Geiséric (ou Genséric), né vers 389, fut le roi des Vandales et des Alains de 428 à sa mort en 477. Sa montée au pouvoir coïncide avec une période de grande instabilité pour l’Empire romain. Souverain énergique et stratège redoutable, il succéda à son frère Gunderic et mena les Vandales depuis l'Hispanie vers l'Afrique du Nord, où il fonda un royaume qui devint l'une des principales puissances de la Méditerranée occidentale.
En 429, Geiséric profita des divisions internes de l’Empire romain pour organiser la traversée de 80 000 Vandales et Alains à travers le détroit de Gibraltar. Cette migration fut probablement motivée par la pression des Wisigoths en Hispanie et par des opportunités en Afrique du Nord, une région stratégique pour l'Empire romain grâce à sa production céréalière.
Selon certaines sources, il aurait été invité par Boniface, gouverneur romain d’Afrique, pour l’aider à contrer les forces impériales. Cependant, cette alliance de circonstance tourna rapidement à l’avantage de Geiséric, qui se révéla impitoyable dans sa conquête.
Après plusieurs années de combats, Geiséric s'empara de Carthage, la capitale de la province romaine d'Afrique, en 439. Ce fut un coup majeur porté à l'Empire romain d'Occident, qui perdit ainsi sa principale source de blé. Carthage devint la capitale du royaume vandale, et Geiséric transforma cette conquête en une base pour construire une flotte puissante qui allait dominer la Méditerranée occidentale.
Sous Geiséric, les Vandales établirent un royaume prospère en Afrique du Nord. Carthage, avec son port stratégique, devint le centre d'opérations d'une flotte redoutable. Cette puissance maritime permit aux Vandales de mener des raids sur les côtes de l’Italie, de la Sicile, de la Sardaigne, des Baléares et même de la Grèce.
Les Vandales devinrent des maîtres de la piraterie, perturbant le commerce méditerranéen et défiant l’autorité romaine. Geiséric adopta également une politique religieuse marquée par l’arianisme, qui causa des tensions avec la population catholique locale.
En 455, Geiséric s'imposa comme une figure incontournable de l'histoire romaine en menant le célèbre sac de Rome. Après l'assassinat de l'empereur Valentinien III et l’usurpation de Pétrone Maxime, Geiséric utilisa le mariage prévu entre son fils et la fille de Valentinien comme prétexte pour intervenir. Sa flotte débarqua en Italie, et ses troupes pillèrent Rome pendant deux semaines. Contrairement aux Goths d'Alaric en 410, les Vandales firent preuve d'une méthode et d'une brutalité qui marquèrent durablement les esprits.
Geiséric démontra également ses talents de diplomate en exploitant les divisions entre l’Empire romain d’Occident et d’Orient. Il manipula les rivalités politiques pour renforcer son pouvoir. Ses relations avec l’Empire d’Orient furent marquées par des conflits intermittents, mais il parvint à maintenir son royaume face aux attaques impériales grâce à sa flotte et à ses alliances.
Geiséric régna pendant près de 50 ans, un exploit rare pour l’époque. À sa mort en 477, il laissa un royaume vandale bien établi qui allait perdurer jusqu’à la reconquête byzantine par Justinien au VIe siècle. Son règne symbolise le passage d’un monde romain dominant à un paysage méditerranéen fragmenté, où les royaumes barbares jouèrent un rôle majeur.
Geiséric est souvent perçu comme l’un des plus grands rois barbares, à l’égal d’Attila et d’Alaric. S’il est vilipendé par les sources romaines pour sa brutalité et son ambition, il est également respecté pour son intelligence stratégique et sa capacité à s’adapter à un monde en transition.
Les Vandales pillant Rome, par Heinrich Leutemann |
Attila, surnommé "le Fléau de Dieu" par les Romains, fut le roi des Huns de 434 à sa mort en 453. Né vers 406, il devint une figure emblématique de la barbarie et de la guerre, incarnant la menace la plus redoutable pour les empires romains d’Orient et d’Occident. Les Huns, un peuple nomade d’origine asiatique, s’étaient établis dans les plaines de Hongrie au début du Ve siècle, où ils construisirent un puissant réseau militaire et politique.
Attila et son frère Bléda succédèrent à leur oncle Roua en 434 et gouvernèrent conjointement. Cependant, Attila assassina Bléda en 445 pour s’arroger le pouvoir exclusif, consolidant ainsi son contrôle sur les Huns et leurs alliés. Sous son règne, les Huns formèrent une coalition de tribus germaniques et scythes, devenant une menace systémique pour l’Empire romain.
