

Le Débarquement Romain à Utique

En -149, Rome mobilise une force expéditionnaire massive pour envahir l’Afrique du Nord. Deux consuls, Manius Manilius et Lucius Marcius Censorinus, dirigent l’opération. Ils établissent leur base à Utique, une cité alliée de Rome et rivale historique de Carthage. Cette position stratégique leur permet de contrôler la côte et de lancer des opérations contre Carthage.

Face à cette menace imminente, Carthage tente d’éviter une confrontation directe :

  1. Soumission initiale : La cité livre 300 otages, tous issus des familles les plus influentes, dans un acte de bonne foi pour apaiser Rome.
  2. Désarmement forcé : Carthage accepte de remettre une grande partie de ses armes, y compris ses balistes, catapultes et navires.

Cependant, les véritables intentions de Rome deviennent claires lorsque les consuls exigent l’abandon total de la ville. Les habitants devraient se relocaliser à une quinzaine de kilomètres de la mer, condamnant ainsi Carthage à perdre son rôle maritime et commercial. Cette demande déclenche une réaction de défi.


La Décision de Résister

Confrontée à l’exigence romaine de quitter la ville, Carthage choisit la résistance. Une mobilisation générale est décrétée, impliquant toutes les couches de la société :

  • Libération des esclaves : Ces derniers sont armés et intégrés dans les forces de défense.
  • Contribution des femmes : Les femmes carthaginoises offrent leurs bijoux pour financer l’effort de guerre et tressent leurs cheveux pour fabriquer des cordages.
  • Production frénétique d’armes : Les ateliers travaillent jour et nuit pour fabriquer de nouvelles armes. Des poutres de maisons sont utilisées pour construire une flotte improvisée.

Cette mobilisation témoigne de la détermination des Carthaginois à défendre leur ville, malgré leur désavantage militaire et stratégique.


Une Résistance Acharnée

La ville de Carthage est protégée par des défenses impressionnantes :

  • Trois lignes fortifiées : L’isthme reliant la ville à l’intérieur des terres est renforcé par un fossé, une palissade et un mur massif doté de tours.
  • Le port militaire circulaire : Cet ouvrage ingénieux permet aux Carthaginois de manœuvrer leurs navires et de les équiper rapidement, même sous blocus.

Sous la direction d’Hasdrubal le Boétharque, Carthage exploite au maximum ses atouts. Les Romains, qui sous-estiment la capacité de résistance de la cité, échouent à plusieurs reprises à briser ses défenses :

  • Échecs des premières offensives : Les assauts frontaux menés par Manius Manilius et Lucius Marcius Censorinus sont repoussés par les défenseurs, souvent avec de lourdes pertes.
  • Guérilla urbaine : Les Carthaginois harcèlent les troupes romaines, ralentissant leur progression et infligeant des pertes.

L’Arrivée de Scipion Émilien

En -147, Rome confie le commandement à Scipion Émilien, petit-fils adoptif de Scipion l’Africain, vainqueur de la bataille de Zama. Scipion apporte une discipline et une organisation qui faisaient défaut aux premiers commandants :

  • Blocus maritime : Il fait construire une digue pour sceller l’accès au port circulaire de Carthage, étouffant les approvisionnements maritimes.
  • Encerclement terrestre : Scipion renforce les positions romaines autour de la ville, isolant complètement Carthage de ses alliés potentiels.

La Tentative Désespérée de la Flotte Carthaginoise

Malgré le blocus, les Carthaginois parviennent à construire une flotte improvisée et à percer un mur pour créer une nouvelle issue vers la mer. Cette manœuvre audacieuse surprend les Romains, et la flotte carthaginoise engage un combat naval. Cependant, le manque de coordination et d’expérience des marins carthaginois mène à un échec. Les Romains renforcent leur blocus, privant la ville de tout espoir de ravitaillement.


L’assaut final et la destruction

La Percée Romaine et le Début des Combats Urbains

En -146, après trois ans de siège, les forces romaines dirigées par Scipion Émilien parviennent à percer les défenses carthaginoises. Les assauts finaux se concentrent sur l’isthme et les ports, affaiblissant les fortifications déjà éprouvées par le blocus prolongé. Une brèche dans les murs permet aux Romains d’entrer dans la ville, marquant le début d’un combat de rue acharné.

Guerre urbaine

  • Un combat maison par maison : Les Carthaginois, désespérés, transforment chaque bâtiment en forteresse. Les rues étroites et encombrées deviennent des champs de bataille où les Romains progressent lentement sous des pluies de projectiles.
  • Résistance farouche : Même les civils participent à la défense, lançant des pierres et des projectiles depuis les toits. La population carthaginoise, consciente de l’issue fatale, lutte jusqu’au bout pour protéger sa ville.

Ordre d’incendie

Scipion, frustré par la lenteur de l’avancée et conscient de l’usure subie par ses troupes, ordonne de mettre la ville à feu. Les bâtiments sont incendiés méthodiquement, déclenchant un immense brasier qui consume la ville pendant dix jours. Cette stratégie force les Carthaginois retranchés à se replier vers leur dernier bastion, la colline de Byrsa.


La Chute de Byrsa

La colline de Byrsa, centre religieux et politique de Carthage, devient le dernier refuge des défenseurs. Des milliers d’habitants, militaires et civils, s’y regroupent pour une ultime résistance.

Le siège final

  • Assaut romain : Les légions romaines encerclent la colline et utilisent des machines de siège pour détruire les fortifications restantes.
  • Conditions désespérées : À l’intérieur, la famine et les maladies ravagent les derniers défenseurs. Des scènes de désespoir se multiplient parmi les réfugiés.

