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Les batailles de Cissa, de l'Èbre et de Plaisance (217-218 av. J.-C.)

Ces trois batailles se déroulent dans les premières années de la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.). Rome, sous la menace d’Hannibal en Italie, cherche à contenir les Carthaginois en Ibérie et à protéger ses territoires au nord de l’Italie. Les affrontements montrent les tentatives des deux camps pour établir leur domination sur la péninsule Ibérique et les plaines du Pô, tandis qu'Hannibal mène sa célèbre campagne italienne.


Bataille de Cissa (218 av. J.-C.)

La bataille de Cissa marque l'un des premiers affrontements entre Rome et Carthage en Ibérie, au début de la deuxième guerre punique. Alors qu’Hannibal mène sa célèbre campagne contre Rome en Italie, Rome cherche à consolider sa position en Espagne pour affaiblir les ressources carthaginoises et couper Hannibal de ses soutiens ibériques. Gnaeus Cornelius Scipio Calvus est envoyé en Ibérie pour contrer les forces carthaginoises.Après le départ d’Hannibal pour l’Italie, les Carthaginois tentent de maintenir leur influence au nord de l’Èbre. Ils laissent Hanno, un général compétent, pour superviser les territoires soumis par Hannibal, mais Rome vise à réduire la présence carthaginoise au nord de l’Èbre.

Déroulement de la bataille :

La bataille a lieu près de la ville de Cissa, au sud de Tarragone. Les forces romaines, bien équipées et en nombre supérieur, dirigées par Gnaeus Scipio, engagent les troupes d’Hanno. Malgré leur infériorité numérique, les Carthaginois tentent de défendre leur position stratégique, mais ils sont vaincus.

Les Romains capturent Hanno, ainsi qu'un immense butin accumulé par les Carthaginois lors de leurs campagnes précédentes. Cette victoire assure à Rome le contrôle des territoires au nord de l’Èbre, empêchant Carthage de les réutiliser comme base pour ravitailler leurs forces.

Conséquences immédiates :

  • Renforcement de la position romaine en Ibérie : La victoire romaine assure un contrôle durable des territoires situés au nord de l'Èbre, un objectif stratégique clé.
  • Affaiblissement carthaginois : La capture d’Hanno et la perte de leurs possessions dans la région affaiblissent l’influence de Carthage en Espagne.
  • Début des révoltes ibériques : Encouragées par la victoire romaine, plusieurs tribus ibériques commencent à se révolter contre l’autorité carthaginoise.
  • Ouverture du théâtre ibérique : Cette bataille marque le début des campagnes romaines réussies en Espagne, qui deviendra un théâtre majeur du conflit.

Bataille de l’Èbre (217 av. J.-C.)

Au début de la deuxième guerre punique, Rome cherche à affaiblir Carthage en Espagne pour couper Hannibal de ses bases de ravitaillement et de soutien en Ibérie. Après leur victoire à Cissa en 218 av. J.-C., les Romains, sous le commandement de Gnaeus Cornelius Scipio Calvus, poursuivent leur campagne en Espagne, consolidant leur contrôle au nord de l’Èbre.

De leur côté, les Carthaginois, sous le commandement d’Himilcon, tentent de renforcer leur position dans la région, notamment par le contrôle des mers. Ils rassemblent une flotte à l’embouchure de l’Èbre pour rétablir leur suprématie navale, mais les Romains, déterminés à neutraliser cette menace, prennent l’initiative d’une attaque.


Déroulement de la bataille :

  • Attaque surprise romaine :La flotte romaine, composée de 55 quinquérèmes, attaque la flotte carthaginoise stationnée à l’embouchure de l’Èbre. Les Carthaginois, avec environ 40 navires, sont pris par surprise et mal préparés pour un engagement naval.
  • Supériorité tactique romaine :Grâce à leur préparation et à l’expérience acquise lors des précédents affrontements navals, les Romains parviennent à exploiter l’effet de surprise et leur supériorité numérique. Ils utilisent des manœuvres habiles pour encercler les navires carthaginois et les attaquer de flanc.
  • Défaite carthaginoise :La flotte carthaginoise subit une déroute totale : 29 navires sont capturés ou coulés, tandis que les autres parviennent à s’échapper, mais dans un état désorganisé. Les Romains s’assurent un contrôle total des mers autour de la péninsule Ibérique.

