Au début du Ve siècle, l'invasion et l'expansion des Anglo-Saxons sur l'île de Bretagne eurent un impact majeur sur les populations bretonnes insulaires, poussant ces derniers à se réfugier dans des régions plus occidentales. Les Bretons se divisèrent alors en plusieurs groupes, cherchant à se maintenir et à préserver leurs cultures face à l'expansion anglo-saxonne. La majeure partie de ces Bretons se regroupa dans le futur Pays de Galles, formant les Gallois (Cymru). Cependant, un autre groupe plus restreint se réfugia au nord du mur d'Hadrien, principalement dans les régions autour des rivières Clyde et Forth.
Ces Bretons isolés établirent un royaume dans cette région, appelé Strathclyde, qui allait devenir l'une des entités politiques les plus importantes de la Bretagne du nord. Le royaume de Strathclyde se distinguait par son caractère celtique et breton, tout en maintenant des liens avec d'autres peuples celtes à travers l'île. Cette zone, plus protégée des incursions anglo-saxonnes grâce à son emplacement géographique, devint un bastion de résistance pour les Bretons du nord.
Le premier chef connu du royaume de Strathclyde est Ceretic Guletic (ou Coroticus), un "client de Rome", terme utilisé pour désigner un dirigeant local ayant accepté la tutelle ou l’influence de l'Empire romain. À cette époque, Strathclyde était encore influencé par la structure politique romaine et ses anciennes divisions. Ceretic Guletic semble avoir consolidé son pouvoir en dirigeant les Bretons dans cette région, créant ainsi les bases d'un royaume indépendant des Anglo-Saxons.
Sous son autorité, la région autour de la Clyde fut stabilisée, et Alcluith (aujourd'hui Dumbarton) devint la capitale du royaume. Ce site stratégique, situé sur un promontoire dominant la rivière Clyde, servait de forteresse naturelle et était idéalement situé pour défendre les terres bretonnes contre les incursions anglo-saxonnes au sud. Le nom Alcluith, qui signifie littéralement "la forteresse des Bretons", illustre bien son rôle de centre de résistance et de consolidation du pouvoir breton dans cette région reculée du nord de l'île de Bretagne.
Avant la fondation officielle du royaume de Strathclyde, la région faisait partie d’un territoire plus vaste sous l'autorité des Damnonii, une tribu celtique qui occupait les terres entre les rivières Clyde et Forth. Ces territoires, bien qu'ils aient été en grande partie autonomes, étaient sous une forme ou une autre influencés par l’Empire romain, soit par les relations commerciales, soit par des alliances militaires.
Les Damnonii, qui avaient supplanté les Catuvellauni au IIIe siècle, avaient dû repousser les raids irlandais et signer des accords avec Rome. Ils avaient aussi entretenu une relation de vassalité avec les Romains avant que l'Empire ne se retire de la région. Ce contexte complexe, fait de transitions politiques et de défis militaires, forgea les bases du royaume de Strathclyde, qui naquit au cœur de cette situation de fragmentation, mais aussi d’adaptation.
Le royaume de Strathclyde naquit donc à une époque charnière, au croisement de la chute de l'Empire romain et de l'émergence des royaumes celtiques du nord. Sous l’égide de chefs comme Ceretic Guletic, Strathclyde se constitua comme un bastion breton indépendant, résistant aux avancées des Anglo-Saxons et consolidant son pouvoir autour de la forteresse d'Alcluith. Ce royaume devint une clé de voûte dans la résistance bretonne, en particulier face aux menaces extérieures, tout en jouant un rôle majeur dans la configuration politique et culturelle des îles britanniques de l’époque.
Au VIIe siècle, le royaume de Strathclyde connut un renforcement significatif de son influence, principalement grâce à son alliance avec les Bretons du Rheged. Cette alliance marqua un tournant dans l'histoire du royaume, lui permettant d'étendre son territoire et de renforcer sa position face aux menaces extérieures. Le Rheged, un autre royaume breton situé dans le nord de l'Angleterre, était dirigé par des rois puissants comme Urien Rheged (v. 570 – v. 590). Urien est considéré comme l'une des figures les plus marquantes de cette époque et son rôle dans l'établissement des bases de la future royauté de Strathclyde est indéniable.
