L'ère qui suivit la mort de Constantin le Grand plongea l'Empire romain dans des luttes fratricides et des transformations politiques marquées par des divisions internes et des défis extérieurs. En 337, le partage de l'Empire entre les trois fils de Constantin inaugura une période de rivalités, de trahisons et de guerres civiles. Ces luttes façonnèrent les règnes de Julien l’Apostat et de Valentinien, figures emblématiques de cette époque.
Constantin II, Constant Ier et Constance II héritèrent chacun d’une partie de l’Empire, mais cette répartition fut rapidement mise à l’épreuve. Les ambitions personnelles conduisirent à l’assassinat de Constantin II en 340 et à l’élimination de Constant Ier par l’usurpateur Magnence en 350. Constance II, après avoir vaincu Magnence lors des batailles de Mursa et du Mont Séleucus, devint l’unique souverain de l’Empire, mais sa position fut continuellement menacée par les Germains et les Perses.
L'empereur Valentinien | L'empereur Julien |
En 355, Constance II éleva son jeune neveu Julien au rang de César de la Gaule et de la Bretagne, espérant le cantonner à des fonctions administratives. Cependant, Julien surprit par ses talents militaires et sa victoire décisive contre les Alamans à Strasbourg en 357. Lorsqu’il se déclara Auguste en 360, un affrontement semblait inévitable, mais la mort subite de Constance II en 361 permit à Julien d’accéder au pouvoir sans conflit.
Julien, surnommé "l’Apostat", tenta de restaurer les anciens cultes païens, espérant ainsi renouer avec les valeurs traditionnelles de Rome. Bien que tolérant envers le christianisme, il interdit aux chrétiens d’enseigner, arguant que leur foi s’opposait à l’héritage intellectuel de la civilisation gréco-romaine. Julien mena également une campagne militaire contre les Perses, mais trouva la mort en 363 lors de la bataille de Maranga, mettant fin à son règne de deux ans.
Après la mort de Julien et le bref règne de Jovien, l’Empire fut à nouveau divisé sous Valentinien Ier, proclamé empereur en 364. Valentinien partagea l’autorité avec son frère Valens, qu’il plaça à la tête de l’Orient. Cette division géographique visait à assurer une gestion plus efficace des menaces militaires, mais elle soulignait aussi la fragilité de l’unité impériale.
Valentinien se concentra sur la défense de l’Occident, menant des campagnes sur les frontières du Rhin et du Danube. Il ordonna la construction de fortifications, renforçant les villes et les avant-postes pour contenir les incursions barbares. En Afrique, il réprima les révoltes en Tripolitaine et en Maurétanie grâce à son général Théodose. Il mourut en 375 d’une attaque d’apoplexie, laissant l’Occident à ses fils Gratien et Valentinien II.
Sous Valentinien et Valens, l'Empire fut renforcé militairement, mais la division institutionnelle perpétua les tensions entre l'Orient et l'Occident. La centralisation du pouvoir autour de dirigeants loyaux et compétents stabilisa temporairement l’Empire, mais les défis externes, comme les invasions barbares et les pressions perses, continuaient à fragiliser Rome.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Juin 2010