Tapae se situe dans l'actuelle Transylvanie, à la frontière entre le județ de Caraș-Severin et celui de Hunedoara, en Roumanie. À l’époque daco-romaine, c'est un des passages depuis les territoires romains vers la capitale dace Sarmizégétuse, et vers les forteresses daces des monts d'Orastie, au nord des Portes de Fer.
En l'an 85, Les Daces décident de franchir le Danube et d’attaquer la province romaine voisine de Mésie. Le gouverneur Caius Oppius Sabinus qui va à la rencontre de l’armée dace est battu probablement près de Adamclisi. De nombreuses fortifications et garnisons de limes mesique sont anéanties. Seuls les campements légionnaires de Oescus et Novae, réussissent à se défendre avec succès. L'empereur Domitien réunit une armée et marche immédiatement vers le champ des opérations avec la garde prétorienne du préfet du prétoire, Cornelius Fuscus.
En l'an 86, Domitien, ayant pu rétablir l’ordre dans la province de Mésie, décide de venger l’honneur romain, organisant au début de l’été de cette année, une expédition punitive au-delà du Danube, promouvant comme commandant en chef de l’expédition en territoire dace, le préfet du prétoire, Cornelius Fuscus. L’endroit où l'armée romaine traverse le fleuve n’est pas connu, mais on suppose qu’il s’agit de la même voie suivie quelques années après par Trajan durant sa première campagne dacique. L'avancée romaine est arrêtée au cœur du royaume de Décébale, près de Tapae, où elle subit une cuisante défaite. Ici l’armée romaine est sévèrement battue et le préfet perd la vie. La défaite est tellement grave qu'elle a pu être comparée à celle subie par Publius Quintilius Varus quatre-vingt années plus tôt en Germanie à la Bataille de Teutobourg. L'armée romaine doit subir des pertes durant la désastreuse retraite. Et dans le butin des Daces se trouve un étendard militaire, un aigle légionnaire ou plus probablement une enseigne des prétoriens.
Première bataille de Tapae (88)
La guerre est reprise en l'an 88 après un an de préparatifs. Domitien nomme comme nouveau commandant en chef, Lucius Tettius Iulianus lequel, traverse le Danube, probablement en face de la forteresse légionnaire de Viminacium, réussit, à l’automne suivant, à rejoindre la plaine de Caransebeş, en face des Portes de Fer, après une marche d’approche épuisante sur plusieurs colonnes, rendue difficile par les attaques continues des Daces.
Près de la localité appelée Tapae se déroule une grande bataille, suivie par la défaite des Daces. Iulianus, toutefois, ne marche pas sur la capitale ennemie de Sarmizégétuse. Selon Dion Cassius, il est retenu par un stratagème de Décébale qui aurait coupé des troncs d’arbre en les habillant en soldats bien armés et après les avoir positionnés en défense de la capitale de la Dacie, réussit à conduire les Romains à renoncer à avancer en territoire ennemi.
On peut penser qu’il y a d’autres motifs pour lesquels Lucius Tettius Iulianus reporte ultérieurement l’avance. La raison principale serait la difficulté de traverser les Portes de Fer à une période proche de l’hiver, et d’être obligé de supporter un séjour en territoire dace jusqu’au printemps suivant, en préparation d’une marche l’année suivante sur Sarmizegetusa.
Deuxième bataille de Tapae (101)
La première expédition de Trajan en Dacie, en 101 et 102.
En l'an 101, après avoir traversé le Danube, l’armée romaine de Trajan progresse en territoire dace sans rencontrer une grande résistance. Les Daces adoptent une tactique de retraite vers l’intérieur du pays, reculant au fur et à mesure que l’armée romaine avance, reprenant la même stratégie que lors de la campagne de Cornelius Fuscus en 86. Les Daces espèrent ainsi forcer les Romains à quitter leurs lignes de communications et d’approvisionnement et les isoler dans les montagnes transylvaines. Les reliefs de la colonne montrent des forteresses désertes, des troupeaux anéantis, des collines abandonnées. Au cours de cette approche, aucune confrontation sérieuse n’est signalée.
Malgré tout, Trajan, bien que n’ayant rencontré aucune résistance, continue à progresser vers l’intérieur du royaume avec précaution, craignant les embuscades. L’avancée de l’armée s’accompagne de la construction de routes, de ponts et de forts le long du chemin. Jusqu’à la Tapae, unique bataille de cette première campagne, Décébale évite toute confrontation armée.
Après avoir atteint Tibiscum, qui ressemble au nom actuel de Timiș, apparemment sans combat sérieux, Trajan établit un campement avant d’attaquer les forteresses daces protégeant le passage des Portes de Fer. L’armée romaine engage alors le combat contre l’armée dace à Tapae. Celle-ci, comme le montrent les reliefs de la colonne Trajane, tourne en faveur des Romains, après des combats acharnés.
Il ne s’agit pas pour autant d’un combat décisif, les Daces pouvant encore se replier dans les bastions des monts d’Orastie, bloquant ainsi la route menant à Sarmizégétuse.
L’arrivée de l’hiver rend imprudent une attaque de ces forteresses. C'est la trêve hivernale. L'arrivée de l'hiver marque l'arrêt des manœuvres. Trajan fait hiverner ses troupes en territoire ennemi et établit des garnisons autour de Sarmizégétuse, empêchant son ravitaillement.