Les Bretons du Rheged et de Strathclyde partageaient une origine commune et des liens culturels profonds, ce qui facilita leur union contre des ennemis communs. Grâce à cette alliance, Strathclyde réussit à étendre ses frontières, annexant des territoires clés comme Dumfries, le Galloway picte (Galwyddel), et une partie de la Cumbrie (dont le nom provient du breton Cymri). Ces nouvelles acquisitions renforcèrent considérablement le royaume, lui permettant de dominer une large partie de l’ouest de la Grande-Bretagne.
L'expansion du royaume de Strathclyde ne se fit pas sans résistance. Durant cette période, le royaume dut affronter plusieurs puissances voisines, notamment les Scots du Dál Riada et la Northumbrie anglo-saxonne.
Les Scots du Dál Riada, sous des rois comme Áedán mac Gabráin, représentaient une menace notable, notamment en raison de leur influence croissante dans l’ouest de l’Écosse et dans les territoires voisins. Les relations entre Strathclyde et le Dál Riada étaient marquées par des tensions, mais aussi par des affrontements directs. En 642, Strathclyde infligea une défaite au roi Domnall Brecc du Dál Riada, mais ce succès n’empêcha pas les Scots de représenter une menace persistante pour Strathclyde.
D’un autre côté, la Northumbrie, un puissant royaume anglo-saxon, chercha également à s'étendre et à imposer son autorité sur les territoires de Strathclyde. Les deux royaumes entrèrent en conflit à plusieurs reprises, avec des batailles qui mirent à l’épreuve la stabilité du royaume breton. Cependant, Strathclyde parvint à maintenir son indépendance face à ces deux puissances, en grande partie grâce à sa capacité à forger des alliances et à sa position stratégique dans le paysage politique de l'époque.
Malgré sa résistance aux menaces extérieures, Strathclyde fut également confronté à des luttes internes. Les tensions entre les différents clans et factions bretonnes, combinées à des rivalités dynastiques, fragilisèrent parfois la cohésion du royaume. Cependant, les rois de Strathclyde réussirent à maintenir un équilibre précaire, renforçant leur autorité centrale tout en négociant des alliances avec d'autres royaumes voisins lorsque nécessaire.
Les frontières du royaume de Strathclyde étaient également constamment menacées par les incursions de forces extérieures, en particulier les Anglo-Saxons du sud et les Pictes à l'est. Le contrôle de Dumbarton, la capitale fortifiée du royaume, était crucial pour la défense de Strathclyde, servant de point de résistance face aux invasions. Le royaume utilisa sa position géographique et ses fortifications pour protéger ses terres, tout en entretenant une forte culture militaire et une organisation clanique capable de résister aux attaques répétées.
Au VIIe siècle, le royaume de Strathclyde, fort de son alliance avec les Bretons du Rheged, se renforça considérablement et étendit son influence sur plusieurs régions de l’ouest de la Grande-Bretagne. Cependant, ce renforcement ne se fit pas sans sacrifices. Le royaume dut faire face à des adversaires puissants tels que les Scots et les Anglo-Saxons, tout en gérant des luttes internes pour maintenir son unité. En dépit des défis, Strathclyde réussit à conserver son indépendance pendant plusieurs siècles, devenant ainsi un acteur central de l’histoire celtique du nord de la Bretagne.
Au VIIIe siècle, le royaume de Strathclyde se trouva confronté à une série d'incursions de la part des Pictes et des Northumbriens, qui cherchaient à étendre leur influence dans la région. Le roi des Pictes, Óengus I, mena une campagne contre Strathclyde en 744, mettant la pression sur le royaume breton. À cette époque, les Pictes étaient en pleine expansion, cherchant à renforcer leur domination sur l’Écosse et les régions voisines. Strathclyde, déjà affaibli par des luttes internes, dut défendre son territoire contre cette menace extérieure.
Cependant, en 750, Tewdwr de Strathclyde remporta une victoire décisive contre les Pictes. Lors de cette bataille, Talorcan, le frère d'Óengus, fut tué, ce qui marqua un revers important pour les Pictes. Cette victoire renforça temporairement la position de Strathclyde et affirma la capacité du royaume à repousser les incursions étrangères. Néanmoins, cette période de succès ne fut que de courte durée.
En 756, les Pictes, désormais alliés avec les Northumbriens, lancèrent une nouvelle tentative pour conquérir Strathclyde. Cette alliance entre les Pictes et les Anglo-Saxons de Northumbrie représentait une menace sérieuse pour le royaume breton, qui était déjà en déclin en raison de son isolement et des tensions internes.
