La révolte de Sertorius (83-72 av. J.-C.) fut l'une des plus longues et des plus complexes insurrections contre la République romaine, menée par Quintus Sertorius, un général romain talentueux et partisan de Marius. Malgré des ressources limitées, il réussit à défier Rome en formant un État quasi-indépendant en Hispanie.
Quintus Sertorius, après avoir soutenu Marius contre Sylla pendant la guerre civile romaine, s’exile en Hispanie en -83 pour échapper aux purges de Sylla. En Hispania, il trouve un terreau favorable : les populations locales sont lassées des abus des gouverneurs romains et souhaitent un chef capable de s'opposer à la domination romaine.
Sertorius commence par organiser des milices locales et intègre des déserteurs romains ainsi que des Lusitaniens. Cependant, une offensive de Sylla menée par Annius le force à se retirer temporairement en Afrique. Là, il défait Paccianus, un général de Sylla, et revient en Hispanie, où les Lusitaniens le proclament chef.
En Hispanie, Sertorius établit un État quasi-indépendant avec :
Sertorius remporte de nombreuses victoires contre les forces romaines :
Sertorius établit des relations diplomatiques avec Mithridate VI du Pont. Bien que méfiant envers le roi, il accepte un traité limité, lui envoyant un général, Marcus Marius, en échange de soutien financier et naval.
En -76, Pompée est envoyé en Hispanie avec 30 000 fantassins et 1 000 cavaliers pour épauler Métellus. Malgré cet avantage, Pompée subit plusieurs défaites, notamment à la bataille de la Turia, où Sertorius tend une embuscade brillante.
Sertorius exploite les faiblesses de Pompée :
Cependant, les tensions internes et le manque de ravitaillement empêchent Sertorius d'exploiter pleinement ses victoires. Métellus et Pompée parviennent à coordonner leurs efforts, limitant la progression de Sertorius.
À partir de -74, Sertorius perd le soutien des Ibériques, épuisés par la guerre, et des sénateurs romains exilés, jaloux de son pouvoir. Sa répression brutale des dissidences alimente le mécontentement.
Marcus Perperna Vento, l’un de ses lieutenants, fomente un complot. En -72, Sertorius est assassiné lors d’un banquet par ses propres officiers.
Après la mort de Sertorius, Perperna prend le commandement, mais il n’a ni le charisme ni les compétences militaires de son prédécesseur. Il est rapidement défait par Pompée, et les derniers foyers de résistance sont écrasés en -71.
Pompée réorganise l’Hispanie, fonde la ville de Pompelon (Pampelune) et établit une paix durable.
La révolte de Sertorius illustre les limites du contrôle romain sur ses provinces et la capacité des élites dissidentes à mobiliser les populations locales contre Rome. Elle montre aussi comment les dissensions internes (ici entre les optimates et les populares) affaiblissent l’État romain face à des insurrections locales.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Aout 2009