Les Marcomans (latin marcomani, signifiant « hommes des frontières ») sont un peuple germanique occidental. Ils apparaissent dans les sources romaines, notamment chez Tacite, qui les situe entre les Naristes et les Quades, dans la région de l’actuelle Moravie. Leur nom semble indiquer leur rôle de peuple frontalier, probablement établi à proximité du Danube et des limites de l’Empire romain.
Au début du Ier siècle de notre ère, les Marcomans s’illustrent sous la direction de leur roi légendaire Marobod (ou Maroboduus). Éduqué à Rome comme otage, il exploite ses connaissances des tactiques romaines pour organiser un royaume puissant en Bohême, territoire récemment conquis aux Celtes. Ce royaume centralisé (9 av. J.-C. – 19 apr. J.-C.) constitue une menace stratégique pour Rome. Cependant, il reste éphémère, en partie en raison des rivalités internes et des pressions des peuples voisins.
C’est également à cette époque que se développe l’alphabet runique ou Futhark, et les Marcomans pourraient en être les initiateurs.
Pendant les IIe et IIIe siècles, les Marcomans sont établis dans la région du bas-Danube, où ils menacent régulièrement le limes (frontière de l’Empire romain).
Entre 166 et 180, les Marcomans, souvent alliés aux Quades et aux Lombards, mènent une série d’incursions contre l’Empire romain, profitant des troubles internes et des pressions exercées par les Goths et les Gépides à l’est. Ces conflits atteignent leur apogée sous le règne de l’empereur Marc Aurèle, qui mène des campagnes militaires intenses contre eux. En 169, les Marcomans subissent une défaite majeure, mais ils continuent de se révolter périodiquement.
Au IVe siècle, les Marcomans doivent faire face à une menace plus redoutable : l’arrivée des Huns. Ces derniers bouleversent l’équilibre des peuples germaniques en Europe centrale. Sous la pression hunnique, les Marcomans abandonnent leurs terres traditionnelles et entament une migration vers l’ouest. Ils se dirigent vers la Gaule, participant ainsi aux grandes migrations barbares qui marquent la fin de l’Antiquité.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Septembre 2010