Le siège de Dumbarton, la capitale fortifiée de Strathclyde, fut l’un des moments clés de cette période de conflit. En 756, les forces combinées des Pictes et des Northumbriens parvinrent à prendre d'assaut la ville, infligeant une défaite décisive au royaume de Strathclyde. Cet événement marqua la fin de l'indépendance relative de Strathclyde et affaiblit considérablement sa position dans les luttes de pouvoir régionales.
Malgré cette défaite, Strathclyde ne disparut pas complètement. Le royaume parvint à conserver une certaine autonomie, bien qu'il perdit progressivement ses territoires et son influence face à la montée en puissance des Scots du Dál Riada, des Pictes, et des Northumbriens. En effet, la pression exercée par ces royaumes voisins affaiblit Strathclyde, mais le royaume breton demeura un acteur important sur la scène politique de l'époque.
Au fil du temps, les incursions vikings et les luttes internes à Strathclyde accélérèrent son déclin. Les Vikings, qui commencèrent à attaquer la région à partir de la fin du VIIIe siècle, pillèrent les côtes bretonnes, exacerbant les difficultés du royaume. Ces incursions, combinées aux pressions des royaumes voisins, réduisirent progressivement les terres sous contrôle de Strathclyde, qui perdit sa place de force dominante dans le nord de la Grande-Bretagne.
Les incursions des Pictes et des Northumbriens, suivies des attaques vikings, marquèrent une période de grands défis pour le royaume de Strathclyde au VIIIe siècle. Bien que le royaume ait réussi à repousser les Pictes lors de la bataille de 750, les alliances entre les Pictes et les Northumbriens, ainsi que l'attaque de Dumbarton, déstabilisaient profondément le royaume breton. Malgré cela, Strathclyde conserva une certaine indépendance relative et demeura un acteur important dans les conflits politiques de l’époque, avant de progressivement se dissoudre sous la pression des Vikings et des royaumes voisins.
Au IXe siècle, le royaume de Strathclyde subit de lourds revers face aux Vikings. En 870, la capitale Dumbarton fut pillée après un siège de quatre mois par les Vikings. Cette chute marqua le début du déclin de Strathclyde en tant que puissance autonome. La domination viking sur les territoires du royaume se renforça à mesure que les invasions se succédaient.
À la fin du IXe siècle, les Scots, sous le règne de Constantin Ier, commencèrent à annexer les territoires de Strathclyde. Au Xème siècle, Owen Ier de Strathclyde se soumit à l'autorité du roi d'Angleterre Édouard l'Ancien, bien que Strathclyde soit toujours un royaume relativement indépendant. Cependant, après la bataille de Brunanburh en 937, le royaume fut profondément affaibli. Les territoires du sud furent annexés par le royaume d'Angleterre, tandis que le Galloway et la Cumbrie restèrent sous domination écossaise.
Au VIIIe siècle, le royaume de Strathclyde se trouva confronté à une série d'incursions de la part des Pictes et des Northumbriens, qui cherchaient à étendre leur influence dans la région. Le roi des Pictes, Óengus I, mena une campagne contre Strathclyde en 744, mettant la pression sur le royaume breton. À cette époque, les Pictes étaient en pleine expansion, cherchant à renforcer leur domination sur l’Écosse et les régions voisines. Strathclyde, déjà affaibli par des luttes internes, dut défendre son territoire contre cette menace extérieure.
Cependant, en 750, Tewdwr de Strathclyde remporta une victoire décisive contre les Pictes. Lors de cette bataille, Talorcan, le frère d'Óengus, fut tué, ce qui marqua un revers important pour les Pictes. Cette victoire renforça temporairement la position de Strathclyde et affirma la capacité du royaume à repousser les incursions étrangères. Néanmoins, cette période de succès ne fut que de courte durée.
En 756, les Pictes, désormais alliés avec les Northumbriens, lancèrent une nouvelle tentative pour conquérir Strathclyde. Cette alliance entre les Pictes et les Anglo-Saxons de Northumbrie représentait une menace sérieuse pour le royaume breton, qui était déjà en déclin en raison de son isolement et des tensions internes.
