Au IIe millénaire avant J.-C., l’Italie est peuplée par diverses communautés ayant des origines et des modes de vie variés. Les migrations indo-européennes arrivent en deux vagues principales : d’abord les proto-Latins venus de l’Illyrie, suivis par les Italiques. Ces derniers introduisent un mode de vie caractérisé par des habitats sur pilotis, ou palafittes, construits au bord des rivages asséchés ou dans des zones marécageuses comme les terramare. Ces villages sont souvent entourés de bastions de boue et de terre battue, visant à protéger les habitants contre les agressions humaines ou animales.
Parallèlement, des peuples autochtones tels que les Ligures et les Étrusques occupent déjà le territoire. En Sardaigne, les populations locales, renforcées par des rescapés des Peuples de la Mer, érigent des nuraghi : des forteresses coniques en pierre sèche, sans mortier, témoignant d’une remarquable maîtrise architecturale.
Vers la fin du IIe millénaire avant J.-C., une autre vague migratoire venue de la région de la mer Noire donne naissance à la civilisation villanovienne (vers 900-700 avant J.-C.). Les Villanoviens s’installent d'abord autour de Felsina (Bologne) avant de s’étendre vers l’Adriatique, la Toscane et l’Ombrie. Leur société, marquée par une forte densité de population, se distingue par des villages fortifiés et un mode de vie sédentaire. Ils maîtrisent l’extraction et la transformation du fer, particulièrement sur l’île d’Elbe, ce qui leur confère un avantage économique et militaire.
Des nécropoles villanoviennes retrouvées jusqu’en Campanie attestent de l’expansion culturelle de ce peuple. Cependant, à mesure qu’ils atteignent le VIIIe siècle avant J.-C., les Villanoviens subissent l’influence des Étrusques, souvent considérés comme leurs descendants ou successeurs culturels.
Habitations palafittes reconstituées
L’origine des Étrusques reste un sujet de débat depuis l’Antiquité. Hérodote les associe à une migration depuis la Lydie sous la direction de Thyrrenos, tandis qu’une autre hypothèse en fait des descendants des Pélasges, un peuple pré-hellénique. Une autre thèse moderne les rattache aux peuples alpins (Rhètes), trouvant des points communs avec la culture villanovienne qualifiée de proto-étrusque. Enfin, certains estiment qu’ils pourraient être un vestige des Peuples de la Mer, notamment les Tourousha ou Tursha.
Au VIIe siècle avant J.-C., les Étrusques s’établissent dans des cités fortifiées entre l’Arno et le Tibre. Organisés en une confédération de douze cités-États, ils développent un système politique autonome où chaque cité gère ses affaires internes tout en participant à des assemblées fédérales au sanctuaire de Voltumna. Parmi ces cités figurent Tarquinia, Clusium et Caere.
Les Étrusques entretiennent des échanges commerciaux et culturels fructueux avec les Grecs et les Phéniciens, adoptant l’alphabet grec (de type chalcidien) et enrichissant leur artisanat. En retour, ils exportent du fer, des produits agricoles et des biens manufacturés.
Le VIe siècle avant J.-C. marque l’apogée de leur puissance. Ils dominent la plaine du Pô, la Campanie et la mer Tyrrhénienne. Cependant, leur expansion les confronte aux Grecs, notamment lors de la bataille navale d’Alalia (-535) contre les Phocéens. Bien qu’ils réussissent à sécuriser la Corse orientale, leur thalassocratie commence à décliner face aux nouvelles puissances maritimes comme Massalia et Syracuse.
À partir du Ve siècle avant J.-C., les Étrusques subissent des défaites successives. La chute de Véies en -396, l'invasion gauloise (bataille de l'Allia, -390) et les offensives romaines affaiblissent leur confédération. Finalement, l’Étrurie méridionale tombe sous domination romaine au IVe siècle avant J.-C., et les cités étrusques deviennent progressivement des alliées puis des provinces de Rome.
Les Grecs commencent à coloniser l’Italie méridionale dès le VIIIe siècle avant J.-C., fondant des cités comme Cumes, Rhegion et Tarente. Leur influence s’étend également à la Sicile, où Syracuse devient un centre culturel et militaire majeur. Bien que les Grecs ne parviennent pas à s’imposer en Italie centrale, ils jouent un rôle clé dans la transmission de la culture hellénique, notamment par l’alphabet et les techniques artistiques.
Les Celtes, venus d’Europe centrale, s’installent dans la plaine du Pô à partir du VIe siècle avant J.-C., fondant des cités comme Milan et Brescia. Ils coexistent d’abord avec les Étrusques mais entrent rapidement en conflit avec eux et avec Rome. Leur victoire à la bataille de l’Allia (-390) marque un tournant, mais leur influence diminue face à la montée en puissance de Rome.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Avril 2007