Le territoire actuel de la Hongrie, situé dans le bassin des Carpates, a une histoire ancienne marquée par une succession de peuples et de civilisations. Parmi les premiers habitants, on trouve les Daces, les Illyriens et les Pannoniens. Ces territoires furent intégrés à l’Empire romain : la partie sud-ouest à la Pannonie et la partie sud-est à la Dacie.
Après la chute de Rome, la région devint un carrefour pour divers groupes : Gépides, Longobards, Khazars, et plus tard les Slaves, Avars et Bulgares. Les invasions des Huns, dirigés par Attila, laissèrent une empreinte historique durable, bien que son empire s’effondre rapidement. À l’arrivée des Magyars au IXe siècle, la région avait déjà subi une succession de migrations et d’occupations, ce qui en faisait une terre multiculturelle.
Les Magyars, ou Hongrois, sont originaires des plaines de Sibérie occidentale, à l’est de l’Oural. Initialement un peuple nomade vivant principalement de l’élevage, ils migrèrent progressivement vers l’ouest. Vers la fin du premier millénaire, ils atteignirent le bassin de la rivière Kama, avant de s’établir au nord de la mer Noire sous l’influence des Khazars.
Leur nom dérive du terme « Magyar », désignant leur ethnie, tandis que les Slaves les appelaient Ougri ou Oungri. Ces termes furent transformés en Ungarn par les Allemands et Hongrois par les Français.
En 895, sous la direction d’Álmos et de son fils Árpád, les Magyars envahirent le bassin moyen du Danube. Ce territoire, alors faiblement peuplé en raison du déclin des Avars, fut conquis avec une relative facilité. Les Magyars étaient bien organisés, divisés en sept tribus et plusieurs clans. Selon les récits, ils représentaient environ un million de personnes, dont 200 000 guerriers.
Entre le IXe et le Xe siècle, les Magyars menèrent une série de raids spectaculaires à travers l’Europe. Leurs cibles incluaient l’Italie, l’Allemagne, la France et l’Empire byzantin. Leur mobilité, grâce à une maîtrise exceptionnelle de la cavalerie, leur permit de semer la terreur. Ces campagnes leur assurèrent butins et tributs, mais leur agressivité suscita des résistances croissantes.
La fin des raids coïncide avec la conversion au christianisme des Magyars, un processus amorcé sous le règne du duc Géza (972-997), un descendant d’Árpád. Bien que baptisé par Saint Adalbert, Géza conserva des pratiques païennes, illustrant une transition culturelle graduelle.
Sous son fils, Étienne Ier (1000-1038), les Magyars adoptèrent pleinement le catholicisme. Étienne fut couronné roi en l’an 1000, marquant la naissance officielle de l’État hongrois. Ce roi, aujourd’hui saint patron de la Hongrie, joua un rôle déterminant dans l’établissement de structures administratives, ecclésiastiques et sociales solides.
Après leur sédentarisation, les Magyars cessèrent d’être un peuple exclusivement nomade. Ils s’intégrèrent progressivement aux populations locales, formant une société mixte avec des influences slaves, valaques, germaniques et avares. Cette coexistence enrichit culturellement et spirituellement la Hongrie, posant les bases d’une identité nationale complexe et multiculturelle.
La dynastie fondée par Árpád régna sur la Hongrie jusqu’en 1301, consolidant l’unité du royaume et son intégration à la chrétienté. La Hongrie devint rapidement une puissance régionale, jouant un rôle clé dans la défense de l’Europe contre les incursions païennes et ottomanes.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Novembre 2011