La reddition d’Hasdrubal

Face à l’inéluctable, Hasdrubal le Boétharque, commandant en chef des forces carthaginoises, implore la clémence de Scipion. Il se rend avec ses proches, abandonnant les défenseurs restants. Ce geste provoque une réaction dramatique :

  • Le suicide de la femme d’Hasdrubal : Refusant la honte de la reddition, elle allume un bûcher au sommet de la colline et s’y jette avec ses enfants et les derniers combattants. Avant de mourir, elle adresse une dernière invective à Scipion, dénonçant la trahison de son mari.

La Destruction Complète de Carthage

Avec la chute de Byrsa, la résistance carthaginoise prend fin. Scipion Émilien ordonne la destruction méthodique de la cité, mettant un terme à l’existence de l’une des plus grandes puissances méditerranéennes de l’Antiquité.

Les conséquences immédiates

  1. Massacres et esclavage : La majorité des habitants sont tués ou réduits en esclavage. Appien rapporte que 50 000 survivants, principalement des femmes et des enfants, sont capturés et vendus.
  2. Rasement de la ville : Les structures restantes sont démolies, et Carthage est transformée en ruines.

Propriété publique et malédiction

  • Les terres de Carthage sont déclarées ager publicus, devenant la propriété de l’État romain.
  • Une malédiction rituelle est prononcée sur le site, symbolisant la fin définitive de la cité punique. Bien que la légende du salage des terres persiste, il s’agit probablement d’une invention ultérieure.

La Fin de Carthage et le Triomphe de Rome

La destruction de Carthage en -146 représente la conclusion brutale d’un siècle de rivalité entre Rome et la cité punique. Cette victoire marque :

  • L’ascension définitive de Rome comme puissance dominante en Méditerranée occidentale.
  • La disparition d’une civilisation florissante, dont l’héritage survit cependant à travers ses influences culturelles et économiques.

Le triomphe de Scipion Émilien, surnommé "Africanus minor", est célébré à Rome comme un exploit légendaire, mais l’horreur de la destruction laisse également une empreinte durable dans l’histoire antique.


La Fin de la Civilisation Punique

La disparition de Carthage

La destruction de Carthage en -146 met fin à une civilisation qui avait dominé l’Afrique du Nord et marqué la Méditerranée pendant des siècles. En rasant la ville, Rome élimine le dernier vestige d’une puissance qui, à son apogée, rivalisait avec elle pour le contrôle de la Méditerranée.

L’héritage culturel et linguistique

Malgré sa disparition politique, l’influence de la civilisation punique perdure :

  • Culture locale : Les traditions carthaginoises continuent d’imprégner les populations locales, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’artisanat et des croyances religieuses.
  • Langue punique : Le punique reste parlé dans certaines régions d’Afrique du Nord jusqu’à l’époque romaine tardive. Des inscriptions en punique sont encore découvertes deux siècles après la chute de Carthage, et saint Augustin, au IVe siècle, fait référence à son usage parmi les populations rurales.

Cet héritage montre que, bien que la ville ait été détruite, son influence culturelle ne s’éteint pas immédiatement.


L’Hégémonie Romaine

La province d’Africa

Avec la chute de Carthage, Rome consolide sa domination sur l’Afrique du Nord. Le territoire de l’ancienne cité est transformé en province d’Africa, centrée sur la Fossa regia, la limite délimitant l’ancien territoire carthaginois. Ce territoire devient un atout stratégique et économique majeur pour Rome :

  • Exploitation agricole : Les terres fertiles de la région sont utilisées pour produire des céréales, approvisionnant ainsi Rome et le reste de l’empire. L’Afrique devient l’un des greniers à blé de Rome.
  • Colonisation romaine : De nombreuses colonies romaines sont établies dans la région, renforçant l’intégration du territoire dans l’empire.

Le contrôle de la Méditerranée

La destruction de Carthage élimine le dernier rival sérieux de Rome dans la Méditerranée occidentale. La République, puis l’Empire, peut désormais concentrer ses forces sur d’autres fronts, comme l’Orient ou l’Europe du Nord, sans craindre de menaces venant de l’Afrique du Nord.


La Renaissance Sous Rome

La refondation de Carthage

Un siècle après sa destruction, Jules César initie la refondation de Carthage en tant que colonie romaine. Ce projet est achevé par Auguste, qui établit la Colonia Julia Carthago sur le site de l’ancienne cité :

  • Urbanisme : La colline de Byrsa, ancien cœur religieux et politique, devient le centre administratif et commercial de la nouvelle ville. Le forum romain y est construit.
  • Rayonnement culturel et économique : Carthage renaît en tant que centre prospère du commerce et de la culture. Elle devient l’une des plus grandes métropoles de l’Empire romain, rivalisant avec Alexandrie.

Une cité prospère jusqu’aux invasions

Sous l’Empire romain, Carthage est un centre de commerce, d’art et d’éducation. Elle joue un rôle clé dans la diffusion du christianisme en Afrique du Nord. Cependant, cette prospérité prend fin avec les invasions vandales au Ve siècle et, plus tard, avec la conquête arabe au VIIe siècle.


Sources et références

  1. Polybe, Histoires – Analyse des causes et des conséquences des guerres puniques.
  2. Appien, Histoire romaine – Description détaillée du siège et de la destruction de Carthage.
  3. Serge Lancel, Carthage – Étude approfondie de la civilisation punique et de son déclin.
  4. Ben Kiernan, Blood and Soil – Exploration des génocides dans l’histoire, incluant celui de Carthage.
  5. Tite-Live, Histoire romaine – Perspective sur l’expansion romaine et ses motivations politiques.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Février 2011