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Sièges d'Arles (410-411 Ap. J.C.)

Usurpations et instabilité dans l'Empire romain d'Occident

Au début du Ve siècle, l’Empire romain d’Occident est en proie à des crises internes et à des invasions barbares. Parmi les multiples usurpateurs qui surgissent, Constantin III se distingue par ses ambitions : acclamé empereur en Bretagne en 407, il envahit la Gaule et tente de consolider son pouvoir face à l’empereur légitime Honorius.

Constantin s’installe à Arles, capitale stratégique des Gaules, et nomme son fils Constant César pour pacifier l’Espagne. Cependant, il est rapidement confronté à la révolte de son propre magister militum Gerontius, qui proclame un rival, Maxime, en Espagne. Pendant ce temps, l’empereur Honorius, réfugié à Ravenne, dépêche son général Constance pour réprimer les usurpateurs. Ces rivalités débouchent sur deux sièges d’Arles, marquant un tournant dans la lutte pour le contrôle de l’Empire d’Occident.


Premier siège d’Arles (410-411)

Contexte du siège :
Après avoir installé Maxime sur le trône à Tarragone, Gerontius franchit les Pyrénées pour attaquer Constantin, le prenant par surprise. À l’été 410, Constantin se réfugie dans la place forte d’Arles. Assiégé par Gerontius, il semble au bord de la défaite. Toutefois, au printemps 411, une armée romaine menée par Constance, envoyée par Honorius, arrive pour secourir la ville.

Déroulement :
La confrontation tourne rapidement en faveur de Constance. Gerontius, abandonné par ses troupes, s’enfuit en Espagne, où il est tué par ses propres soldats. Son protégé Maxime est capturé et livré à Honorius, qui ordonne son exécution. Constantin, bien qu’ayant survécu à ce premier siège, voit sa position de plus en plus affaiblie.


Deuxième siège d’Arles (printemps-été 411)

Contexte du siège :
Constance, après avoir levé le siège imposé par Gerontius, revient pour assiéger Constantin. Durant l’intervalle entre les deux sièges, Constantin négocie des alliances avec les Francs et les Alamans, espérant contrer les forces de Constance. Edobic, son allié barbare, arrive à la tête d’une armée pour perturber les opérations de siège.

Déroulement :
Constance mène une stratégie audacieuse. Tandis que son infanterie attaque frontalement les forces barbares, son lieutenant Ulphilas contourne les lignes ennemies et les prend à revers avec sa cavalerie. L’armée barbare est annihilée, et Edobic est tué, trahi par l’un de ses proches. Constatant la défaite de ses alliés, Constantin, acculé, se rend à Constance.

Reddition et exécution :
Constantin tente d’assurer sa survie en se faisant ordonner prêtre par l’évêque d’Arles, Héros, espérant bénéficier du caractère sacré attaché à sa nouvelle fonction. Malgré cette manœuvre, Constance le capture. Escorté vers l’Italie, Constantin est exécuté avec son fils Julien le 18 novembre 411.


Épilogue : La menace de Jovin et l’abandon de la Gaule

Alors que Constantin est neutralisé, une nouvelle menace surgit : Jovin, proclamé empereur à Mayence (Mogontiacum), avance vers le sud avec une armée de Barbares. Constance, informé de cette usurpation, abandonne la Gaule pour retourner en Italie. Cette décision laisse temporairement la Gaule aux mains des factions barbares et des usurpateurs.

Le préfet Dardanus, resté fidèle à Honorius, refuse de reconnaître l’autorité de Jovin et se réfugie à Narbonne. Jovin est finalement capturé par les Wisigoths, qui ont changé d’alliance en faveur d’Honorius. Dardanus exécute Jovin en 413, mettant un terme à cette série de rébellions.


Conséquences des sièges d’Arles

  1. Affaiblissement de l’unité impériale :
    Les sièges d’Arles illustrent les divisions internes de l’Empire romain d’Occident, marqué par des luttes de pouvoir incessantes entre usurpateurs et forces légitimes.

  2. Stratégie de Constance :
    Constance, par ses victoires contre Gerontius, Constantin, et plus tard Jovin, s’affirme comme un stratège clé de l’Empire. Il jouera un rôle majeur dans la stabilisation temporaire de l’Empire et deviendra Auguste en 421.

  3. Érosion de l’autorité impériale :
    Ces conflits affaiblissent encore davantage l’autorité impériale dans les provinces. La Gaule devient un terrain de jeu pour les ambitions barbares, marquant un pas de plus vers la désintégration de l’Empire romain d’Occident.



Sources et références

  1. Edward Gibbon, The Decline and Fall of the Roman Empire.
  2. Ammien Marcellin, Res Gestae.
  3. Peter Heather, The Fall of the Roman Empire: A New History of Rome and the Barbarians.
  4. J. B. Bury, History of the Later Roman Empire.

Auteur : Stéphane Jeanneteau

Mars 2011