Vers 120 av. J.-C., un bouleversement climatique ou géologique dans le Jutland (actuel Danemark) incite les Cimbres, un peuple germanique, à abandonner leur territoire. Appien rapporte qu’un tremblement de terre pourrait être à l’origine de la montée des eaux qui a submergé leurs terres. Un autre peuple germanique, les Teutons, quittant le Mecklembourg ou le Holstein pour des raisons similaires, se joint à eux. Les deux groupes entament une migration massive, avec leurs femmes, enfants et biens, traversant l'Allemagne actuelle.
Commandés par Boïorix (Cimbres) et Teutobokhe (Teutons), ils rencontrent les premiers Celtes, les Boïens, en Bohème. Ceux-ci les repoussent, mais les Cimbro-Teutons trouvent un passage à travers le territoire des Scordisques (actuelle Serbie), où les troupes romaines du consul Caius Porcius Cato sont vaincues en 114 av. J.-C.
En pénétrant en Norique, chez les Taurisques, les Cimbro-Teutons assiègent Noréia (Krainburg). Le consul Gaius Papirius Carbon tente de les stopper par une embuscade, mais il subit une sévère défaite en 113 av. J.-C., évitant de justesse une invasion de l’Italie grâce à un orage providentiel. Les Cimbro-Teutons continuent leur marche à travers la Pannonie, puis la Gaule, attirant d'autres groupes celtiques comme les Tigurins, Thugènes et Ambrons.
"Les Romans passant sous le joug" de Charles Gleyre, 1858. Triomphe des Helvètes sur les Romains à la bataille d'Agen. A gauche, armé de l'épée, Divico. |
En 109 av. J.-C., les Cimbro-Teutons atteignent la Provincia (Sud-Est de la Gaule, sous domination romaine) et demandent des terres pour s’établir. Le consul Marcus Julius Silanus rejette leur proposition et tente de les attaquer, mais il subit une défaite humiliante. Les envahisseurs continuent à ravager la région, remportant d’autres victoires sur les armées romaines à Genève (107 av. J.-C.), où le consul Cassius Longinus est tué.
En 105 av. J.-C., une coalition romaine dirigée par les consuls Cneius Mallius Maximus et Quintus Servilius Cepion affronte les Cimbres et leurs alliés près d’Arausio. Les rivalités entre les deux généraux affaiblissent la coordination militaire, et la bataille tourne à la catastrophe. Les légions romaines sont écrasées : 80 000 soldats et 40 000 valets sont massacrés. Cette défaite provoque un choc à Rome et met en lumière la nécessité de réformer l'armée.
Gaius Marius, élu consul en 104 av. J.-C., est chargé de contrer cette menace. Il réforme l’armée :
Les Teutons et les Ambrons avancent par la Provincia. Marius, retranché, attend leur passage avant de les attaquer près d’Aix-en-Provence. Après une première escarmouche, il tend une embuscade aux forces teutonnes, qui sont anéanties. Le roi Teutobokhe est capturé.
Les Cimbres, ayant traversé les Alpes par le col du Brenner, occupent la plaine du Pô. Marius et le consul Quintius Lutatius Catulus leur opposent une armée combinée. La bataille, marquée par un usage tactique du vent et de la poussière, se solde par la destruction de l’armée cimbrienne. Boïorix est tué, et plus de 100 000 Cimbres sont massacrés ou capturés.
Auteur : Stéphane Jeanneteaui
Juin 2009