La civilisation minoenne, également appelée civilisation crétoise, est l'une des premières grandes puissances maritimes de l'histoire, marquant un tournant dans l’évolution culturelle et économique de la Méditerranée orientale. Nommée d’après le légendaire roi Minos, cette civilisation aurait prospéré de 1900 à 1600 avant J.-C. et connu son apogée pendant la période des « premiers palais » comme ceux de Phaïstos, Cnossos, et Mallia. Cette société complexe et urbaine a joué un rôle clé dans le développement des échanges commerciaux maritimes, rendant la Méditerranée une voie de communication stratégique.
La civilisation minoenne est redécouverte le 30 mars 1900, lorsque l'archéologue britannique Sir Arthur John Evans met au jour une grande quantité de tablettes en argile sur le site de Cnossos, en Crète. Ces tablettes, associées à la culture minoenne, révèlent une société florissante jusqu’à 1200 avant J.-C. (une période correspondant à celle de Ramsès II et de Moïse dans l’histoire égyptienne). Evans identifie cette culture unique, qui précède la Grèce classique et en constitue une sorte de fondement culturel, comme la civilisation minoenne.
Le site de Cnossos dévoile une structure architecturale complexe, avec une acropole de 22 000 m² et environ 1300 pièces. Les découvertes archéologiques suggèrent que les rois-juges de Crète, supposés résider dans ces palais, exerçaient un rôle important, combinant pouvoir politique et religieux. Ce site monumental inspira la légende du labyrinthe où, selon la mythologie grecque, Minos aurait emprisonné le Minotaure, créature née des amours de sa femme Pasiphaé et d'un taureau envoyé par le dieu Poséidon.
La civilisation minoenne est souvent décrite comme "souriante" en raison des scènes de vie quotidienne et de nature représentées dans ses fresques murales, un art innovant pour l'époque. Les peintures murales des palais minoens illustrent des activités telles que des festivités, des jeux de taureau et des paysages marins, témoignant d'une société tournée vers la mer et profondément connectée à son environnement naturel. Ce style artistique distinct, avec des lignes fluides et des couleurs vives, influencera les cultures méditerranéennes et illustre l’importance de la nature et de la vie communautaire chez les Minoens.
Sir Arthur Evans distingue trois périodes de la civilisation minoenne : le Minoen ancien (jusqu’en 2000 avant J.-C.), le Minoen moyen (2000-1600 avant J.-C.), et le Minoen récent (1600-1400 avant J.-C.). Les Minoens utilisent diverses formes d'écriture, notamment des hiéroglyphes crétois et, à partir de l’époque du Minoen récent, l'écriture linéaire A, une écriture syllabique composée d’idéogrammes. Bien que l'écriture linéaire A reste encore indéchiffrée, elle révèle une langue distincte des dialectes helléniques connus. Elle marque une étape importante dans l'évolution de l’écriture en Méditerranée.
Vers 1500 avant J.-C., le linéaire B apparaît, une écriture plus simplifiée qui, selon les chercheurs, transcrit un dialecte grec archaïque. Ce développement témoigne de contacts croissants entre la Crète et le monde grec continental, notamment avec les Achéens, un peuple mycénien du Péloponnèse. Les tablettes en linéaire B découvertes sur le site de Cnossos, miraculeusement conservées lors de l’incendie des palais, apportent un aperçu de la gestion administrative et économique de la société minoenne.
Aux environs de 1500 avant J.-C., un événement cataclysmique bouleverse la Crète et toute la région égéenne : l'éruption du volcan de Théra (aujourd'hui Santorin). Ce séisme majeur, accompagné de tsunamis, ravage les infrastructures de l'île et affaiblit considérablement la civilisation minoenne. Peu de temps après, la Crète subit l'influence grandissante des Achéens, arrivés dans le Péloponnèse et les Cyclades, qui assimilent progressivement la culture minoenne à la leur, entraînant sa disparition complète vers la fin du second millénaire avant J.-C.
La civilisation minoenne laisse un héritage durable, en particulier dans le domaine artistique et architectural, influençant la culture mycénienne et les traditions de la Grèce antique. Ses fresques, son architecture complexe et ses avancées maritimes et commerciales inspirent les civilisations qui suivront. La richesse culturelle et technologique des Minoens, révélée par les découvertes d’Evans et par les fouilles archéologiques ultérieures, continue de fasciner les historiens et archéologues.
La tête de taureau en marbre qui y est exposée symbolise le minautore, auquel, chaque année, on devait sacrifier 14 jeunes personnes (7 filles et 7 garçons). |
Minos Roi légendaire de Crète, fils de Zeus et d’Europe, époux de Pasiphaé et père d’Ariane. Ayant remporté une victoire contre les Athéniens, il leur impose d’envoyer chaque année sept jeunes gens et sept jeunes filles à donner en pâture au Minotaure. Son rôle civilisateur lui valut, après sa mort, d’être, avec Rhadamanthe et Éaque, l’un des trois juges des Enfers. |
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Mars 2007