Conséquences immédiates :

  • Supériorité navale romaine : La victoire garantit aux Romains le contrôle des eaux au large de l’Espagne, limitant la capacité de Carthage à envoyer des renforts ou des provisions à ses forces en Ibérie.
  • Révoltes des tribus ibériques : Encouragées par la victoire romaine, plusieurs tribus ibériques se soulèvent contre Carthage, affaiblissant encore davantage sa position.
  • Consolidation romaine : Cette victoire permet aux Romains de sécuriser leur présence au nord de l’Èbre et d’étendre leur influence sur la région.

Bataille de Plaisance (218 av. J.-C.)

Après la défaite romaine à la bataille de la Trébie, Hannibal établit un camp près de Plaisance pour surveiller les mouvements des forces romaines. Une partie des survivants de la Trébie, environ 10 000 soldats romains, s’étaient repliés sur cette ville fortifiée. Hannibal, cherchant à maintenir l’élan de sa campagne en Italie, décide de se diriger vers Plaisance pour affronter les Romains.

De leur côté, les Romains, sous le commandement du consul Tiberius Sempronius Longus, cherchent à contenir l’avance carthaginoise et à regrouper leurs forces pour une contre-offensive.


Déroulement de la bataille :

  • Attaque sur Plaisance :En décembre 218 av. J.-C., Hannibal tente de prendre Plaisance par surprise avec sa cavalerie, mais les défenseurs romains repoussent l’attaque. Cette résistance force Hannibal à revoir ses plans et à hiverniser temporairement ses troupes pour préparer une attaque mieux organisée.

  • Rencontre des armées :Après son bref hivernage, Hannibal retourne vers Plaisance pour un affrontement direct. Il déploie 12 000 fantassins et 5 000 cavaliers face à la ville. Le consul Sempronius Longus sort alors de la ville avec ses forces pour engager le combat, espérant infliger une défaite décisive à Hannibal.

  • Manœuvres tactiques :Le début de la bataille semble favoriser les Romains, qui réussissent à repousser les Carthaginois vers leur camp et commencent à les assiéger. Hannibal, voyant la situation tourner en sa défaveur, ordonne à ses troupes de feindre la retraite vers l’intérieur du camp, tout en positionnant sa cavalerie sur les flancs pour une contre-attaque.

  • Contre-attaque d’Hannibal :Lorsque les Romains relâchent leur pression, Hannibal lance une contre-attaque en utilisant sa cavalerie pour frapper les ailes romaines, tandis qu’il mène ses troupes d’élite au centre. Les combats deviennent sanglants et indécis, mais l’arrivée de la nuit met un terme aux opérations militaires sans véritable vainqueur.


Conséquences immédiates :

  • Pertes équilibrées :Selon Tite-Live, chaque camp perd environ 600 fantassins et 300 cavaliers. Toutefois, les Romains subissent des pertes notables parmi leurs officiers, avec plusieurs chevaliers, tribuns militaires et préfets alliés tués.

  • Repli stratégique :Après cette bataille indécise, les deux armées se replient : Sempronius Longus conduit ses forces vers Lucques, tandis qu’Hannibal redirige son armée vers la Ligurie, cherchant à consolider ses alliances avec les tribus locales.

  • Maintien de la menace carthaginoise :Bien que la bataille n’ait pas été décisive, elle illustre la capacité d’Hannibal à manœuvrer habilement même en infériorité numérique, et à maintenir la pression sur les forces romaines, qui peinent à contrer ses mouvements stratégiques.




Sources :

  • Polybe, Histoires, Livres III-IV : analyse des campagnes d'Hannibal et des opérations romaines en Espagne.
  • Tite-Live, Histoire romaine, Livres XXI-XXII : récit détaillé des batailles en Italie et en Ibérie.
  • Goldsworthy, Adrian, The Fall of Carthage: ouvrage moderne sur la deuxième guerre punique.
  • Warmington, Brian H., Carthage: étude approfondie sur les campagnes carthaginoises.

Auteur : Stéphane Jeanneteau

Janvier 2011