Les Slaves commencent à pénétrer la péninsule balkanique à partir du Ve siècle de notre ère. Contrairement à des invasions soudaines, leur migration est caractérisée par une infiltration progressive. Vers le VIe siècle, ils arrivent en groupes plus importants, s’établissant dans diverses régions, notamment jusqu’au Péloponnèse. Malgré plusieurs tentatives d’assiéger la ville de Salonique, ils ne réussissent pas à s’en emparer.
Au VIIe siècle, les Slaves dominent démographiquement le nord et le sud des Balkans. Cependant, leur organisation sociale reste fragmentée, sans structure politique unifiée. Ce vide est comblé par l’arrivée des Bulgares, un peuple turcophone originaire de la région de la Volga. Ces derniers réussissent à structurer les Slaves et à instaurer une organisation politique durable, formant ainsi les bases du futur peuple bulgare.
Bien que les Bulgares dominent initialement, leur langue et leur culture s’effacent progressivement devant l’influence slave. À l’image de l’évolution linguistique en France avec le latin et le tudesque, la langue turque des Bulgares laisse peu de traces, cédant la place au slavon qui devient la langue dominante.
Les Bulgares, un peuple nomade d’origine turcophone, apparaissent historiquement au nord de la mer Noire au Ve siècle. Leur premier royaume, fondé par Koubrat le Grand, s’étend sur l’actuelle Ukraine. Sous la pression des Khazars, une partie migre vers la région de la Volga où ils fondent un royaume islamisé au VIIIe siècle, absorbé plus tard par les Tatars.
L’un des fils de Koubrat, Asparoukh, choisit un destin différent. En 679, il traverse le Danube avec sa tribu, s’allie aux Slaves et établit le premier royaume bulgare en 681. Ce territoire inclut des parties des actuelles Bulgarie, Roumanie, Macédoine, Serbie et Hongrie occidentale, où cohabitent des Slaves, des Thraces et d’autres peuples.
Asparoukh joue un rôle central en unifiant les tribus slaves et bulgares. Son royaume se distingue par sa diversité ethnique, mais également par sa capacité à former une identité politique solide, jetant les bases de l’État bulgare.
Fondé en 681, le premier État bulgare est un modèle de coexistence ethnique. Bien que les Bulgares soient initialement dominants, les Slaves imposent leur langue et leur culture. La christianisation sous Boris Ier au IXe siècle achève ce processus d’assimilation culturelle. L’alphabet cyrillique, développé par les frères Cyrille et Méthode, renforce encore cette unification linguistique.
Le royaume atteint son zénith sous Siméon Ier (893-927), surnommé le Charlemagne bulgare. Sous son règne, le royaume devient une puissance régionale majeure, rivalisant avec l’Empire byzantin. Siméon obtient le titre de tsar en 913, consolidant son pouvoir. Cependant, le système féodal, les guerres incessantes et la pression fiscale affaiblissent l’État.
Après la défaite de Samuel Ier face à Basile II, surnommé le Bulgaroctone, en 1014, le royaume bulgare perd son indépendance. L’annexion par l’Empire byzantin en 1018 marque la fin du premier royaume bulgare, bien que son héritage culturel perdure.
La conversion au christianisme en 865 sous Boris Ier marque un tournant pour les Bulgares. La religion orthodoxe devient un pilier de l’identité nationale, malgré les tentatives ultérieures du catholicisme et l’émergence de mouvements comme les Bogomiles. L’alphabet cyrillique, adopté pour la liturgie et les documents officiels, constitue une contribution majeure à l’identité bulgare et au monde slave.
La domination byzantine (1018-1185) renforce l’Église orthodoxe, mais voit aussi la diffusion du mouvement Bogomile, qui influence des régions aussi éloignées que la France méridionale avec les Cathares.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Novembre 2011