Le siège de Dumbarton, la capitale fortifiée de Strathclyde, fut l’un des moments clés de cette période de conflit. En 756, les forces combinées des Pictes et des Northumbriens parvinrent à prendre d'assaut la ville, infligeant une défaite décisive au royaume de Strathclyde. Cet événement marqua la fin de l'indépendance relative de Strathclyde et affaiblit considérablement sa position dans les luttes de pouvoir régionales.
Malgré cette défaite, Strathclyde ne disparut pas complètement. Le royaume parvint à conserver une certaine autonomie, bien qu'il perdit progressivement ses territoires et son influence face à la montée en puissance des Scots du Dál Riada, des Pictes, et des Northumbriens. En effet, la pression exercée par ces royaumes voisins affaiblit Strathclyde, mais le royaume breton demeura un acteur important sur la scène politique de l'époque.
Au fil du temps, les incursions vikings et les luttes internes à Strathclyde accélérèrent son déclin. Les Vikings, qui commencèrent à attaquer la région à partir de la fin du VIIIe siècle, pillèrent les côtes bretonnes, exacerbant les difficultés du royaume. Ces incursions, combinées aux pressions des royaumes voisins, réduisirent progressivement les terres sous contrôle de Strathclyde, qui perdit sa place de force dominante dans le nord de la Grande-Bretagne.
Les incursions des Pictes et des Northumbriens, suivies des attaques vikings, marquèrent une période de grands défis pour le royaume de Strathclyde au VIIIe siècle. Bien que le royaume ait réussi à repousser les Pictes lors de la bataille de 750, les alliances entre les Pictes et les Northumbriens, ainsi que l'attaque de Dumbarton, déstabilisaient profondément le royaume breton. Malgré cela, Strathclyde conserva une certaine indépendance relative et demeura un acteur important dans les conflits politiques de l’époque, avant de progressivement se dissoudre sous la pression des Vikings et des royaumes voisins.
Au début du XIe siècle, le royaume de Strathclyde entra dans une phase de déclin irréversible. Après plusieurs siècles de luttes contre les incursions vikings, les Pressions des Northumbriens et les Pictes, et une influence croissante des Scots, Strathclyde se retrouva de plus en plus affaibli. La domination viking sur la région et les luttes internes au royaume ne firent qu’aggraver la situation, réduisant considérablement ses territoires et son pouvoir politique.
En 1018, après la mort du dernier roi breton de Strathclyde, Owen le Chauve, le royaume fut formellement annexé par Malcolm II, roi d’Écosse. Cette annexion marquait la fin de l’indépendance de Strathclyde, qui, malgré ses tentatives de maintenir son autonomie et de résister à la pression écossaise, fut absorbé par l’Écosse sous l'autorité du roi écossais. Cette absorption scella le destin du royaume breton, dont les frontières et la souveraineté se dissolvaient progressivement dans l’unification du royaume écossais.
Cependant, la dernière résistance à l’unification écossaise se dissipa véritablement sous le règne de Malcolm III Canmore, fils de Duncan I, qui unifia définitivement Strathclyde avec le royaume écossais au XIe siècle. Malcolm III, unificateur de l’Écosse, mit fin aux divisions internes qui persistaient dans le pays, consolidant ainsi son pouvoir et intégrant les derniers territoires de Strathclyde dans le processus d’unification de l’Écosse médiévale.
Cette fusion marqua la fin de Strathclyde en tant qu’entité politique indépendante, mais plusieurs éléments de son héritage demeurèrent présents dans la culture et les structures administratives de l’Écosse médiévale. L’influence bretonne, en particulier dans la région du Galloway et de la Cumbrie, continua de jouer un rôle dans les dynamiques locales, et certaines traditions bretonnes, telles que la langue et les coutumes, persistèrent dans les siècles à venir.
Ainsi, Strathclyde, qui avait dominé une large portion de la région du nord-ouest de la Grande-Bretagne, se dissout en tant qu’entité indépendante au profit de l’Écosse médiévale. L’unification sous Malcolm III Canmore marqua la fin de la souveraineté bretonne sur ces terres, mais l'héritage de Strathclyde, à la fois culturel et territorial, se refléta dans les royaumes écossais suivants. Les traditions bretonnes continuèrent de se faire sentir, notamment dans les régions du Galloway et de la Cumbrie, qui conservèrent une certaine autonomie et identité culturelle avant de s'intégrer pleinement à l'Écosse.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Juin 2011