Le premier affrontement majeur entre Attila et l’Empire romain d’Orient eut lieu en 441. Après une brève période de paix obtenue par le paiement d’un tribut, Attila exigea une augmentation substantielle. Théodose II, l’empereur d’Orient, refusa, déclenchant une série de campagnes dévastatrices. Les Huns ravagèrent les Balkans, détruisant Naissus (actuelle Niš, en Serbie) et Serdica (Sofia, en Bulgarie), et atteignirent les Thermopyles. En 443, un traité de paix fut conclu, mais à un coût exorbitant : un triple tribut annuel et la cession de territoires au sud du Danube.
La campagne suivante, en 447, fut encore plus violente. Attila infligea une défaite écrasante aux légions romaines près d’Utus (actuelle Vidin, en Bulgarie). Cette guerre laissa Constantinople sans défense, mais les murailles construites par Théodose II, récemment restaurées après un tremblement de terre, protégèrent la capitale. Une fois encore, la paix fut achetée à un prix exorbitant, confirmant l'incapacité de l'Empire d'Orient à résister aux Huns par les armes.
Après avoir consolidé son pouvoir en Orient, Attila porta son attention sur l’Empire d’Occident. En 449, un incident diplomatique lui offrit un prétexte pour attaquer. Honoria, la sœur de l’empereur Valentinien III, aurait secrètement envoyé une bague à Attila pour solliciter son aide contre son frère, qu’elle détestait. Attila interpréta ce geste comme une proposition de mariage et réclama la moitié de l’Empire d’Occident comme dot. Valentinien refusa.
En 451, Attila lança sa grande invasion de la Gaule à la tête d’une armée hétéroclite composée de Huns, Ostrogoths, Alains et autres peuples fédérés. Il ravagea les villes de Reims, Metz, Strasbourg et Trèves avant d’assiéger Orléans. Cependant, l’intervention rapide d’Aetius, commandant en chef des armées occidentales, et son alliance avec les Wisigoths de Théodoric Ier, contraignirent Attila à se replier.
Le point culminant de la campagne fut la bataille des Champs Catalauniques, près de Châlons-en-Champagne, en juin 451. Ce fut l’un des plus grands affrontements de l’Antiquité tardive. Selon les chroniqueurs, plus de 200 000 hommes périrent. Bien qu'aucun camp ne puisse revendiquer une victoire décisive, Attila subit sa première défaite stratégique et fut contraint de se retirer. Cet événement marqua le début du déclin de sa puissance militaire.
L’année suivante, Attila envahit l’Italie, ravageant Aquilée, Padoue, Vérone et Milan. Rome elle-même sembla menacée. Cependant, une rencontre légendaire entre Attila et le pape Léon Ier en 452 aurait convaincu le roi des Huns de se retirer, bien que les véritables raisons soient probablement plus complexes. Les Huns étaient affaiblis par la famine et une épidémie, et la menace d'une intervention de l’Empire d’Orient pesait sur leurs arrières.
Attila mourut en 453 dans des circonstances mystérieuses, vraisemblablement lors de sa nuit de noces avec une princesse nommée Ildico. Les versions varient, mais certaines sources suggèrent qu’il succomba à une hémorragie interne ou à une rupture d’anévrisme. Sa mort précipita l’effondrement de l’Empire hunnique. Ses fils se disputèrent le pouvoir, provoquant des divisions internes qui permirent aux peuples germaniques de se soulever. En 454, les Huns furent vaincus à la bataille de la Nedao par une coalition dirigée par les Gépides.
Attila reste une figure légendaire, incarnant à la fois la barbarie et le génie stratégique. Bien que souvent perçu comme un destructeur, il joua un rôle crucial dans la transformation de l'Europe en affaiblissant les structures impériales romaines et en ouvrant la voie à l'ère médiévale. Son nom est devenu synonyme de terreur, mais son règne illustre aussi l’émergence des royaumes barbares et le déclin de l’Empire romain.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Juillet 2010
Attila revint en Italie l'année suivante, et ravagea de nombreuses villes comme Padoue, Vérone et Milan. Selon certaines sources, seule l'intervention papale l'empêcha d'entrer dans Rome. Il projetait une future attaque contre Constantinople quand il mourut dans son sommeil en 453.